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LIBYE : un gouvernement d’union nationale dans un no man’s land

Le nouveau gouvernement libyen d’union nationale a été mis en place le 19 janvier à Tunis. Au-delà de l’importance que cela peut avoir, ce gouvernement doit relever de grands défis face surtout à la propagation de l’Organisation État islamique et des milices.
 
C’est officiel. La Libye a désormais son gouvernement d’union nationale depuis le 19 janvier à Tunis, la capitale tunisienne. Sous l’égide de l’ONU, les différentes factions du pays se sont mises autour d’une table pour désigner leurs représentants au sein de l’équipe commune. Jusque-là la Libye évoluait avec deux gouvernements et deux parlements rivaux. D’une part, la Chambre des Représentants, reconnue par la communauté internationale, siégeant à Tobrouk, à l’Est du pays. D’autre part, le Congrès Général National (CGN), basé à Tripoli, formé de la coalition des Forces Aube de la Libye (Fajr Libya). Depuis 2011, après la chute du régime de Mouammar Kadhafi, le pays est plongé dans le chaos. Chaque faction dirige une portion pour gouverner dans ce no man’s land. En plus de cette situation incertaine, l’État islamique s’est incrusté fortement autour de la ville de Syrte. Que peuvent espérer les Libyens de ce gouvernement d’union nationale car aujourd’hui la Libye ressemble plus à un no man’s land qu’à un État ?
 
Des divergences notoires
 
32 ministres et 9 vice-ministres dans ce pays de 6 millions d’habitants. Telle est la composition du nouveau gouvernement d’union nationale. Selon le journal Libya Herald, ce gouvernement doit être approuvé par les deux chambres législatives dans un délai de dix jours. Le dialogue inter-libyens, initié depuis Octobre 2014, vise à mettre fin à ce que d’aucuns ont qualifié de la « deuxième guerre civile libyenne ». Cependant, rien n’est gagné d’avance. Les rivalités sont manifestes. Trois groupes ethniques, une vingtaine de tribus principales, trois provinces et deux gouvernements s’opposent. Nul ne sait concrètement où ces tractations, conduites sous l’égide de Bernardino Léon, émissaire de l’ONU, vont mener. Le contexte sociopolitique est très fragile. Le dénominateur commun semble être plus constitué des ruptures et des concurrences que de l’intérêt supérieur du pays et des défis de l’après-Kadhafi.
 
Au Nord du pays par exemple, des milices issues des deux alliances ennemies s’affrontent. L’enjeu principal est le contrôle de l’État et des ressources du pays comme le pétrole.
Au Sud, des groupes ethniques tels que les Toubous et les Touaregs mènent des luttes fratricides pour le contrôle des infrastructures pétrolières.
 
La révolution entamée pour le départ du guide libyen Mouammar Kadhafi n’a pas été suivie de véritables plans de reconstruction du pays. Elle a simplement mis à nu les rivalités cachées et les oppositions voilées naguère par le long règne du guide libyen. Les institutions ont été vidées de la légalité qui leur permettait d’agir. L’absence d’une personnalité consensuelle a aussi constitué un frein à la stabilisation du pays. La Libye appartient à tous et à personne à la fois. C’est dans un tel contexte que l’Organisation État islamique a pris ses quartiers pour propager l’idéologie de la terreur et de la violence. D’Est en Ouest, du Nord au Sud, la Libye n’est pas une et indivisible. Elle ressemble à un gâteau que les factions ont partagé entre elles par la raison du plus fort et du plus malin.
 
Ce nouveau gouvernement semble avoir fait des alliances contre-natures, pour contenter la communauté internationale qui se réjouit d’une telle annonce. Bruxelles a d’ailleurs promis une enveloppe de 100 millions d’euros (environ 65 milliards 600 millions de F CFA, ndlr). Des pro-fédéralistes de la Cyrénaïque côtoient des ministres proches des Frères musulmans. De plus, la réunification du pays est difficile à obtenir de la part de tous les acteurs. Le gouvernement d’union nationale est actuellement basé à Tunis. Il doit siéger à Tripoli, la capitale. On se demande comment chaque ministre pourra y arriver en déjouant les embuscades et les attaques des milices et groupes armés qui pullulent dans tout le pays. La sécurité de ce gouvernement est donc mise entre parenthèses. Le conseil de sécurité nommé pour la circonstance ne semble pas avoir la capacité pour agir dans ce fourre-tout qui prend les allures d’une vraie savane africaine. Même cette instance aura besoin de sécurité. La «  green zone » proposée par la communauté internationale ne peut tenir que sur une courte durée. A long terme, ce gouvernement sera lassé de se retrouver isolé, de dormir les yeux ouverts, ne pouvant pas parcourir tout le pays et appliquer sa politique.
 
La question ethnique est aussi un casse-tête. Les Warfalla, grande tribu qui s’était rangée aux côtés de Kadhafi, se sentent marginalisés. Les ethnies touboue et touarègue sont sceptiques du fait que le gouvernement est à dominance arabe. Les Libyens eux-mêmes sont partagés entre espoir et inquiétude. La peur de l’inconnu règne en maître de céans. Les lendemains en Libye sont faits de questionnement et de prière car même si les divergences sont grandes, l’unité nationale est un impératif. Tôt ou tard !
 
Seydou NACRO
infofaso.net

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