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Burkina Faso : 950 000 personnes en crise alimentaire mais le gouvernement ne mesure pas la gravité

« 2018 sera une année difficile pour la population au Burkina Faso, qui est confrontée aux conséquences de la violence et des catastrophes naturelles, et en particulier à l’insécurité alimentaire et la malnutrition. » C’est en ces termes de l’Organisation des Nations Unies (ONU) présente la situation actuelle que vit le Burkina Faso dans un plan appelé « Plan d’Urgence et de Résilience 2018 ». Il est un secret pour personne que le Burkina Faso traverse une situation difficile dû aux caprices de la nature mais aussi à l’insécurité de plus en plus grandissantes dans plusieurs régions frontalières du pays.

Les Nations Unies estiment que plus 23 000 burkinabè se sont déplacées dans la région du Sahel et du Nord pour fuir l’insécurité et plus de 50% de ces personnes sont des enfants. Les évaluations de la sécurité alimentaire que le comité de prévision de la sécurité alimentaire (CPSA) a adoptées au mois de mars 2018, nous informent que plus de 730 000 personnes sont actuellement en crise alimentaire, c’est-à-dire que ces personnes dépendent entièrement de l’assistance d’urgence sinon il faut craindre le pire pour elles. Ces mêmes évaluations prévoient que si rien n’est fait maintenant, c’est plus de 950 000 personnes qui seront en crise entre juin et août 2018.

Visiblement cette situation semble plus préoccuper les partenaires techniques et financiers que le gouvernement lui-même. En effet, le Premier Ministre a soutenu lors son discours sur la situation de la nation que les dispositions sont entrain d’être prise pour assister les populations dans le besoin. Il a notamment évoqué l’élaboration d’un plan de soutien aux populations vulnérables et la mobilisation du Stock National de Sécurité (un stock de céréales qui est conjointement géré par le gouvernement et les partenaires techniques et financiers), et de la multiplication des boutiques témoins de vente de céréales à prix sociaux.

Si l’élaboration du plan est effective et attend d’être présenté en conseil des ministres après sa deuxième révision, il faut cependant prendre avec des pincettes la mobilisation du stock de sécurité alimentaire et l’efficacité des points de vente à prix sociaux. Notre confrère du Courrier Confidentiel dans quatre (04) numéros qui ont parus respectivement le 25 avril 2017, le 10 juillet 2017, le 10 août 2017 et le 25 mars 2018, évoquait des problèmes dans la reconstitution du stock de sécurité alimentaire. Eh bien ! il faut le dire le problème n’a toujours pas trouvé de solutions et pire les partenaires techniques et financiers ont suspendu leur participation à tous les cadres de concertation tant que les problèmes ne seront pas réglés. Alors, on se pose la question de savoir de quel stock de sécurité alimentaire le Premier Ministre parlais ? Quant aux points de ventes à prix sociaux, il n’est pas difficile de comprendre que des personnes qui sont en crise ne disposent pas forcement des prix sociaux dont Paul Kaba Thiéba parle pour acquérir les vivres mis à leur disposition. En outre, avec l’éloignement de certains points de vente des villages, on se demande comment ces personnes vulnérables pourront se déplacer pour rejoindre ces lieux de vente et avec quel argent, ils vont acheter et faire transporter ces vivres ?

Que faire pour sauver des vies ?

Il n’y a de mal à faire appel solennellement à la solidarité internationale, car cette crise de sécurité alimentaire vient à un moment où le gouvernement fait face à plusieurs défis budgétaires, dont la mise en place de moyens adéquats pour les forces de défense et sécurité, l’investissement structurel, les demandes sociales tout azimut. Des pays comme le Niger ou la Mauritanie l’ont fait pour le bonheur de leurs populations.

Le plan de soutien aux populations vulnérables va coûter un plus de 82 milliards de francs CFA. Ce coût exorbitant est dû au fait que ce plan contiendrait des activités superflues dont le seul objectif serait d’engranger des points sur le plan politique. D’ailleurs les partenaires, auraient déjà prévenu qu’ils ne financeraient pas de telles activités. Il est donc nécessaire de mieux prioriser les interventions qui permettent aux populations d’avoir accès à une assistance alimentaire en toute dignité. Et enfin, le rôle de coordination des interventions doit être pleinement assumé par le gouvernement à travers ses services techniques.

Cette situation de crise alimentaire et nutritionnelle qui préoccupe toute la sous-région doit être abordée avec plus de sérieux, car il y va de la survie d’une partie de burkinabè.

Daouda BARRO

Infowakat.net

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