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Dialogue social : Dr Ra-Sablga, avocat du diable ?

Dr Ra-Sablga Ouédraogo, Directeur exécutif de l’Institut FREE Afrik

Le vendredi dernier, Ra-Sablga Ouédraogo animait un panel sur les grèves et le dialogue social au Burkina. D’autres intervenants tels que le directeur de la fonction publique et du travail et un militant de la CGTB se sont prononcés. Contre toute attente, le panel s’est fini en règlement de comptes houleux, certains accusant le responsable de Free Afrik d’être un « agent » du gouvernement en place. Pour un panel sur le dialogue social, il n’y avait pas pire illustration de la part des participants, qui prouvent que le dialogue social au Burkina n’est pas près d’être une réalité.

Le Dr Ra-Sablga Ouédraogo a livré les résultats de l’étude de Free Afrik à une salle très calme, pour le moins que l’on puisse dire. L’étude montrait les causes probables des grèves et formulait des recommandations. Le panel a suscité un tel engouement que la salle était pleine comme un œuf. Les retardataires, debout, faute de place, sont même restés dans cette position un peu plus de 3h. L’engouement était probablement dû non seulement à l’actualité du panel mais aussi à l’éloquence du principal animateur, Ra-Sablga Ouédraogo. Du moins, c’est ce que je pensais. D’autant plus qu’il y avait de nombreux profils dans la salle : juristes, journalistes, chercheurs, enseignants, syndicalistes, etc. A l’issue de l’exposé de l’économiste, 18 personnes étaient désireuses de réagir.

Le mauvais exemple

Présidium

Le modérateur, Pr Balima, avant de leur donner la parole, a supplié les participants d’être très concis et « d’éviter les diarrhées verbales ». Il ne croyait pas si bien dire. En effet, nombreuses réactions ont consisté à fustiger l’étude. Une fois le micro en main, les participants ont monopolisé la parole, certains allant même jusqu’à 5mn. Pire, certains propos caractérisaient du mépris, de l’irrespect, pour ne pas parler d’animosité. Revenons sur les causes de la discorde. « Si on l’a payé pour faire cette étude », c’est du gâchis, lançait un homme. Pour lui en effet, une telle étude est inutile dans la mesure où plusieurs études antérieures auraient coûté des centaines de millions sans avoir abouti à une concrétisation quelconque. C’est son point de vue et il faut le respecter, même s’il aurait pu mieux mâcher ses mots.

En outre, beaucoup ont estimé que l’étude était politisée et servait les intérêts du parti au pouvoir. D’où l’intervention d’un syndicaliste qui reproche aux journalistes, notamment de la télé, d’avoir arrêté de filmer dès que le Dr Ouédraogo a terminé son exposé. Certains se sont même retirés de la salle. Pour lui, la presse serait également un instrument de cette politisation. Même s’il reste effectivement des efforts à faire au niveau du professionnalisme de la presse, il faut rappeler, si besoin en était les derniers classements de Reporters sans frontières où le Burkina occupe la première place en Afrique subsaharienne francophone en termes de liberté de la presse. Si toutefois, les médias indexés se laissaient effectivement instrumentaliser, ce serait une honte et fort regrettable. Où serait donc passée cette liberté de presse ? Qu’en serait-il de l’équilibre et de l’impartialité dans le traitement de l’information ? Par la suite, c’est l’étude de Free Afrik qui a encore été contestée, notamment l’hypothèse de la concurrence syndicale comme source de grève. L’étude estimant que, afin d’attirer le plus d’adhérents grâce aux résultats, les syndicats recourent à la grève. Un participant s’est même permis de plagier la célèbre chanson burkinabè « Tond nina pukamè ». « Y rat biy maan études bèda y kalé toin n’gaam tond yé », dira-t-il. En d’autres termes, « vous aurez beau faire de hautes études, vous ne pouvez plus nous berner ».

Plus de mal que de bien…

Ra-Sablga Ouédraogo est convaincu que nous pouvons être à la hauteur du défi

Bref, vous l’aurez compris, le Dr Ra-Sablga s’est fait littéralement lyncher avec des mots.

S’il est salutaire que les échanges aient pu se faire sans langue de bois et sans complexe, il est cependant à regretter le ton et la manière qui ont été employés. En effet, l’étude du Dr Ouédraogo aurait pour objectif de contribuer à une meilleure gouvernance. Ce qui nous serait profitable à tous. Alors pour cette contribution qui n’est ni la seule ni la première de sa part, il mérite respect, à défaut du bénéfice du doute quant à ses motivations réelles. D’ailleurs, personne n’a pu apporter une preuve matérielle à ce sujet. Les reproches n’ont été fondés que sur des spéculations. En outre, il est évident que toute œuvre humaine est limitée. Lui reprocher tel ou tel aspect qu’il n’aurait pas pris en compte est légitime certes, mais pour peu que ce soit fait dans les règles de l’art de la politesse. En tout cas, l’économiste a confié que les financements de cette étude ont coûté quelque 8 millions incluant les frais que ladite étude a impliqués. Alors que, souligne-t-il, il a conduit d’autres études qui lui ont apporté pas moins du double des 8 millions. Ce que l’un des invités du panel, Dr Moussa Diallo, militant de la CGTB qualifiera d’orgueil, demandant au Dr Ra-Sablga de s’inscrire à l’école de l’humilité. Il est vrai que beaucoup partagent son avis qui est que le Dr Ouédraogo serait prétentieux, mais si le but était vraiment de conseiller celui-ci, ces propos à mon humble avis, se devaient d’être tenus à huis-clos. A contrario, ceci ressemble plutôt à une vengeance, le syndicaliste s’étant apparemment senti indexé par certains propos du responsable de Free Afrik. Les gestes de plus en plus vigoureux, le ton élevé et le visage grave du Dr Diallo semblent du reste corroborer cette hypothèse. Fort heureusement, ils n’en sont pas venus aux poings. En tout cas, ces réactions sont tout à fait en opposition avec l’esprit du panel. Quand on sait que les mots ne valent rien sans les actes à l’appui, comment peut-on espérer un dialogue social réel au pays des Hommes intègres ? Finalement, la tenue de ce panel n’aurait-il pas fait plus de mal que de bien ?

Leroi Arthur Zongo

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