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Burkina : « ces assises sont des assises prescriptives alors que nous avons besoin des refondations », dixit Dr Guy Yogo

À deux jours avant la tenue des assises nationales, le CGD a organisé un dialogue démocratique à Ouagadougou. Lors de ce panel, le Dr Guy Yogo, a accordé une communication sur le thème : « Organes de transition et efficacité institutionnelle ». Il estime qu’il faut un nouveau pacte républicain au Burkina pour résoudre les différents problèmes. Nous vous proposons les grandes lignes.

Quelle la quintessence de votre communication ?

Dr Guy Yogo : La quintessence de notre communication c’est véritablement apporter des réflexions sur les problématiques qui peuvent aider notre à sortir de l’impasse politico-sécuritaire. Nous venons donc de vivre à moins de huit mois déjà deux transitions et il est important que ces assises, qui doivent se tenir, puissent prendre en compte les déterminants et les facteurs essentiels répondant aux aspirations de notre peuple pour que nous puissions faire face au défi majeur qui se présentent à nous.

Donc nous avons tenu à apporter une notion fondamentale notamment la souveraineté du peuple qui est le creuset de construire toute légitimité. Mais également, la prise en compte d’un certain nombre de facteur que l’histoire de transition en Afrique et au Burkina ont montré qu’elles n’ont jamais été prises en compte. Cela crée des soubassements de déstabilisation et particulièrement dans un contexte aggravé par la crise terroriste et la détresse humanitaire de notre population. Les problématiques essentielles aujourd’hui c’est que notre peuple a une forte demande sociale, d’un nouveau contrat social.

Ce contrat social devrait être le pacte entre l’ensemble des forces sociales et politiques pour asseoir une forte gouvernance qui adresse les problématiques des droits fondamentaux, sociaux-économiques de notre population notamment la pauvreté aggravée et l’iniquité d’accès aux services sociaux de base.

Ensuite, il y a l’élément important d’un nouveau pacte républicain. Un pacte républicain réorganise nos espaces institutionnels et capitalise sur l’élan patriotique de notre peuple. Parce que notre peuple est sorti les 1 et 2 octobre passivement pour éviter un bain de sang, un affrontement fratricide entre nos forces armées. Il faut donc capitaliser sur cela pour créer un pacte républicain dans lequel la mobilisation populaire reste une mobilisation forte et patriotique pour résoudre la guerre.

Donc chaque citoyen devant se sentir soldat au service de la république et un soldat pour mettre fin à la détresse humanitaire et cela est important pour récréer la cohésion sociale forte et patriotique à travers la réorganisation de nouveaux espaces institutionnels entre l’ensemble des composantes de notre société.

L’autre élément qui est le plus important c’est l’avènement d’un gouvernement de guerre que j’appelle un gouvernement de sécurité humaine. Aucun pays n’est vivable quand plus de 2 millions de ses citoyens sont sans abris, déracinés de leur sol. Aucun pays n’est vivable quand plus de 4 millions de citoyens sont menacés par l’insécurité alimentaire et d’autres millions coupés de toute possibilité d’approvisionnement. Donc il nous faut un gouvernement totalement orienté vers la sécurité humaine, la reconstruction humaine.

C’est en ce sens que nous ne voyons pas une utilité d’Assemblée Législative qui ne résoudrait pas la question fondamentale. Il convient de redonner confiance à notre peuple, à la gouvernance politique et à la politique avec un contrat moral des gouvernants vis-à-vis des gouvernés de notre peuple. Le minimum doit être sacralisé dans une charte qui consacre le besoin pour tous. Voilà pourquoi il est important que les forces vives puissent, avec esprit engagé de service à la Patrie, poser les jalons d’une stabilité et d’un épanouissement pour nos populations.

Revenant aux assises nationales, sous quel œil les voyez-vous ?

G.Y : Il faut que ces assises soient l’opportunité d’un réarmement citoyen et de patriotique de l’ensemble de notre peuple. Ceux qui sont invités ou celles qui sont invitées sont des composantes de notre société. Mais, il est regrettable que ces assises n’ont pas été l’aboutissement d’un dialogue démocratique et populaire fort pour qu’on écoute notre peuple. Ces assises seront des assises prescriptives alors que nous avons besoin des refondations. Ce type de dialogue que nous venons d’avoir aujourd’hui inspire qu’il est encore possible, après les assises de vendredi, d’avoir notre peuple dans une communion de refondation pour enfin traduire ces aspirations en cadre institutionnel de gouvernance et de renforcement de la démocratie.

Propos recueillis par
Youssouf KABDAOGO
Infowakat.net

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