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Baisse de niveau des élèves : « L’Etat a fait de l’éducation son commerce », Sambéyaba SOMTORE

La baisse du niveau dans le système éducatif est remarquable au Burkina Faso au point que l’on a constaté ces dernières années, des rendements déplorables dans certains établissements du pays. Nous sommes allés vers certains acteurs de la chaine éducative pour essayer de comprendre cette situation.

Sambéyaba SOMTORE Conseiller principal d’Education au Collège de Goèma

Sambéyaba SOMTORE est Conseiller principal d’Education au Collège de Goèma, dans la commune de Pissila. Educateur il y a une dizaine d’année, notre interlocuteur impute cette faute à tous les acteurs actifs de la chaîne de l’éducation.

Pour lui, la famille est le premier responsable parce que, « l’éducation en premier lieu se fait au sein de la cellule familiale », a-t-il dit. De son avis, l’école ne pourra pas redresser un enfant qui a « raté l’éducation à la base ». Les parents doivent cependant jouer un rôle important dans l’éducation de leurs enfants. « Ils (parents) nous disent souvent qu’ils veulent scolariser leurs enfants pour se décharger de leurs caprices », a-t-il confié en estimant de ce fait que le souci premier de certains parents d’élève, « ce n’est pas l’éducation »« L’école ne peut pas pleinement éduquer un enfant. C’est un complément. L’éducation découle d’une certaine complémentarité », explique-t-il.

Les acteurs de l’éducation tels que les enseignants, les associations des parents d’élève y sont aussi pour quelque chose. Pour Sambéyaba SOMTORE, les éducateurs ont souvent des mauvais comportements. « Imaginez-vous un enseignant qui vient dispenser des cours avec un accoutrement qui laisse entrevoir ses sous-vêtements. L’enfant qui est le reflet de son enseignant, va copier ce que fait son enseignant. En plus de ça, il y a les connaissances que l’enseignant va transmettre à ses élèves. Il y a des enseignants qui ne ressourcent pas et qui n’ont pas des idées novatrices ».

Pour ce qui est des associations de parents d’élèves (APE), le Conseiller principal d’éducation pense que cette structure ne joue pas pleinement son rôle. « Les Associations des mères éducatives ne jouent pas pleinement leurs rôles si bien que les enfants sont de plus en plus indisciplinés », a-t-il martelé.

« L’Etat est démissionnaire dans le département de l’éducation »

Sambéyaba SOMTORE pointe aussi un doigt accusateur à l’Etat. Pour lui, « l’Etat est démissionnaire dans le département de l’éducation ». L’enseignement, selon lui, est le « parent pauvre du système ». A l’entendre, l’Etat ne prend pas au sérieux la question de l’éducation de par son « laxisme relatif au recrutement des enseignants».

Un enfant éduqué sous paillote et un autre éduqué dans de meilleures conditions ne peuvent pas avoir la même vision. « L’enfant qui est éduqué dans les meilleures conditions a des ambitions alors que celui qui est éduqué sous paillote n’a aucune ambition », pense-t-il. Dans ce sens, a-t-il estimé que l’Etat ne veut pas une éducation de qualité mais plutôt celle de masse. Et selon ses explications, 80% des établissements sont privés alors que 20% seulement reviennent au public. « L’Etat a fait de l’éducation son commerce », a-t-il déploré.

Mais, outre toutes ces remarques faites, il convient de faire cas de la question continuum. Ce fait, semble-t-il, favorise la baisse du niveau parce que certains élèves sont amenés à passer en classe supérieure sans pour autant avoir la moyenne requise. « C’est vraiment l’échec programmé », s’est-il indigné. Autre cause, souligne Barthélémy Kinda, instituteur dans la région du plateau central, c’est le fait qu’ « il est interdit de recadrer l’enfant quel que soit son erreur ». Et pour Sambéyaba SOMTORE, d’ajouter qu’ « il faut souvent taper l’enfant pour le corriger ». Sans avoir une langue de bois, un autre enseignant a laissé entendre qu’en tant que directeur d’école il intimera à ses collègues de « recaler les élèves qui ont une très faible moyenne » afin de sauver l’honneur de l’enseignant.

La lecture de Ousmane SAWADOGO, parent d’élève

Ousmane SAWADOGO, parent d’élève

« Quand on parle de l’éducation, la faute est partagée. Mais il incombe premièrement aux parents d’assumer leurs responsabilités vis-à-vis de l’enfant. Le père doit montrer à l’enfant qu’il est réellement son père et que par conséquent ce dernier lui doit du respect. L’enfant doit pour sa part écouter les conseils que lui prodigue son père. L’administration de son côté doit appuyer le père. (…) Les droits qu’on donne aux enfants son bien mais graves. A cause de ces droits, l’enfant manque souvent du respect aux adultes. Si on continu de parler des droits de l’enfant vous verrez que les enfants ne vont plus respecter les parents. (…) Pour la baisse de l’éducation il faut reconnaitre que l’enfant ne veut plus étudier. Il préfère les maquis et les boites de nuit à ses études. Les enfants de maintenant aiment la facilité. Quand on parle de baisse de niveau d’éducation il faut reconnaitre que la faute revient aux enfants et aux parents qui ne les sanctionnent pas. Il faudra restreindre la liberté qu’on donne aux enfants ».

Armand Kinda

Infowakat.net

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