Du 27 février (date du début du procès du putsch de septembre 2015) au 9 mai 2018 (prochaine échéance fixée pour la reprise des débats, le temps de trouver des nouveaux avocats à la douzaine de prévenus dont les conseils se sont solidairement déportés pour diverses raisons) cela fera plus de deux mois que le jugement des présumés coupables aura été acté par le Tribunal militaire, TM.
Rendez-vous avec l’histoire pour les uns, cirque mediatico judiciaire pour les autres, Jeu de nerfs pour les parents des victimes mais également pour la presse, l’opinion nationale et internationale, crêpage de chignons entre le Parquet et les parties défenderesses, tous embarqués dans l’affaire, bref il y en a pour toutes les coutures.
A la reprise du procès du putsch de septembre 2015 dans la salle des banquets de Ouaga 2000, le 9 mai prochain, l’on sera au 71ème jour d’un procès qui avance à la vitesse d’un moteur 2 chevaux embarqué dans une coque de Ferrari, sortie tout droit du garage de la Justice militaire, pour ne pas la nommer.
Plus grave encore, tout se passe comme si la bonne vieille coccinelle juridique, version forces armées nationales du Burkina, créée en 1992 pour connaitre des infractions de type spécifique à l’institution militaire et maintenue dans le projet de nouvelle constitution pour le passage à une Ve république, était régulièrement à court de bon carburant pour avancer sereinement.
Mais en réalité, le fait est qu’elle n’a pas subi de révision depuis belle lurette. Depuis 26 ans précisément. Et le chauffeur autant que les copilotes ont pris la route sans s’assurer à l’avance, qu’ils disposaient des outils de navigation à jour pour effectuer le trajet dont la longueur n’a d’égal que l’extrême sensibilité de l’affaire dont ils ont à connaître.
Entre le Droit et le tordu
Assis sur la banquette arrière, les passagers, eux, bien qu’étant en surcharge évidente au regard de leur nombre, n’ont eu de cesse de se déchirer au sujet de la direction à emprunter par la super baby. Et dire que certains parmi eux ont même raté l’heure officielle du départ. Volontairement ou involontairement.
Finalement et à force de ne se pas se comprendre, certains acteurs de ce feuilleton à multiples rebondissements, ont pris la décision de ne plus poursuivre la route. Ils se sont purement et simplement déportés. Réaction outrée d’un autre voyageur resté à bord : ‘’descendez ! Descendez !’’ Finalement lui aussi sera expulsé manu militari de la voiture, pardon de la salle d’audience.
La Ferrari moteur coccinelle du TM, elle, s’est arrêtée en chemin, peu de temps après. Stoppée net par de nouveaux bobos mécaniques.
Garée sur le bas-côté de la route de la vérité et de la Justice, elle attend patiemment d’être dépannée par les mécaniciens du Droit, promis par le Bâtonnier de l’Ordre des avocats du Burkina. Après quoi, elle pourra probablement reprendre la route d’ici quelques semaines, pour de nouvelles aventures.
Jules SIMON
infowakat.net