Dans une Afrique dont les frontières ont été parfois artificiellement dessinées et érigées, il n’est pas rare de retrouver d’un point à l’autre du continent, des pratiques sociales et culturelles que les populations continuent de perpétuer. Ainsi en est-il du port par les jeunes filles et les femmes, des perles autour des hanches.
Communément appelées « bayas » dans certains pays, on lui voue (cet artifice de beauté) un véritable culte et on loue même ses supposés vertus en termes de façonnement d’une féminité à l’africaine. Il permettrait ainsi d’offrir à celle qui le porte, un supplément de grâce. Mais aussi et surtout ces perles auraient pour autre atout, de stimuler chez l’homme, un désir profond au moment de passer à l’acte sexuel.
A tel point qu’une véritable ingénierie du baya s’est mise en place dans toute l’Afrique de l’ouest. Offrant aux candidates/clientes, des conseils, des techniques, des astuces, et surtout différents modèles de ces « bijoux de hanches» comme on les appelle dans le milieu.
A chacune selon ses goûts
Colorés, en « gros grains » ou « petits grains », « simples » ou travaillés à l’encens, on en trouve qui sont confectionnés en or plaqué, foi de connaisseuses. Une manière élégante sans doute de prouver à l’homme, objet de ses désirs et de toutes les attentions d’une nuit, à quel point il est précieux.
On l’aura tout de même compris, dans cette affaire d’économie et de business du désir, l’investissement (financier) est fonction de l’effet recherché. Et il y en a pour toutes les bourses.
D’une région à une autre du Burkina
Si ailleurs (au Mali et au Sénégal pour ne citer que ces deux pays) acheter et porter les bayas est entré dans les mœurs, au Burkina Faso par contre, la pratique reste encore (très) timide et demeure dans la majeur partie des cas, sous le sceau du secret.
Dans plusieurs contrées du pays, son port est souvent assimilé à une absence totale de pudeur, quand il ne donne pas de la femme, selon ses détracteurs, une image de légèreté, pour ne pas en dire plus. Toute chose qui oblige les principales concernées à s’en détourner : « quand tu marches ça fait beaucoup de bruits, ça dérange et les gens te regardent mal » confie l’une d’entre elles.
Comme on peut aisément le constater, c’est surtout dans la partie ouest du Burkina, frontalière avec le Mali, que cette culture du port des perles est la plus en vogue. Parviendra-t-elle néanmoins à s’imposer un jour à une plus grande échelle ? Rien n’est moins sûr.
Jules SIMON
Infowaka.net