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journée internationale du travail : le message de la CGT-B à l’endroit des travailleurs

Ceci est un message de la CGT-B à l’occasion de la journée internationale du travail. L’organisation syndicale dépeint à l’occasion un tableau peu reluisant en ce qui concerne le respect des droits des travailleurs au Burkina Faso. La cgt-b estime par ailleurs la gouvernance actuelle « médiocre », tant sur le plan economique, sécuritaire, sociale et sanitaire.

A l’occasion de la 134e journée internationale du travail, commémoré chaque 01 mai, la coalition syndicale s’est exprimée à travers une déclaration, en date du 30 avril 2020.

Camarades militantes et militants, camarades travailleurs des secteurs public, parapublic, privé et informel du Burkina, camarades élèves et étudiants,

En ce jour 1er mai 2020, à l’instar des travailleurs du monde entier, nous rendons hommage à la lutte héroïque des ouvriers de Chicago. Depuis le 1er mai 2019, nous avons perdus des camarades responsables comme militants. Parmi eux, nous faisons une mention spéciale aux deux doyens Zakaria Ben Houssen Toure (l’un des signataires de la motion de grève générale du 3 janvier 1966), et Docteur Hubert Yaméogo (porte-parole du front syndical le 28 janvier 1985). Nous saluons leur mémoire, ainsi que celle de nombreuses victimes (populations civiles et force de défense et de sécurité), et vous invitons à avoir une pensée pieuse à leur endroit.

Nous commémorons ce 1er mai 2020 dans un contexte particulier marqué par l’aggravation de la crise sécuritaire, la violation des acquis démocratiques, la crise sanitaire marquée par la pandémie du COVID 19.

Sur la crise sanitaire

Apparu en Chine en décembre 2019, le coronavirus, baptisé par l’OMS covid-19 est devenu une pandémie qui frappe plus de 185 pays dans le monde, infecte à ce jour plus de 2 000 000 personnes et fait des dizaines de milliers de victimes. La pandémie a des effets dévastateurs sur les économies et les relations sociales. Elle a réduit au chômage des millions de travailleurs et interrompu diverses activités économiques. La progression de la maladie a conduit un peu partout à des mesures restrictives des libertés des citoyens.

De toute évidence, la pandémie du coronavirus révèle de façon patente les limites du système de domination politique caractérisé par l’exploitation de l’homme par l’homme et pompeusement baptisé mondialisation. Le monde devenu « village planétaire » est otage de la faillite des puissances impérialistes. Malgré les progrès scientifiques et technologiques extraordinaires, malgré les ressources dont dispose l’humanité aujourd’hui une pandémie est venue rappeler que véritablement le système capitaliste sur le plan social n’a pas amené l’humanité assez loin de l’ère de la découverte de la pénicilline. La gestion de la pandémie révèle également les contradictions existantes entre les puissances impérialistes et les risques d’une conflagration mondiale.

Au Burkina, l’apparition de la pandémie a accentué les difficultés de notre peuple et partant celles du monde du travail. Ainsi, elle met davantage à nu la déliquescence dans laquelle se trouvent particulièrement les secteurs sociaux de base du fait de l’application des politiques néolibérales ayant conduit à leur privatisation. Tel est le cas de la santé qui est au centre de la lutte contre la pandémie. Elle étale également aux yeux des plus sceptiques, l’incurie des tenants actuels du pouvoir. Les récentes sorties des ténors du pouvoir indiquent clairement que le MPP n’a pas fini de gérer ses contradictions internes pour avoir la sérénité de conduire convenablement les citoyens vers le progrès. Cette pandémie est même devenue pour certains un champ de cacao et pour d’autres une forêt de refuge d’où ils restent à autre pour braquer les acquis démocratiques.

Sur l’aggravation de la crise sécuritaire

De jour en jour, les populations vivent la désolation dans tous des compartiments. Des centaines d’écoles et de centres de santé fermés, des villages abandonnés, des centaines de victimes militaires et civiles, es milliers de déplacés internes etc. ces constats douloureux ne sont que les conséquences d’une gouvernance par approximation et par embuscade, le mensonge d’Etat, le laxisme, la légèreté et le pillage organisé des ressources nationales sous le « nez » de l’assemblée nationale qui n’assume pas ses fonctions à elle conférées par la constitution en son article 84 exige entre autres le contrôle de l’action gouvernementale. Des acteurs nommés à des postes de responsabilité sécuritaires n’ont su rivaliser qu’en des prises de positions pompeuses et démagogique du genre : « l’infanterie », « nous allons terroriser les terroristes », « nous irons les cueillir dans leur trous » etc. leurs « prouesses » de guerre jusque-là ne se résume qu’en la répression et autres et autres interdictions de manifestation des organisations démocratiques sous de fallacieux prétexte de lutte contre l’insécurité. Même les FDS qui crient leur désarroi face au manque de matériels sur le terrain et leurs conditions de vie difficiles sont martyrisées (cas des policiers radiés et de certains d’eux dont les salaires sont suspendus).

Sur la violation des acquis démocratiques

C’est une véritable hécatombe. En effet, des libertés démocratiques au pouvoir d’achat en passant par la gouvernance, le peuple burkinabè dans son histoire vit le summum du désastre dans un système dit démocratique. C’est presqu’un Etat d’exception.

Les libertés démocratiques pour lesquels des devanciers ont coulé sueur et sang, voire perdre des vies sont foulées au pied :

  • violation des conventions internationales ratifiées tel que la convention 87 sur la liberté syndicale et le droit syndical de 1948,
  • vote d’un code pénal criminalisant les libertés d’expression et de presse, répression de manifestation respectant les dispositions règlementaire (loi 22/97, et loi 45/60),
  • interdiction de manifestions sous le prétexte que de lutte contre l’insécurité et le COVID-19 tout en maintenant au même moment, celles organisées par le pouvoir et/ou ses partisans,
  • refus de mettre en œuvre des décisions de justice (cas du conseil d’Etat dur le dossier APN), transformation d’avis en décision de justice (contraire à la réponse du BIT du 22 octobre 2014), suspension de salaire de plusieurs centaines de travailleurs sans raison, coupures abusives pour fait de grève etc. Des lois esclavagistes qui permettent l’exploitation vile des travailleurs (cas de la loi 028 du 13 mai 2008 portant code du travail au Burkina Faso).

Camarades travailleurs (euses), pendant que des ministres et autres présidents d’institutions s’octroient des émoluments non-conformes aux lois et règlements du pays, le pouvoir d’achat des couches laborieuse est désaxé et laminé. Cela se traduit par l’institution de divers impots, taxes, et autres mesures cyniques tels que :

– L’Assurance Maladie Universelle (AMU) ; initiative à laquelle le pmouvement syndical n’a pas été associé et pour laquelle il est prévu des prélèvements unilatéraux de 4% à 6% des salaires sans aucune garantie de prise en charge conséquente et effective ;

– La taxe sur les véhicules à moteur (TVM) qui est l’ancienne Taxe de développement Communal (TDC) supprimée en 2011 et dont l’imposition a été reconduite en 2019 sous cette nouvelle appellation. Cette Taxe est un doublon d’autant qu’elle est déjà intégrée dans la taxe sur les produits pétroliers (TPP) ;

– Le renouvellement des plaques d’immatriculation ;

– Le renouvellement des cartes grises ;

– Le renouvellement des permis de conduire ;

– L’augmentation des frais de scolarité dans la majorité des établissements d’enseignements privés ;

– etc.

La généralisation de l’IUTS sur les primes et indemnités des agents du public à travers la loi de finances gestion 2020, contrairement à la revendication du mouvement syndical qui est sa suppression sur les primes et indemnités de tous les travailleurs et travailleuses (public, parapublic et privé) participe de ce saccage du pouvoir d’achat.

Des lendemains pourraient être davantage douloureux avec la création dans le flou total d’une caisse de dépôt et des consignations (CDC) pour faire main basse sur les cotisations sociales des travailleurs pour entre autres la pension de retraite de la CNSS et de la CARFO mais aussi les ressources des Caisses Nationales d’Epargnes.

Sur la gouvernance, c’est la promotion de la médiocrité et du pillage organisé. En effet, la presse exhibe du jour au jour dans notre pays des scandales qui viennent s’ajouter aux dossiers de crimes financiers contre lesquels les Burkinabè ont consenti un grand sacrifice lors de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, mais aussi pendant la résistance victorieuse de septembre 2015. Quelques exemples :

– Des caisses noires qui passent de 31,5 milliards en 2014 0 PLUS DE 205 milliards de nos jours ;

– Le budget d’une assemblée nationale qui passe de 8 milliards à une vingtaine de milliards ;

– Des deniers publics dilapidés à la mairie centrale de Ouagadougou (scandale d’achat de véhicules) ;

– Des émoluments d’autorités qui ne respectent pas les lois et règlement du pays ;

– L’autorité supérieur de contrôle d’Etat limité dans ses pouvoirs de contrôle ;
– etc.

Les piliers essentiels de la gouvernance sont le népotisme, l’arrogance, la suffisance, le favoritisme, et le crime organisé (en commençant par le mensonge d’Etat, la stigmatisation, la culture de l’opposition et de la confrontation entre les couches sociales, la répression).

C’est face à cet situation dramatique et conformément au sens élevé de dignité, d’intégrité et d’honneur de nos devanciers d’une part, et d’autre part le rôle historique que le mouvement syndical a toujours joué dans notre pays à tous ses tournants décisifs de son histoire que nous avons pris nos responsabilités en nous retrouvant dans un front de lutte regroupant plus d’une cinquantaine d’organisations syndicales. La caractéristique principale de notre coalition, c’est sa détermination à défendre conséquemment les préoccupations du monde du travail et ce en lien avec les problèmes généraux de notre peuple. En témoigne la plate-forme revendicative minimale qui fédère l’énergie des travailleurs dans des actions fortes sur le terrain et libellée comme suit :

– Arrêt des mesures de baisse du pouvoir d’achat et amélioration de celui-ci en rapport avec le coût de la vie ;

– Arrêt des atteintes aux libertés démocratiques et syndicales ;

– Arrêt du pillage des ressources nationales ;

– Garantie du droit à la sécurité des populations ;

– Et e respect et la mise en œuvre des différents engagements pris par le gouvernement vis à vis des syndicats des travailleurs

Camarades
Autour de cette plateforme, plusieurs actions ont été menées, aussi bien par secteur d’activités que collectivement. La marche du 07 mars et la grève générale du 16 au 20 mars 2020 en sont une illustration. Dans ses actions, vous n’avez pas marchandé votre engagement, convaincu que seule la lutte organisée paie. C’est ici le lieu de vous adresser toutes nos félicitations pour votre constance dans la mobilisation et les nombreux sacrifices que vous avez consenti depuis le début de cette lutte et ce, malgré la répression qui s’abat sur vous.

En effet malgré la forte mobilisation des travailleurs dans les actions de lutte autour de ladite Plateforme, le gouvernement feint d’ignorer la paralysie socio-économique que cette crise sociale créé.

On note a cet effet, que le chef de l’État s’est adressé par deux fois à la nation sans aucune mention de cette grogne sociale. La lettre ouverte que notre regroupement lui a adressé est resté sans suite.

Pire, le gouvernement et une partie patronat on choisi de réprimer sauvagement les travailleurs à travers des licenciements, des suspensions de salaires, des relèvements de responsabilité de leurs postes, des coupures sauvage de salaire etc.

Face à ses mesures répressives, vous avez manifesté une solidarité légendaire en répondant positivement à la souscription lancée par la coalition en vue de soutenir les camarades victimes des suspensions de salaires. Face à la dénonciation de ces mesures par notre coalition, soutenue par des organisations de la société civile et des partis politiques, le pouvoir a été amené à rétablir les salaires en fin avril mais avec perfidie et mauvaise foi. D’abord, le pouvoir a tenu à justifier le rétablissement des salaires par une demande de clémence qu’auraient introduite 14 syndicats! En plus au lieu de rétablir l’entièreté du salaire, dans la plupart des cas, il s’en est tenu au rétablissement du salaire du mois d’avril avec des irrégularités monstres(sans indemnités, sans allocations familiales, etc).

Comble de perfidie, il a procédé à la fin du mois d’avril 2020 à de nouvelles suspensions de salaires que le ministre Stanislas Ouaro explique par le fait que les noms des intéressés sont parvenus en retard ! La volonté d’user de l’appareil d’État pour faire mal à tout prix est manifeste.

Le gouvernement est résolu à saccager les libertés syndicales et démocratiques et a réduire au silence le mouvement syndical authentique. Pour atteindre cet objectif, il est prêt à toutes les forfaitures et aux pires violations des textes.

De toute façon, le premier mai commémoré de nos jours en journée internationale du travail a connu la même répression sanglante, or les revendications légitimes qui ont été posées s’articulaient autour de :

– la réduction du temps de travail à heures ;
– la décolonisation ;
– la liberté des nations à disposer d’elles-mêmes;
– l’abolition de l’esclavage.

Camarades, notre lutte est juste et légitime. Nous n’avons pas à l’atténuer pour quoi que ce soit moins à demander la clémence de qui que ce soit. Bien au contraire, nous devons travailler à comprendre que nos difficultés sont les mêmes que celles de notre peuple. Nous devons non seulement renforcer nos organisations et la coalition, mais aussi élargir le front de lutte en associant à notre lutte, les couches populaires victimes elles aussi de la politique antisociale du gouvernement.

Gardons à l’esprit que les grandes et nobles victoires découlent de grands sacrifices dans l’action!

Dans cette période de pandémie du coronavirus, nous invitons l’ensemble des travailleurs a exiger du matériel de protection sur leurs lieux de travail et interpellons le gouvernement pour une meilleure gestion de cette crise sanitaire avec toutes ses implications socio-économiques.

Camarades, faisons de ce 1er mai une journée d’hommage et d’introspection en vue d’actions futures porteuses d’espoirs et de fruits pour les travailleurs (Eudes) du Burkina et du monde entier.

Vive le 1er mai!
Vive la solidarité entre les travailleurs !
Vive la coalition syndicale contre la réduction du pouvoir d’achat des travailleurs, pour la défense des libertés démocratiques et la bonne gouvernance !

Pour la coordination
Le porte parole
Bassolma Bazié
Secrétaire général de la CGT-B

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