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Norbert Zongo : « Le pire n’est pas la méchanceté des gens mauvais mais le silence des gens bien. »

Norbet Zongo était un intrépide combattant de la liberté. Né à Koudougou, il obtient son baccalauréat en 1975. Il est enseignant depuis 1971.  Il enseigne à et à Ouagadougou. Comme journaliste, il commence sa carrière en 1986 au sein de l’organe officiel Sidwaya puis au Carrefour africain. Il fonde en 1993 L’Indépendant. Il dénonce alors la corruption qui gangrène l’État et s’oppose au régime de Blaise Comporé. Parce qu’il croyait en plus de justice, de paix, de liberté et de démocratie, Norbert Zongo a été sauvagement assassiné il y a maintenant 18 ans (13 décembre 1998 au 13 décembre 2016).

Après avoir commencé une enquête sur la mort mystérieuse de David Ouedraogo, chauffeur de François Compaoré, (frère du président burkinabè Blaise Compaoré), Norbert Zongo est assassiné le 13 décembre 1998, avec ses compagnons (Blaise Ilboudo, Ablassé Nikiéma et Ernest Zongo), soulevant une très vive émotion à Ouagadougou, à travers tout le pays mais aussi dans les pays voisins. En réaction, de nombreuses manifestations ont eu lieu dans tout le pays, les plus violentes ont été enregistrées à Koudougou (à l’ouest de Ouagadougou), où était né Norbert Zongo. Les partisans du pouvoir organisés en milice et armés de gourdins se sont livrés à une chasse aux manifestants dans plusieurs villes du pays. Et dès lors, les manifestations sont légions dans toutes les strates du pays. Les élèves et étudiants, les différents assoiffés de justice et de liberté, tous manifestent chaque 13 décembre dans tout le pays pour réclamer justice pour Norbert Zongo.

Les enquêtes sur la mort de Norbert Zongo

Plusieurs enquêtes ont été menées pour connaitre les commanditaires et les assassins de Norbert Zongo et de ses compagnons. En outre, cédant au mécontentement populaire, le président Blaise Compaoré laisse une enquête judiciaire s’ouvrir. En sept ans d’instruction, un seul suspect, Marcel Kafando, un adjudant de la sécurité présidentielle, a été inculpé, mais le témoin l’accusant s’est rétracté au cours d’une confrontation judiciaire.

En août 2000, ce fut au tour de cinq membres de la garde présidentielle d’être inculpés du meurtre de David Ouedraogo. Marcel Kafando, Edmond Koama et Ousseini Yaro, également suspectés dans l’affaire Zongo, furent reconnus coupables et condamnés à des peines de prison. Edmond Koama est décédé le 4 janvier 2001.

Le procès Zongo s’est conclu par un non-lieu le 19 juillet 2006 qui a provoqué un tollé international.

En décembre 2012, la famille du journaliste, les avocats de la partie civile et le Mouvement burkinabè des Droits de l’Homme et des Peuples (MBDHP) saisissent la Cour africaine des Droits de l’Homme et des Peuples à Arusha. La cour se déclare compétente le 21 juin 2013 pour le dossier. Le 28 novembre 2013, les juges passent au jugement de l’affaire, qui est délibérée le 28 mars 2014. Dans son arrêt, la cour a condamné l’État burkinabè pour avoir « violé les droits des requérants à ce que leur cause soit entendue par la justice nationale ». Cette décision a sonné comme une réouverture du dossier Norbert Zongo.

Avec l’avènement de la période transitoire au Burkina Faso, la flamme de l’espoir illuminait les cœurs des Burkinabè. Mais, quelle n’a pas été leur plus grande surprise après la Transition ? En fait, le dossier Norbert Zongo qui avait été mis en « mode téléchargement » pendant la Transition semble être en « mode avion » à cette période post-transition.

Des journalistes étrangers et une commission d’enquête internationale ont mené des enquêtes vers d’autres membres de la garde présidentielle burkinabè. Une commission d’enquêtes indépendantes a été également mise en place. Cette commission indépendante a conclu que la mort de Norbert Zongo était due à des motifs purement politiques, en raison de ses investigations au sujet de la mort après torture de David Ouedraogo, chauffeur de François Compaoré. Ce dernier fut inculpé du meurtre de David Ouedraogo en janvier 1999. Le tribunal militaire abandonna ensuite les charges retenues contre lui.

Reporters sans frontières (RSF) a affirmé le 20 octobre 2006 que le rapport d’enquête de la Commission d’enquête indépendante (CEI) sur l’assassinat de Norbert Zongo avait été expurgé d’éléments mettant en cause François Compaoré, le frère du président Blaise Compaoré, et un homme d’affaires proche du pouvoir, Oumarou Kanazoé. Plusieurs fois cités dans cette affaire, Compaoré et Kanazoé ont toujours nié toute implication.

Le journal L’Événement a repris l’enquête de RSF et François Compaoré a porté plainte pour diffamation contre le journal. Le 8 janvier 2007, l’affaire est passée devant le tribunal de grande instance de Ouagadougou, mais faute de l’original du journal, l’audience a été envoyée au 22 janvier.

Mais jusqu’à ce jour 18e aniversaire de la mort du journaliste indépendant, le constat reste décevant. Les Burkinabè attendent toujours que justice soit rendu à Norbert Zongo qui a disparu dans les flots ensanglantées des vampires insatiables du sang des innocents assoiffés de justice. 18 ans, ce n’est pas 18 mois, ni 18 jours. C’est en réalité 6570 jours dont 157680 heures. C’est dire que la justice burkinabè avait tout ce temps pour faire avancer le dossier, mais la déception reste le résultats obtenu après ces 6570 jours qu’avait la justice pour rendre justice à Norbert Zongo. Comme il aimait à le dire, « le pire n’est pas la méchanceté des gens mauvais mais le silence des gens bien ». Le silence des Burkinabè est coupable. La méchanceté des gens mauvais a conduit Norbert Zongo dans la tombe et le silence des Burkinabè l’a plus englouti dans sa tombe.

Les dépôts de gerbes de fleurs et les différents évènements de commemoration en la mémoire de Norbert Zongo sont bien, mais le plus important serait de lui rendre justice car la théâtralisation des évènements ne lui sert à rien.

Collectées par Armand Kinda

Infowakat.net

 

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