Les déchets ménagers, une des nombreuses gangrènes de la ville de Ouagadougou. Selon Saïdou Nassouri directeur de la propreté et de l’hygiène de la mairie de Ouagadougou, les 516 mille ménages que comptent la ville produisent un peu plus de 600 mille tonnes de déchets par an. Une partie des ces détritus se retrouvent dans des dépotoirs à ciel ouvert avec tout ce que cela comporte comme risque. Parmi ces déversoirs, il y a l’ancienne carrière d’extraction de terre pour les constructions, un quartier situé à l’Est de la ville.
Un immense pseudo cratère plein à craquer d’ordures solides, s’étend à perte de vue. L’on aperçoit encore certaines poches d’eau qui ont résisté à la chaleur du soleil après les pluies. L’eau et les déchets dégage une odeur forte qui gonfle le ventre si vous n’y êtes pas habitué.
Habitués, c’est d’ailleurs comme cela que se sentent certains riverains qui ont des habitations dans le quartier non loti de la zone. Cet état de fait ne dérange pas les riverains selon leurs dires. « Nous sommes venus trouver le dépotoir et je peux dire que sa présence n’a pas d’impact sur nous », déclare Arnold Kinda un commerçant riverain du dépotoir.
Toute la journée pour 100 francs CFA le kilo
Le constat est le même à quelques kilomètres de cette ancienne carrière (toujours dans les non lotis de Saaba). Sauf que cette fois-ci il s’agit d’une fausse transformée en dépotoir.
Au dessus de ces tas plastiques et de microbes, il y a des femmes d’un certain âge dont le gagne pain est de trier les sachets du dépotoir pour les revendre. Courbées, sans protection, et exposées à des risques de santé énormes, elles font des baluchons de plastique à longueur de journée. « Nous sommes là tous les jours, nous vendons le kilo à 100 francs », affirme l’une des femmes.
Pendant qu’elles trient les immondices, un tricycle chargé vient lui aussi déverser encore des kilos sur ces tonnes de déchets.
Madi Daboné, lui aussi commerçant près de ce dépôt d’ordures exprime son impuissance face à ce spectacle. « Les ordures dégagent des odeurs qui nous dérange mais, nous n’avons pas le choix. C’est le terrain de quelqu’un il parait et la personne demande de verser les ordures pour boucher le trou. A un certain niveau, ils viennent brûler et on est obligé de changer d’endroit parce que l’odeur nous fatigue. On sait que c’est pas bon mais comment on va faire? » dit-il.
La mairie de la commune explique l’existence de ces zones de non droit par l’absence de projets d’envergure nationale, et de budgets conséquents. Il y a aussi le faible niveau d’équipement de la commune en infrastructures.
Il y a toute foi de la volonté politique pour résoudre le problème de la gestion des ordures ménagère. En octobre dernier, la mairie de Ouagadougou a acquis 107 engins lourds parmi lesquels il y a des camions de collecte des ordures.
Nafisiatou Vebama
Infowakat.net