Dans quelques mois, les burkinabè iront aux urnes. Dans le cadre des élections présidentielles et législatives couplées. Ce sera le 22 novembre 2020. Si pour la majorité actuelle au pouvoir, l’objectif affiché n’est ni plus ni moins que de passer au premier tour, et de rééditer l’exploit de la victoire de novembre 2015 obtenue au quart de tour, en revanche pour l’opposition, le défi sera au contraire, d’obliger le MPP à un second tour, version 1978, et dont il espère pouvoir profiter, pour battre le chef de l’Etat sortant, Roch Marc Christian Kaboré.
L’on peut donc aisément comprendre que le scrutin suscite une attention toute particulière, de la part des acteurs politiques locaux. Ce qui ajoute forcément du piment dans les débats.
En effet, entre les tentatives de mise en orbite d’un front uni de l’opposition, en vue d’un éventuel désistement en faveur du candidat le mieux placé après la tenue du premier tour, l’arrivée de nouveaux acteurs sur la scène politique, à l’image de l’ONA, l’opposition non alignée, ou encore celle plus récente du Sens, de l’avocat Guy Hervé Kam, ex- porte-parole du Balai citoyen, la tentative avortée de demande de prolongation du mandat des députés d’un an, finalement rejetée, les arbitrages au sein des formations politiques en vue de trancher le débat sur la pléthore de candidats à la candidature en vue des législatives à venir, bref, ça bouge et ça s’agite dans les chaumières.
Pendant ce temps, les électeurs ou plutôt de potentiels électeurs, observent le spectacle à bonne distance. Iront-ils effectivement accomplir leur devoir citoyen, le jour indiqué ? Nul ne peut l’affirmer avec certitude.
- Roch Marc Christian Kaboré parviendra-t-il à obtenir un second bail à la Présidence du Faso, lui dont certains des adversaires estiment que le bilan de son quinquennat finissant ne plaide pas en sa faveur ?
- Zéphirin Diabré, le candidat de l’UPC, va-t-il, cinq après son échec face au candidat du MPP, parvenir à réaliser son objectif, qui est de devenir le prochain chef de l’état burkinabè, pour les cinq années à venir ?
- Le CDP de Compaoré parviendra-t-il à surmonter ses divergences internes pour damer le pion à ses adversaires ?
- Les résultats seront-ils acceptés par toutes les parties ?
- Le candidat élu à la Présidence du Faso disposera-t-il d’une majorité suffisante pour gouverner ou alors devra-t-il passer par la case négociation avec d’autres partis alliés ?
- Les nouveaux partis et les nouveaux candidats aux différents scrutins auront-il suffisamment d’écoute auprès des électeurs dans les urnes ?
- Quelle sera l’ampleur de la mobilisation au niveau des électeurs, dans un contexte économique social et sécuritaire précaire, comme celui que nous connaissons en ce moment ? Et plus encore, pour des élections dont le coût se chiffre à plus de 100 milliards de FCFA.
Ce sont autant de questions, qui prouvent à souhait, que les élections de 2020 ne sont pas dénuées de fondement, encore moins d’enjeux cruciaux pour notre pays et pour sa jeune démocratie, dont on espère vivement qu’elle en sortira grandie et renforcée.
C’est bien tout le mal qu’on peut lui souhaiter. Ceci, afin de nous éviter les sempiternels spectacles de crises post-électorales, dont le continent africain est hélas, il faut bien le reconnaitre, assez coutumier, depuis trente ans.
Jules Simon
Infowakat.net