Pendant que l’affaire des écoutes téléphoniques entre le président de l’Assemblée Nationale Ivoirienne Guillaume Soro et le général de la gendarmerie burkinabè Djibril Bassolé fait toujours couler beaucoup d’encre et de salive, voici une autre affaire d’écoutes téléphoniques sur le même sujet.
Selon le site d’information de Radio France Internationale, qui dit disposé de certaines écoutes téléphoniques réalisées par les services de sécurité du Burkina Faso durant la période du coup d’Etat de septembre 2015, le général Gilbert Diendéré a reçu plusieurs témoignages de soutien, des encouragements et des conseils de la part de ses connaissances et amis en Afrique mais aussi en France.
Toujours selon le site, Le général Soumaïla Bakayoko, le chef d’état-major de l’armée ivoirienne, fait partie de ceux qui l’ont eu au téléphone durant les dernières heures de la tentative de putsch.
RFI poursuit que c’est dans cette période cruciale que le général reçoit et passe de nombreux appels téléphoniques enregistrés par les services de sécurité.
Parmi ces appels, il y a cet homme qui téléphone depuis la France. Il dit s’appeler Roger Sebag, et connait visiblement très bien les coulisses de la politique burkinabè. « A mon sens, il faudrait réaliser cette opération, en urgence, de neutralisation de plusieurs membres de ce gouvernement transitoire… Il faut par contre ensuite faire une déclaration et appeler Djibril Bassolé à prendre le pouvoir en établissant un Conseil national de salut public, auquel participeraient des militaires et des civils. C’est à mon sens la seule solution parce qu’on va arriver autrement à une situation intenable. Vous et vos hommes serez de toute façon, d’une manière ou d’une autre, en danger».
Le général Soumaïla Bakayoko
Le général Soumaïla Bakayoko, actuel chef d’état-major de l’armée ivoirienne, ferait partie des proches du général Diendéré qui l’ont soutenu.
Selon RFI, ce dernier conseillle à Diendéré de provoquer un clash pour renverser le rapport de force afin d’être en mesure de sortir de l’impasse dans laquelle il se trouve.
« Parce que si tu ne fais pas ça et que tu restes coincé comme ça… Tôt ou tard, l’issue va se resserrer, se resserrer, se resserrer et tu n’auras plus aucune marge de manœuvre. Et là, d’abord, ils vont tout mettre sur toi. Ça il faut le savoir. Politiquement ils vont te dire "tu es le plus gradé, tu es un général ». Ils vont estimer que c’est toi qui as mis les gens dans cette situation-là. Et si tu ne fais pas attention, tes propres petits vont se retourner contre toi. Et après c’est vous et vos familles qui vont payer. »
Il poursuit : « Donc s’il y a des garçons là-bas, vraiment c’est des choses qui… parce que dans ce cas, je dis, il n’y a pas deux solutions. Tu comprends ? Si tu laisses faire calmement pour te dire, "bon, Dieu le veut", une fois que tu arrives chez eux là-bas, c’est pour finir avec toi, ça c’est clair ! Je suis au regret de le dire… Si ce n’est pas eux, ce sont tes propres petits qui vont se dire, "bon ben vraiment pourquoi ils t’ont suivi jusqu’à présent". Conclusion, tu es condamné à mener l’action. Donc monte un truc bien. Quoi que ce soit, je ne sais pas. Mais dès que les gens disent "non c’est très simple, c’est parce que ce garçon peut plus déposer (les armes NDLR). C’est que les garçons n’ont qu’à venir nous prendre ici et puis on n’en parle plus". Nous on dit, "tout ça, on ne peut concevoir ça", et là, le grand chef là, Mogho Naba, va appeler les gens, ainsi de suite… »
Des soutiens à Fatou Diendéré
Fatou Diendéré, l’épouse du Général aurait également reçu un appel d’encouragement. Il s’agirait de celui attribué au lieutenant-colonel ivoirien Zacharia Koné. Ancien commandant de zone du temps de la rébellion, connaît bien le couple Diendéré. Au cours de la conversation, Fatou Diendéré appelle son ami « mon fils » et celui-ci l’appelle « la vieille ».
« Ne vous en faites pas, ici vous avez beaucoup de soutiens la vieille, beaucoup de soutiens ! Même si c’est un affrontement, vous avez beaucoup de soutiens. Que ce soit en hommes, que ce soit d’autres… On ne peut pas tout dire. Mais c’était ma première fois de voir le général Bakayoko couler une larme».
Les premières écoutes téléphoniques entre Soro et Bassolé broullaient déjà les relations entre le Burkina et la Cote d’Ivoire. Ces nouveaux rebondissements dans cette affaire risquent de compliquer d’avantage la situation.
Infofaso.net