Le futur échangeur du Nord est pressenti pour être le plus grand du Burkina. A peine quelques mois que les travaux de constructions ont été lancés et déjà, ils occasionnent des désagréments aux usagers qui doivent emprunter des voie de déviations de plusieurs kilomètres. Autour de ce chantier, une activité s’est développée. Des « passeurs » ont vu le jour.
Se déplacer dans la partie nord de la ville de Ouagadougou n’est pas vraiment aisé depuis le lancement des travaux de construction de l’échangeur du Nord. Depuis plusieurs mois, les entreprises de construction s’attèlent à être dans les délais. Afin de sécuriser le chantier et de permettre à ses travailleurs de travailler sereinement, l’accès au site a été interdit au public. En vue de les soulager les usagers, des voies de déviation leur sont indiqué à l’approche du site.
Si les indications des voies de rechange semblent convenir à certains qui n’hésitent pas à les emprunter, d’autres par contre préfèrent les ignorer. Et les arguments ne manquent pas. Qui pour aller plus vite, qui pour accéder à des locaux situés à l’intérieur du chantier, des cycliste, des motocyclistes et des automobilistes s’aventurent au milieu des travaux, en se faufilant entre les gros engins de travaux publics. Cet « entêtement» des usagers a favorisé le développement d’un type d’emploi. Une troisième catégorie d’acteurs qui se réjouit de cette situation.
« C’est à cause du manque de travail »
Il est 11h ce samedi 8 octobre 2016, lorsque nous arrivons à hauteur des rails qui passent juste derrière la grande clôture en métal érigé par les entreprises en charge de la construction de l’échangeur. A peine arrivé qu’un jeune homme d’une vingtaine d’année se propose de nous aider à traverser. Bientôt rejoint par deux de ses camarades, l’engin est vite ôté du sol pour être porter vers l’autre côté des rails. A ce passage, le chemin ne laisse pas d’autre choix aux usagers. Difficile de passer sans se faire aider.
Après les présentations, le jeune homme accepte de se prêter à nos questions. Il s’appelle Ismaèl Sankara. Il justifie l’activité qu’il mène, « Certains éprouvent des difficultés pour traverser ce passage. Nous sommes ici pour les aider ». Comme lui, c’est une quinzaine de jeunes qui s’occupent de cette manière. Ils viennent généralement des quartiers voisins du site. Ismaèl explique ne pas vraiment avoir le choix ; « c’est à cause du manque de travail que nous sommes ici ». Cependant, toutes les personnes qui s’adonnent à cette activité ne sont pas des sans-emplois. Ousmane Ouédraogo, lui, est conducteur de véhicules. Il vient travailler au niveau des rails à ses temps libres.
Des usagers apprécient
Pour s’être fait aider, les usagers remettent quelques pièces à leurs « bienfaiteurs ». Ousmane Ouédraogo explique qu’il n’y a pas de somme fixe. Ils font simplement appel à la générosité de ceux qu’ils aident. En réalité, les conducteurs de motocyclette déboursent entre 100F et 500F par engin franchi.
Les usagers que nous avons rencontrés semblent apprécier cette activité. C’est le cas de Rachid Kaboré. Pour lui, la faute est aux déviations qui allongent exagérément les trajets. Il dit économiser du temps en louant leur service aux « passeurs », d’autant plus qu’ils ne se font pas payer chers. C’est également l’avis de Julie Kiéma pour qui, l’activité des jeunes gens est utile.
Nouroudine Lenoble LOUGUE
infowakat.net
