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OPINION: Présidentielle 2015

Le sondage de Honko, publié pour la première fois par le journal Bendré, donne des indications assez sérieuses sur le scrutin présidentiel du 11 octobre. Ce sera à la fois une compétition des personnalités, mais et surtout des appareils politiques.

La première chose qui saute aux yeux, beaucoup plus que le classement des deux premiers champions de la compétition, Roch et Zéph, c’est le rang des personnalités qui viennent juste de proclamer leur candidature. Il a beau avoir occupé des postes prestigieux au niveau national et international Djibril Bassolet fait  presque jeu égal avec Saran Sérémé. 7% pour le premier et presque 6% pour la patronne du PDC. Dans le même registre Tahirou Barry du PAREN fait mieux que Jean Baptiste Natama, ancien directeur de cabinet de Nkosazana Dlamini Zuma, la présidente de la Commission de l’Union Africaine (UA). Il s’en suit donc que la question des appareils politiques, leur notoriété et leur implantation risquent de jouer un rôle important dans l’issu de la présidentielle d’octobre 2015. Il y a d’autres questions qui vont forcément peser dans la balance. 

La configuration possible à l’heure actuelle. Elle est basée sur des indications qui ordonnent notre société jusqu’à présent. Il y a l’aspect communautaire, le fait religieux, les considérations coutumières et puis les « sensibleries » intellectuelles.

L’aspect communautaire est celle qui structure profondément notre vie nationale. Personne ne veut pourtant ouvertement l’admettre. C’est notre inceste national, personne ne l’assume ouvertement, même si chacun lui donne libre cours dans les replis de son subconscient. Parce qu’on ne veut pas l’admettre ouvertement, il n’y a pas de réponse bien construite et structurelle à la question. Comme elle est niée, elle sera encore un déterminant inconscient mais important de la décision finale pour bon nombre d’électeurs. Sur cet aspect il y a deux attitudes possibles. La victimisation et la négation. Les deux attitudes ont des revers. Une société civile bien consciente aurait pu contribuer à la marginalisation de cette donne clivante. Malheureusement la société civile burkinabè n’a jamais su adresser de façon convenable les questions structurantes.

Le fait religieux émerge et se cristallise. A l’occasion de la désignation du président de la transition, le fait religieux est apparu très clairement. Le cardinal et le clergé catholique ont su habilement par leur attitude, en circonscrire les effets dévastateurs. Mais pour la présidentielle, c’est une donne qui va resurgir. Les deux principaux candidats sont tous de la même obédience religieuse catholique. La différence pourrait se jouer dans la configuration de leur appareil politique. De ce point de vue, sauf erreur de notre part, il y a un avantage comparatif en faveur du MPP dont le trio de tête ; Roch, Salif et Simon sont comme par hasard de ce point de vue assez typés. Au niveau de l’UPC Nathanaël Ouédraogo est bien fils de pasteur, mais il ne pèse pas du même poids que Simon dans la vie et dans les instances de son parti. En fonction de comment Roch et Zéphirin vont, à leur niveau individuel, goupiller le fait religieux, ils donneront de la quiétude à la campagne électorale et se donneront les moyens de remporter la présidentielle et créer les conditions d’une gouvernance apaisée. Mais les représentants des trois religions seront attentifs aux combinaisons implicites et aux discours qui seront tenus.

Le troisième déterminant va être incontestablement les considérations coutumières. Les chefs coutumiers jouent un rôle important qui va être encore accentué au regard du rôle considérable joué par Naaba Baongo depuis l’insurrection de fin octobre. On ne peut pas imaginer qu’après cette intermédiation suscitée et souhaitée, naaba Baongo et la chefferie coutumière n’aient pas leur mot à dire quand viendront les choix de la présidentielle. Il faudra donc observer comment ces gardiens de la tradition vont se distribuer autour des deux grands candidats. Ce sera en arrière plan le match le Larlé contre le Poé, avec les alliances dans le pays profond. Dans ce match, la région du Boulgou sera scrutée de très près. Ces dernières années un irrédentisme Bissa était en formation contre l’autorité coutumière et traditionnelle du Tenkodogo. Ce défi traditionnel va-t-il se traduire dans le champ politique et recouper les lignes communautaires ? Il est possible que ce ne soit pas systématique. Le Garango, par exemple, n’a jamais été très favorable à cet irrédentisme, contrairement à un Bittou. Avec la mise hors jeu ou plutôt l’affaiblissement politique de Alain Yoda, on va voir comment ce mouvement va évoluer.

Enfin les sensibleries intellectuelles des « lettrés ». Depuis Ki Zerbo en passant par le PCRV les sensibilités idéologiques ont conditionné la formation des opinions, mais n’ont pas encore permis ni d’élire un président ni de constituer une majorité parlementaire. Cette fois encore, leur influence sur le vote sera à la marge. Surtout après les vicissitudes de la gouvernance CNT et des reniements successifs du gouvernement de la transition. Il est possible que l’ancienne et traditionnelle société civile, les syndicats traditionnels et certaines organisations droit de l’hommistes, reprennent du poil de la bête. Sauf qu’elles chevauchent de faux chevaux, comme la question des candidatures indépendantes, qui comme le montre le sondage  de Honko ne constituent pas une réelle préoccupation des électeurs (Pour les candidatures indépendantes aux élections législatives et municipales, 50,5% sont défavorables contre 38,3% qui sont favorables).

En ce qui concerne les deux premiers du sondage de Honko, le pronostic d’un match au sommet et au deuxième tour qui est annoncé risque fort bien de se produire. Par contre même si c’est le deuxième sondage qui le donne gagnant, la victoire du patron de l’UPC est loin d’être acquise. Elle n’est pas impossible cependant. Le gros risque viendrait aussi d’une conséquence des couplés. Il est fort probable que nous ayons pour la première fois de notre histoire, une cohabitation politique. Les institutions de notre pays auront-elles assez de force et de souplesse pour y faire face, on peut en douter.

 

Newton Ahmed BARRY

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