Quand j’entends tous ces cris d’orfraie à propos de l’incivisme galopant, il me revient en face l’hypocrisie du Burkinabè nouveau dans toute sa laideur. Ce sont les complaintes de pauvres types qui, ayant semé du sorgho, pleurent de ne pas pouvoir récolter du maïs.
L’incivisme a toujours été ancré dans le comportement des Burkinabè, mais il a été attisé, entretenu et utilisé à bon escient pour la cause. Si fait est que, aujourd’hui, l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre est derrière nous, mais ses stigmates sont profondément incrustés dans la société, notamment en termes comportementaux.
Cette insurrection a produit ses héros qui ont été exhibés, exaltés et célébrés comme étant l’incarnation de la vertu et les exemples types du courageux Burkinabè nouveau. Cependant, leurs hauts faits d’armes ne sont pas toujours glorieux, mais on a fait l’impasse sur les dérives et décrété une omerta sur tous les actes délictueux qui ont accompagné l’insurrection.
Quel message voulait-on donner en publiant des photos de jeunes gens tenant tête aux forces de l’ordre ou, au pire, les humiliant, sous prétexte de faire l’apologie de la résistance citoyenne ? La photo de ce loubard prenant position pour affronter les forces de défenses et de sécurité a fait le tour des réseaux sociaux où il a certainement inspiré le voyou qui a renversé un policier en mission de règlementation de la circulation.
Qui a-t-on présenté aux jeunes comme exemple d’héroïsme et de courage ? Un gros nul qui, sur les antennes de la télévision nationale, se tape la poitrine en revendiquant fièrement la paternité de l’incendie de l’une des institutions de référence de la démocratie : l’Assemblée Nationale. Au passage, combien de bannières frappées de l’étoile jaune ont consumé dans cet autodafé de la représentation nationale ?
Quel comportement voulez-vous inculquer aux jeunes quand leurs camarades insurgés se pavanent fièrement avec le butin des pillages et incendies de domiciles privés tels des trophées de guerre ? Nous avons présenté aux jeunes d’aujourd’hui de nouveaux paradigmes de vertus, et nous nous étonnons et nous offusquons de ce qu’ils y aillent à fond. Dans l’aveuglement et certainement dans la soif du pouvoir (pour se venger ?), les uns et les autres ont confondu Blaise Compaoré et les institutions qu’il incarnait.
Ma proposition, c’est que les autorités, sans renier l’opportunité de l’insurrection grâce à laquelle elles sont parvenues à leurs fins, regrettent courageusement les travers de cette insurrection que sont notamment les incendies et le pillage des domiciles privés et des institutions républicaines, ainsi que la défiance de nos forces de défense et de sécurité. Ces dernières, les 30 et 31 octobre, étaient dans leur mission régalienne de maintien de l’ordre. Ainsi, on fera comprendre aux jeunes que piller ou bruler n’a jamais été un acte de bravoure.
SAWADOGO Wemba
Un aigri qui veut du bien à son pays
NDLR : Ce texte est une tribune d’un lecteur de infowakat.net. Il ne saurait en aucun cas refléter le point de vue, ni ne saurait engager la responsabilité de notre organe.
