Il est 19 heures, les rues de la zone d’activité diverses de Ouagadougou (ZAD) grouillent d’un beau petit monde. Si la ZAD à la base est destinée à accueillir des activités commerciales formelles, et bien le constat est pour le moment tout autre à cette heure de la journée. C’est un weekend de surcroit, donc certains ouagalais s’adonnent à cœur joie à l’activité qui leurs plait, chacun selon sa convenance.
Tel un time laps, les choses se succèdent durant la journée comme si la destination finale était prévue dès l’aurore. Un tour de repérage à moto, et la carte mentale de la zone est imprimée dans notre esprit.
Mais ce qui retient notre attention, c’est la cohabitation tacite, libre et spontanée dans cet écosystème nocturne. Il y a en effet un peu de tout pour tous les goûts.
Si les « tchiza » professionnelles, ou les travailleuses du sexe pour certains, s’apprêtent de leurs côtés à prendre leurs clients d’assaut, d’autres pour leur part viennent se défouler, « s’enjailller » ou se détendre d’une autre manière.
Absorbés par le décore, nous manquons de peu d’être renversé par un patineur sur goudron. Tout de suite notre patineur, assez bien équipé accepte se prêter à nos interrogations sur ses motivations. Martin, puisque c’est ainsi qu’il se prénomme, nous confie, sourire aux lèvres qu’il « kiff ce sport parce que ça fait travailler tout le corps ». Et son plus grand plaisir, c’est le fait de se sentir sur ses chaussures roulantes.
Nous garons notre moto dans un parking improvisé pour reprendre notre parcours, mais cette fois-ci à pieds. Nous dépassons quelques couples en rendez-vous galant dans quelques coins sombres, avant de tomber nez à nez avec un sexagénaire qui venait de finir son footing. Fonctionnaire à la retraite, M. BARRO fréquente les rues de la ZAD depuis une vingtaine d’années. Lui aussi tout joyeux nous explique que s’il est « toujours en vie c’est en partie grâce au sport ». Le footing pour lui est très relaxant au point où il le préfère à la bière.
Et en parlant de bière, nous décidons de faire un crochet dans un des ces maquis de nuit de la zone, espérant y trouver un compagnon de fortune. Mais c’est peine perdue, personne ne veut se prêter à l’exercice.
Plus loin nous rencontrons madame Abzeta, monitrice d’un club de dance. Ses élèves ou ses clients, sautillent, se tortillent, le tout en suivant le rythme de la musique imposée par leur maitresse. Et ils n’ont pas l’air de s’en plaindre.
En plus d’être un cadre distractif et de relaxation, certains trouvent en ce biotope le cadre idéal pour réviser des leçons ou pour « bosser les sujets de psychotechnique relatifs aux concours ».
Après avoir fait un tel parcours, le constat est clair. Le Burkinabè a encore soif de vie. Et cette joie de vivre, il ne la cèdera sous aucun prétexte. Ce monde qui grouille dans ces ruelles en harmonie, témoigne par ailleurs de légendaire capacité de tolérance dont ils ont toujours su faire preuve les uns envers les autres.
Frédéric KAMBOU (Stagiaire)
Ange. L. Jordan MEDA
Infowakat.net