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« Le handicap c’est dans la tête et non dans les membres », dixit Martin Kabré, un handicapé potier

Le handicap est un mal qui conduit souvent plusieurs personnes sur un autre chemin de la vie outre la voie normale à suivre pour gagner son pain quotidien. D’autres personnes faisant du handicap l’apologie de leur inaction s’adonnent souvent à la mendicité. D’autres par contre décide autrement en mettant en valeur leurs compétences enfuient en eux il y a belle lurette. Dans ce dernier cas, nous avons rencontré  un handicapé pour savoir qu’est ce qui a fait la différence entre lui et les autres personnes handicapées qui s’adonnent à la mendicité. Voici ce que nous vous proposons de cet entretien.

« Présentez-vous et dites-nous que faites-vous dans la vie? »

Je me nomme Martin Kabré. Je suis potier. J’ai 40 ans. J’ai la paralysie des deux pieds. Je fabrique des pintades, des pingouins, des poules, etc.

« Quand avez-vous commencez cette activité ?»

 J’ai commencé mon activité depuis 1998 à Dassasgho où j’ai fait ma formation. J’ai déménagé aux abords du Ministère des Affaires étrangères depuis 2001 où je travaille seul.KABR3 POTIER

« Vu votre handicap, est-ce que vous n’êtes pas souvent victime de discrimination de la part des usagers de la route et même de certains de vos clients ? »

Parce que je suis handicapé et que je prends mes responsabilités dans ma vie, mes clients me respectent beaucoup comme je le fais envers eux. Ils m’apprécient tous, m’encouragent et me félicitent pour mon travail.

« On remarque souvent que l’art, au Burkina Faso, a du mal prendre son envol parce que les Burkinabé ne s’y intéressent pas trop. Dites-nous qui sont vos clients ? »

Mes clients sont des blancs et souvent certains Burkinabè. Mes clients sont aussi les usagers de la route. Nous avons deux boutiques ici à côté du marché Rood-Wooko et une autre à Bobo-Dioulasso. Quand il y a un manque dans les boutiques, les clients viennent directement à moi pour faire leurs achats car je suis le seul qui fait cette activité ici.

« Combien pouvez-vous gagnez par jour dans cette activité ? »

Il faut savoir que les gens sachent que l’achat d’objets d’art a des périodes. Pendant les fêtes et les congés il y a plus d’engouement que les autres périodes. Je peux faire souvent une semaine sans vendre mais le jour que vend je peux gagner 50.000f à 75.000f. Mais quoi qu’il arrive, je n’ai pas moins de 40.OOOf par mois.

« Avec cette activité, qu’est ce qui a changé votre vie ? »

Ce travail a beaucoup changé ma vie. Je n’ai pas fait l’école du Blanc. Mon activité m’a obligé de parler le français parce que la plupart de mes clients parlent cette langue. C’est avec eux que j’ai appris ce français. Aujourd’hui je suis marié et père de deux enfants. J’ai construit ma maison. Je ne vis pas en location. C’est mon activité qui me permet de scolariser mes enfants et de subvenir aux besoins de toute la famille. Il faut reconnaitre qu’avant que je commence cette activité, j’étais assis à la maison et je tendais la main à qui veut m’aider. Je souffrais car demander n’est pas facile. C’est ainsi que j’ai décidé de faire quelque chose pour gagner ma vie. Maintenant je ne manque pas d’argent de poche et je vie dignement.

« Qu’est-ce que vous a motiver à être potier ?»Poterie

La poterie n’est pas une activité qui demande beaucoup de force. Comme je suis handicapé des jambes, il me fallait une acticité qui ne demande pas beaucoup d’endurance. C’est ainsi que j’ai choisi la poterie. Mon handicap ne m’empêche pas de faire la poterie car cette activité se fait avec les mains et non les jambes. J’ai donc choisi de faire quelque chose qui pourra m’aider de subvenir à mes besoins quotidiens. Je rappelle ici tout le monde et à tous les handicapés que le handicap c’est dans la tête et non dans les membres. On peut toujours mettre à profit nos membres qui sont en bon état.

« Quels conseils avez-vous à donner à vos frères et sœurs qui, pour cause de Handicap, passent leur vie à quémander pour se nourrir ? »

Nous avons une association des handicapés et il y a beaucoup de handicapés qui travaillent. Le vrai problème est qu’il n’y a pas de financement. On n’arrive pas à avoir des prêts pour financer nos projets. Mais de mon expérience, je conseille les autres handicapés de chercher quelque chose à faire au lieu de mendier car Dieu faisant les choses n’importe qui peut avoirdes financements ailleurs pour booster son activité.

« Vous parliez de financement. Avez-vous déjà eu un financement quelconque pour booster votre activité? »

Non ! Moi je n’ai jamais eu de financement. Je fais mon activité avec les moyens de bord. Comme les gens achètent souvent mes produits, j’utilise cette somme pour m’acheter les matières premières et les produits qui entrent dans la réalisation de mes œuvres. Il faut que vous sachiez que le travail marche bien ici mais faute de moyens il est difficile de mettre en exergue nos compétences. Je sais faire autre chose que les pintades et les poules. Par exemple, je fabrique des pigeons et des canards mais le manque de moyen fait qu’on ne peut  pas faire tout ce qu’on connait.

« Vous parliez aussi d’association. De quoi s’agit-il exactement ? »

C’est une association pour handicapés mais l’on constate que ce n’est pas exactement le cas. Pour le moment les associations des handicapées ne marchent plus. Quand il y a un petit financement les responsables détourne l’argent et ne donnent pas à ceux qui veulent et peuvent travailler. Actuellement j’ai quitté l’association et je travaille seul sans le soutien de qui que ce soit.

« Quel est votre dernier mot ? »

Je voudrais exprimer ma joie pour les encouragements et soutiens quotidiens que vous m’apportez. Je remercie tous mes clients et clientes pour leur confiance placée en moi. Je salue aussi tous ceux qui m’encouragent tous les jours et je vous remercie d’être passé.

Propos recueillis par Armand Kinda

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