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Le martyre silencieux des filles de ménage

Communément appelées « bonnes », les filles de ménage sont employées comme ménagères et très souvent comme filles à tout faire dans des familles. Très souvent logées sur place, cette condition laisse libre cours à de nombreux abus, le tout cumulé à des conditions de travail le plus souvent pathétiques. Ces jeunes filles dont l’âge est compris entre 12 et 18 ans pour la majorité travaillent sans répit toute la journée.

La vie de plusieurs filles de ménage est un véritable chemin de croix. Parmi elles, il y a Djata, fille de ménage dans une famille sis au quartier Kilwin. « Ma patronne veut que je me réveille à 4h. A mon réveil je balaie la cour, je nettoie la maison, je lave les habits des enfants et je dépose le plus petit à l’école. Les enfants m’insultent et je n’ose pas les frapper. Je ne mange pas le matin ni à midi mais à 19h. Elle me sert une petite quantité de nourriture et va déposer le reste de la nourriture dans leur chambre. Je ne mange pas à ma faim » nous raconte t’elle.

Comme Djata, Safi, qui travaille dans une famille au quartier Tampouy affirme travailler très souvent le ventre vide : « madame est sortie une fois toute la journée me laisser sans nourriture. notre voisine a eu pitié de moi et m’a donné à manger. Mais ça n’a pas duré et puis la patronne est arrivé me trouver en train de manger et elle a dit à la voisine de ne pas se mêler de ce qui ne la regarde pas ».

Outre le droit à l’alimentation bafoué, vient celui des soins médicaux. Quand certaines tombent malades, elles doivent se soigner avec leur propre argent. « Lorsque je tombe malade, je suis seule face à mon sort. Ma patronne m’a dit que quand elle tombe malade, elle se soigne avec l’argent que l’Etat lui donne donc de me soigner avec l’argent qu’elle me donne à la fin du mois » nous confie notre ménagère de Kilwin. Elle nous confie qu’elle est traitée de ‘’sauvage’’ et doit obtempérer à des prescriptions pas assez tendres.

Que font-elles de leurs salaires ?

Les « bonnes » sont considérées comme des personnes à tout faire, traitées de paresseuses quand elles sont malades ou accusées de voleuses sans preuves. C’est en tout cas le prix à payer par certaines, qui acceptent subir cela à cause de la paie.

Lorsqu’elles touchent enfin leur salaire, qui dans la plupart des cas n’excède pas 15 000 FCFA, elles doivent l’utiliser pour leurs besoins les plus urgents. Souvent inscrites à des cours du soir, les filles de ménage sont leurs propres parents et prennent en charge leurs études.

Cet argent leur sert aussi à acheter de la pommade, du savon et des habits de fête. Djata par exemple déclare recevoir 5000f par mois, qu’elle utilise pour payer ses fournitures. Sa « chance » est qu’elle « mange et bois gratuitement », sauf pour le reste de ses besoins.  » Le mari de tanti m’a offert une fois un cahier pour mes cours et la dame n’était pas contente. Ce fut la bagarre ce jour-là ».

Nombreuses sont celles qui sont sans soutien, soit parce que les parents sont pauvres, soit parce qu’ils sont morts ou vieux. Et c’est le cas de Maria S. fille de ménage à Somgandé : « mes parents sont vieux et ne peuvent plus travailler ils n’ont pas pu m’inscrire à l’école par faute de moyens. Je me suis promenée de porte en porte pour me trouver du travail. Ma patronne me gronde pour la moindre chose. Elle me donne 12 500f à la fin du mois que j’envoie à ma mère pour les dépenses de la famille » témoigne-elle.

Si certaines voient le prix de leur souffrance d’autres par contre ignorent le montant de leurs salaires ou dans le meilleur des cas ne peuvent obtenir qu’une partie car elles ont été embauchées par l’intermédiaire d’autres personnes, ou par un contrat signé par leurs familles et leurs employeurs.

Maria S. raconte qu’en ce qui la concerne, c’est sa mère qui touche son salaire. « Je ne sais pas combien ma patronne lui donne et elle dit qu’elle achète des pagnes et des plats pour moi avec cet argent. »

Les filles de ménage ne sont donc pas traitées à la hauteur de leurs services rendus et il est nécessaire que les décideurs politiques prennent des mesures fortes afin de protéger les droits de ces filles qui sont bafouillés et surtout amener leurs employeurs patrons à avoir plus d’humanité envers elles.

Yékirémi Abdias FARMA

Infowakat.net

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