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COMBATTRE LES OBSTACLES QUI ENTRAVENT L’EDUCATION DES FILLES: La nécessité d’une caravane de sensibilisation au Sahel

Promouvoir l’éducation des filles et, par-delà, leur épanouissement social, c’est le cheval de bataille de la Direction de l’Education des filles et de la Promotion du genre du Ministère des Enseignements Secondaire et Supérieur (MESS). C’est ainsi qu’une campagne de communication pour le changement de comportement a été initiée pour lutter contre les mariages précoces et les grossesses non désirées. Pour ce faire, la caravane a sillonné 04 provinces du Sahel du 29 juin au 03 juillet 2015.
 
« Les mariages précoces et les grossesses précoces et non désirées chez les jeunes dans la région du sahel ». C’est ce thème qui a valu l’organisation d’une caravane de sensibilisation du 29 juin au 03 juillet 2015 dans 04 provinces du Sahel. Il s’agit notamment des provinces du Soum, de l’Oudalan, du Yagha et du Séno. En rappel, c’est une initiative de la Direction de l’Education des filles et de la Promotion du Genre (DEFPG) du Ministère des Enseignements Secondaire et Supérieur (MESS), appuyée par l’UNICEF et le gouvernement canadien.
 
Au menu, des entretiens avec les leaders d’opinion (monde associatif, religieux et coutumier) et les autorités des différentes localités. Il convient également de mentionner les animations grand public via des prestations artistiques, des projections de films et des jeux concours pendant les soirées. Ainsi, Djibo a été la première ville à recevoir la visite des caravaniers le 29 juin dernier. Dès le premier jour, nous nous rendons compte de l’ampleur du phénomène de mariages précoces et grossesses non désirées à travers les statistiques de TOE Désiré, Directeur Provincial de l’Action Sociale et de la Solidarité Nationale (DPASSN). Selon ce dernier, « 25 cas de grossesses précoces ont été enregistrés de 2013 au 2e trimestre 2015. Dans la même période on relève 85 cas de mariages précoces des jeunes filles ».
 
Le lendemain 30 juillet, le cap est mis sur la province de l’Oudalan. A Gorom-Gorom, la direction provinciale de l’action sociale estime que le phénomène est dû à la méconnaissance de la santé sexuelle et de la reproduction, au manque d’éducation, aux facteurs culturels et parfois économiques. On y dénombre 20 cas de mariages précoces courant 2014 à 2015, dont 19 ont été résolus. A en croire Tarnadia NATAMA de la DPASSN, la racine du phénomène de mariage précoce est économique car « la précarité des parents les pousse à éviter de payer les frais de scolarité des filles. Ils préfèrent échanger la femme contre une dote plus conséquente (grosse somme d’argent ou des animaux) ».
 
L’avant-dernière étape de la randonnée communicationnelle pour le changement social de comportement a concerné la province du Yagha le 1er juillet. A Sebba, la situation est non moins alarmante que les deux précédentes villes visitées. En effet, 17 cas de grossesses précoces sont enregistrés en 2014 contre 4 en 2015. Là-bas, la principale cause des mariages précoces serait la crainte de la perte de la virginité. Parlant des conséquences du mariage forcé, l’adjudant-chef major Jean Bosco NEYA témoigne d’un cas où « dans un village de la localité une fille a profité de l’absence du mari pour mettre le feu à la case conjugale puis s’enfuir ».   
 
Les 02 et 03 juillet 2015, la caravane achève son périple au Séno. A Dori, les chiffres sont inquiétants. La direction régionale de l’enseignement secondaire ressort des statistiques d’une quarantaine de filles scolarisées et mariées prématurément courant 2014-2015. L’évêque de Dori, Monseigneur Laurent DABIRE, considère cette pratique comme étant des contre-valeurs culturelles. Pour lui, « chaque peuple a des valeurs et des contre-valeurs dans sa culture. Dans la plupart des villages au sahel, les filles sont mariées ‘’diplomatiquement’’. Et tout l’échafaudage national tombe devant des phrases lapidaires du genre ‘’la place de la femme c’est au foyer’’ », a – t-il déclaré.   
 
La caravane a pris fin le 03 juillet par la cérémonie du lancement officiel de la campagne de sensibilisation. Cérémonie au cours de laquelle le ministre des enseignements secondaire et supérieur, Filiga Michel SAWADOGO, a invité tous les acteurs de la région du sahel à « s’engager résolument dans la lutte contre ces pratiques sociales qui, selon lui, constituent un déni des droits de l’enfant et une entrave au développement ». Le représentant résident de l’UNICEF Marc Rubin a, quant à lui, réitéré son engagement à soutenir le gouvernement burkinabè pour « contribuer à la promotion et la protection des droits de l’enfant, notamment ceux des filles », a – t-il affirmé. Il précise qu’au Burkina «  la situation des filles interpelle fortement la conscience nationale et nécessite l’implication de tous les acteurs à tous les niveaux ». Pour sa part, le gouverneur de la région du Sahel, conscient de l’ampleur du phénomène dans sa zone, trouve au fléau des fondements traditionnel, religieux et économique. Du reste, Djibril LALLE est convaincu que cette caravane de communication pour le changement de comportement est « une occasion solennelle pour sensibiliser toute la population du sahel en général et le monde éducatif en particulier », a laissé entendre le gouverneur.
 
La Directrice de l’Education des Filles et de la Promotion du Genre (DEFPG), Rasmata OUEDRAOGO, a finalement trouvé un motif de satisfaction et juge le bilan à mi-parcours porteur d’espoir. Elle invite par ailleurs toute la population de la région du Sahel, collectivement et individuellement, à faire passer le message de sensibilisation.
 
 
O.N
infofaso.net

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