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L’UPC : « Décidément, Paul Kaba Thiéba ne connait pas le Burkina Faso »

Le Jeudi 30 Novembre 2017, au cours d’une rencontre dite de bilan de l’an 2 de l’accession du MPP au pouvoir, le premier ministre Paul Kaba Thiéba a fait des déclarations indignes de la fonction qu’il occupe.

Evoquant le contexte socio-politique de notre pays, il a affirmé que l’opposition politique est financée par des officines extérieures pour semer le désordre, en déclarant : « ils sont assis à Abidjan, les gens vont les consulter, prennent l’argent, prennent des instructions, viennent à Ouagadougou ici, financent l’opposition et ils sèment le désordre dans le pays ». Faisant toujours l’amalgame, il a lié l’opposition politique aux attaques terroristes en ces termes : « comme vous le savez, nos adversaires ne dorment pas. Ils ont commencé à nous attaquer dès le 16 janvier 2016 ». Et il a terminé par des menaces à peine voilées à l’endroit des partis politiques de l’opposition.

Ces propos font écho à d’autres tenus le 25 Février 2017 par le même premier ministre lorsque, parlant de la situation sociale, il n’a pas craint d’affirmer que les syndicats étaient manipulés par l’opposition.

Membre de l’opposition politique, et de surcroit chef de file de cette opposition, l’Union pour le Progrès et le Changement (UPC) s’insurge contre ces affirmations inacceptables et les condamne avec la plus grande énergie. Notre parti met au défi le premier ministre de publier la moindre information dont il disposerait sur des prétendus financements reçus de l’extérieur par l’UPC, ou sur les liens que notre parti entretiendrait avec des terroristes.
Au regard de la gravité de ces propos, et surtout de la stratégie politique qui les sous-tend, l’UPC se réserve le droit d’ester en justice, car elle considère que ces propos mensongers sont proprement diffamatoires à son encontre.

Lorsque le Premier ministre parle de désordre, à quel désordre fait-il référence et en quoi l’opposition en est-elle responsable? S’il parle des mouvements sociaux que connait notre pays, qu’il sache que le droit de grève et /ou de «sit-in» est une conquête démocratique que l’UPC défendra toujours aux cotés des travailleurs. Dans tous les cas, l’UPC n’a rien à voir avec ces mouvements sociaux même si elle est solidaire des travailleurs en lutte pour l’amélioration de leurs conditions de vie. C’est insulter l’intelligence de nos syndicats que de croire qu’ils sont à la solde de l’opposition. Visiblement, le Premier ministre, malgré son piteux mea-culpa du 2 Mars 2017, n’a toujours rien retenu de la magistrale leçon d’histoire que lui a administrée le mouvement syndical lors de leur rencontre, sur son indépendance et le sens de son combat.

S’il veut faire référence à la situation sans tête ni queue dans laquelle se trouve le Burkina Faso aujourd’hui, avec un gouvernement qui ne sait pas où il va, une administration qui tourne au ralenti, une économie en panne et une jeunesse déboussolée, ce n’est pas à l’opposition qu’il doit s’en prendre, mais à lui-même et à ses patrons qui, par leur incurie et insouciance, ont été la risée du monde entier et blessé gravement notre orgueil de Burkinabè, à l’occasion de la visite du Président français Emmanuel Macron. Le Burkina d’aujourd’hui n’est rien d’autre que le fruit de leur manque de vision et de leurs tares en matière de management, toute chose qu’un ministre démissionnaire ; qui sait de quoi il parle, a récemment souligné avec force.

Dans sa verve de nouveau « camarade », le premier ministre a dressé un bilan « positif » des 2 ans de son gouvernement, dans des termes qui font qu’on se demande s’il vit au Burkina Faso, tout en confirmant qu’il ignore totalement l’histoire politique de son propre pays.

Comme à l’accoutumée, c’est à leur fameux PNDES qu’il nous renvoie. Le drame c’est qu’en dehors du gouvernement, plus personne, à commencer par nos partenaires au développement, ne croit plus en ce programme. Après le mirage des milliers de milliards annoncés et que personne ne voit venir, ce PNDES est même en train de devenir une grosse arnaque puisque le gouvernement lui-même en vient à demander aux maires des communes de lui signaler toutes les réalisations faites sur le territoire, quelle que soit l’origine du financement, afin qu’elles soient comptabilisées dans le PNDES.
Mais la myopie politique du premier ministre devient évidente lorsqu’il se targue d’attaquer l’ancien régime.

Quand il attaque un CDP qui aurait pillé le Burkina Faso pendant 30 ans, il oublie d’ajouter que ce sont ses patrons actuels qui, durant ces 30 ans, dirigeaient le CDP aux côtés de Blaise Compaoré. Le Burkina de l’ère Compaoré était dirigé par ce qu’il convient d’appeler « la bande des quatre » : Blaise Compaoré, Roch Kaboré, feu Salif Diallo , et Simon Compaoré. Et ils avaient pour apprentis dévoués et autres larbins, nombre de ténors du MPP qui étaient assis au premier rang lors de sa conférence. Si comme il affirme, en son temps le pays a été pillé, l’armée cassée, la justice cassée et un système clanique mis en place, il n’a pas besoin d’aller loin pour trouver les coupables. Ce sont les mêmes qui l’ont tiré de son « garage » de la BCEAO pour en faire un premier ministre post insurrectionnel, à la stupéfaction générale de ses propres collègues de travail qui l’imaginaient partout, sauf à ce poste!

Le Premier ministre fait sourire lorsque, évoquant feu Salif Diallo, il parle de son « ami » alors que tout le monde connait la hargne avec laquelle l’ex PAN s’est opposé à sa nomination et surtout les humiliations publiques qu’il lui a fait subir. Qu’il se souvienne de son dernier passage à l’Assemblée nationale pour son discours sur la situation de la nation. S’il y a une chose que même les novices en politique apprennent vite, c’est bel et bien l’hypocrisie !

Mais il insulte notre intelligence à tous, lorsqu’il déclare : « Aujourd’hui tout le monde peut soumissionner à un appel d’offres, à un marché public en toute liberté, compétir en toute liberté et égalité de chance ». C’est vraiment nous inviter à prendre les vessies pour les lanternes. Où y’a t’il compétition et égalité de chance quand il y a gré à gré comme c’est aujourd’hui la règle, en application de la loi sur les PPP ? Il est de notoriété publique que les marchés publics sont monopolisés aujourd’hui par une camarilla de nouveaux opérateurs économiques sortis du néant de par la magie du MPP. Au système clanique que dénonce le premier ministre dans l’ancien régime, s’est substitué un nouveau système clanique, basé sur les relations de parenté, les affinités politiques, et la communauté d’intérêts financiers. On n’a jamais connu un régime où les règles de passation des marchés publics ont été aussi bafouées.

Evoquant la situation de l’armée, le Premier ministre dit avoir trouvé une armée complètement désorganisée ajoutant qu’il n’y avait même pas d’armée ! Pour l’UPC, ces propos sont une insulte grave au travail harassant abattu par les officiers patriotes et les soldats de notre armée depuis toujours. Mais plus grave, ces propos sont proprement irresponsables au moment où notre pays est englué dans une guerre asymétrique contre les forces du mal. Un vrai chef de guerre n’évoque jamais publiquement les faiblesses de son armée ! C’est un principe élémentaire de stratégie ! Nos ennemis nous écoutent, et ce genre d’affirmation venant d’un haut responsable de notre pays constitue pour eux un encouragement à persévérer dans leur sale besogne. C’est triste !

Mais le premier ministre nous laisse pantois quand il évoque la réorganisation de l’armée et des forces de sécurité. En effet, l’UPC observe qu’il a confié ces deux secteurs hautement stratégiques dans l’étape actuelle de la vie de notre pays, à deux ministres dont l’incompétence est notoire. La légèreté du comportement du Ministre de la sécurité et son incapacité à manager ses troupes sont connus de tous, y compris hors du Burkina, au point qu’il est devenu un objet de risée internationale. Quant au ministre de la défense, tout le monde sait qu’au sein de notre armée, sa nomination est considérée comme une « foutaise » au regard de ce que l’on sait de son parcours académique, de son parcours professionnel, et de sa personnalité.

De manière globale, le premier ministre a tenté, devant ses camarades, de dresser un bilan flatteur de son action là où les Burkinabè ne voient que recul. Pour l’UPC, en matière de bilan, il ne sied pas de vanter son propre travail. Il faut laisser les autres apprécier. Les Burkinabè n’ont pas besoin que le Premier ministre leur dise que tout va bien. Si tout va bien, ils le constatent eux-mêmes et ils applaudissent. Or tel n’est pas le cas !

Si le Premier ministre est libre de vanter son travail devant ses soit disant « camarades », ces fameux « camarades » qui le traitent d’intrus et réclament à cor et à cri sa tête, il n’est pas autorisé à diffamer les partis de l’opposition. Notre parti observe que c’est devenu une habitude pour nos premiers responsables de causer « dèguè » et plus le temps passe, plus on voit resurgir la vielle arrogance qui a fait tant de mal à ce pays. Mais alors que seuls les caciques du MPP excellaient dans cet exercice, depuis quelques temps, l’apprenti politicien sorti de nulle part qu’est le Premier ministre se prend lui aussi au jeu. Peu au fait des péripéties de notre histoire politique récente, maitrisant mal les arcanes de son propre parti et les luttes d’influence qui s’y déroulent actuellement, il se plait à répéter les formules toutes faites qu’il a entendu dans ses conversations avec les caciques du régime, achète des vielles bagarres qui le dépassent, et utilise des expressions mal à propos dans le souci de se donner une légitimité d’insurgé. On le comprend, car il doit faire dans la surenchère pour essayer de donner des gages à une famille politique qui ne l’a jamais accepté, et s’identifier à une population dont il a suivi le combat historique sur les écrans de télévision. C’est son problème. Mais si, voulant jouer au « camarade », il se perd dans des accusations sans fondement contre l’UPC, qu’il sache qu’il aura la réplique qu’il mérite.

Ouagadougou le 5 Décembre 2017
Pour le Bureau politique national de l’UPC,
Le Secrétariat national chargé des affaires politiques

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