Le Syndicat national des Travailleurs de l’Agriculture (SYNATRAG) au cours d’une conférence de presse tenue ce vendredi 20 avril 2018 a relevé les différentes difficultés que couvait leur ministère de tutelle, lesquelles difficultés ne sont pas en reste dans la cause du marasme agricole que traverse le pays ces dernières années. Si rien n’est fait pour lever ces difficultés, les travailleurs de l’agriculture passeront à la vitesse supérieure pour se faire entendre.
La politique agricole au Burkina Faso, la gouvernance au sein du ministère de l’agriculture et des aménagements Hydrauliques, les conditions de vie et de travail du personnel dudit ministère et l’état du dialogue social entre les autorités du ministère et les partenaires sociaux notamment le SYNATRAG, ce sont là les différents points autours desquels les conférenciers se sont entretenus avec les hommes de médias.
Le syndicat s’indigne du fait que plus de cinquante ans après les indépendances de notre pays, le secteur de l’agriculture se retrouve dans « l’incapacité totale » à satisfaire les besoins alimentaires de la population alors que « 87% de la population active travaille dans ce secteur qui contribue à près de 36% au produit intérieur brut ». Pour les conférenciers, cette situation est la conséquence directe du « pilotage à vue du sous-secteur de l’agriculture dont la dégradation s’est accentuée avec l’adoption du Programme d’Ajustement du Secteur Agricole (PASA) ».
Aussi, le SYNATRAG pense que la politique agricole du Burkina Faso souffre d’un « manque de vision prospective du sous-secteur de l’agriculture et de tâtonnement au plus haut sommet du ministère ». Les conférenciers ont aussi fait mention d’ « une mauvaise définition et de l’incapacité de certains projets et programmes agricoles aux réalités et enjeux du milieu », mais aussi de la « mal gouvernance dans la gestion des projets et le manque d’une véritable coordination de ces projets et programmes intervenant dans le domaine agricole ». « Ces différents maux ont fortement contribué à placer le monde paysan dans la précarité totale », a déploré Der Richard André SOME, Secrétaire général (SG) du SYNATRAG.
Sur la question de la gouvernance au sein du ministère de l’agriculture, les conférenciers ont estimé que les autorités dudit ministère « manquent de gouvernance vertueuse ». « La gestion de la ressource humaine est devenue l’exploitation presque inhumaine d’une majorité du personnel », a dit M. SOME, déplorant le fait que, pendant que la grande partie des activités (98%) est menée sur le terrain, 90 à 95% du budget alloué pour la réalisation de ces activités est détenu au niveau central. Il ressort aussi que les services centraux s’approprient des activités des services déconcentrés.
« Au ministère de l’agriculture on peut trouver dans certains postes techniques et stratégiques, des personnes n’ayant pas les qualifications suffisamment prouvées », a révélé le SG du syndicat qui s’indigne aussi « des nombreuses sorties aux longs cortèges budgétivores des autorités, les recrutements népotistes, les missions de consommation du budget, la priorisation des objectifs personnels au détriment des objectifs du ministère ».
Sur les conditions de travail du personnel du ministère, c’est à la limite une « surexploitation ignoble et méprisable » des travailleurs, selon le SG. En effet, sur plus de 2053 agents enregistrés en 2017 sur le terrain, 1158 soit 56,4% n’ont pas d’engins de service pour faciliter la tâche aux agents. 80% des 895 engins sont défectueuses alors que plusieurs agents ont la charge de l’encadrement des producteurs d’au moins 6 villages. Pendant que les premiers responsables du ministère font croire aux agents que les moyens sont insuffisants, il est ressorti qu’entre 2007 et 2017, soit dix ans d’affilé, ce ministère n’a jamais pu absorber la totalité de son budget, et reverse annuellement, semble-t-il, en moyenne « 69 milliards au trésor public ».
Le SYNATRAG qui dit avoir privilégié la voie du dialogue n’entend plus garder son silence face à l’ « exploitation » dont sont victimes les travailleurs du ministère de l’Agriculture. En conséquence, le SYNATRAG incombe toute responsabilité aux autorités du ministère quant à la montée d’une tension au sein du ministère. Les conférenciers interpellent leur Ministre Jacob Ouédraogo sur le fait que « l’agriculture se passe sur le terrain et non dans les bureaux ovales et climatisés ». Ils souhaitent aussi qu’une politique agricole réaliste et cohérente soit définie et financées sur fond propre afin de mettre fin à la misère des paysans.
Armand Kinda
Infowakat.net
3 commentaires
Merci informé wakat pour la fidélité de ce conférence
Merci bien à infowakat pour la clarté et l’analyse. Félicitations au SYNATRAG.
C’est dommage que c’est maintenant que chacun se leve pour crier sur les toits les réalités .Ou etiez vous depuis tout ce temps .Pardon demander vos avantages au lieu d’utiliser des exposer que vous meme n’etes pas prets à vous sacrifier.