Après l’enlevement de deux des leurs nuitamment, les personnes déplacées internes (PDI) de Yirgou un village de Barsalogho dans la région du Centre-Nord, la peur au ventre, ont trouvé refuge en Août 2021 à Kaya échappant à la mort. Nous sommes allés à la rencontre de ces ressortissants du camp de Barsalogho, à une cinquantaine de kilomètre de Kaya qui, désormais font leur quartier général au secteur six de Kaya.
Depuis janvier 2016, les attaques terroristes enregistrées par le Burkina Faso, ont massivement entrainé des déplacements internes des populations. Le conflit communautaire de Yirgou et les attaques multiples ont obligé une partie de population à effectuer le déplacement sur le site de Barsalogho. Là, inquiétées par l’enlèvement de deux éléments de leur communauté, une situation qui les laisse craintive, ces PDI ont fini par se retrouver à Kaya. La taille de ménage ayant quitté cette zone, rien qu’au mois d’Août 2021, pour Kaya se lève à 1 544 selon le point focal chargé de recensement sur place, Amidou Boly.
« Notons que depuis le 4 jusqu’au 20 Août 2021, les déplacés du site de Barsalogho ont fui leur site à cause de l’insécurité. Ils ont quitté parce qu’il n’y avait pas de sécurité et de sérénité. Après l’autorisation des autorités de Barsalogho, ils sont venus à Kaya », a expliqué M. Boly.
Arrivées à l’improviste à Kaya, les PDI sont vites convergées vers un site dénommé Bagrin au secteur 6, quartier périphérique de la ville. Des magasins du marché de bétail transformés en maison d’habitation par concours de circonstance pour elles. Visiblement, le site regorge de femmes, des vieux, des vielles, des orphelins et des veuves.
Abdoul Rasmané Diallo, ancien travailleur au poste du centre de santé du camp de leur communauté à Barsalogho relate la genèse de leur placement. « Des individus sont venus enlevés nos deux représentants la nuit et on ne sait pas qui sont venus les enlever. Deuxièmement, on voyait les femmes courir de partout sur place. Elles disent avoir vu des hommes qui viennent avec des armes. Tout le monde a fui et on a dormi dehors. Le matin on a ramassé nos bagages pour partir. C’est à cause de cette peur que nous sommes venus à Kaya. Nous sommes au nombre de 1544 ménages qui ont quitté Barsalogho pour Kaya », a-t-il relaté.
Aussi, ce déplacement, sous le choc, a laissé des séquelles dans les esprits de certaines personnes. « Ces personnes qui sont ici sont affectées psychologiquement, dans leur mentalité. On a noté deux morts avec deux fausses couches. Il y a une qui a subi une intervention chirurgicale mais l’enfant n’a pas survécu. Mais la dame est là et souffre pour le moment », nous informe Amidou Boly.
Côté santé, c’est Médecin Sans Frontières qui se débouille tant bien que mal pour assurer la couverture sanitaire des enfants malades. Or, cette base sanitaire se trouve assez loin du site de Bagrin. « Il y a un manque de moyen de transport, même si un malade tombe, c’est compliqué de regagner cette base sauf à vélo pour y aller », a ajouté le point focal dénombrant 52 malades.
Ces personnes déplacées ont besoin d’un soutien psychosocial car il permet de soulager ceux qui ont des détresses psychologiques et donne la parole aux personnes qui ont besoin d’exprimer librement leurs récits. Et le besoin est permanent car avec les attaques, de nouveaux déplacés arrivent de jour en jour.
Si ces PDI ont bénéficié des kits d’hygiène et vivres des bonnes volontés à leur arrivée, elles demandent un minimum de sécurité à leur site d’accueil. Leur souhait est que le gouvernement vienne leur apporter une assistance urgente. « Il faut que les autorités viennent constater le site et apporter ce qu’ils peuvent apporter. Il faut trouver un coin sécurisé pour nous personnes » renchérit Abdoul Rasmané Diallo.
Il nous apprend que dans la nuit du 31 Août 2021, « les VDP de Barsalogho sont venus ‘’attraper’’ une personne » sur leur site à Kaya. « Si nous sommes en insécurité ici aussi et qu’on ne peut pas assurer notre sécurité chacun va se chercher », a-t-il désespérément lâché.
Youssouf KABDAOGO
Infowakat.net