Un accord entre l’Union économique ouest-africaine et la France pour une réforme du franc CFA a été annoncé par Emmanuel Macron le samedi 21 novembre 2019, aux côtés du président ivoirien Alassane Ouattara. Cette réforme stipule que la France se retirait de tous les instances de gouvernances technique de l’Uemoa et l’arrêt de la centralisation obligatoire des réserves de change en France. Tout cela sous le signe de l’Eco, la nouvelle monnaie de la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest annoncée il y a quelques mois. Si pour certains Ouagalais cette nouvelle n’est que poudre aux yeux, certains y voient tout de même une avancée.

Issiaka Kaboré, déplore le fait que l’éco reste toujours rattaché à l’Euro. Pour lui, << L’éco devrait donc s’implanter comme une monnaie autonome et qui marque vraiment notre indépendance vis-à-vis du colon. Le problème, c’est que l’Eco sera attaché à l’Euro et cela va devenir compliqué après parce qu’on sait que si les pays africains ou de l’UEMOA ont besoin d’acheter des choses, ils sont obligés de convertir l’Eco, ce qui va les ramener à la France >>.

Sylvain Kaboré quant à lui pensent que ce ne sont que des déclarations politiques. << Tant que ce n’est pas le gouverneur de la BECEAO, qui va publier un décret, on ne peut rien dire >> explique-t’il.

Juste un changement de nom

Certains ouagalais comme Habibnou Masaoudou pensent que cette annonce est prématurée. Pour lui,le mouvement anti-français qui est entrain de sévir dans les pays francophones africains, ne vise pas seulement le franc CFA en lui-même. C’est le processus de fabrication, de détention et l’implication de la France dans la politique monétaire des Etats qui est rejeté. << C’est absurde qu’un chef d’Etat attende faire une annonce pareille aux côtés d’un autre chef d’Etat Français. Et c’est justement ce que nous critiquons. Aujourd’hui si on doit attendre l’arrivée d’un chef d’Etat français pour annoncer le changement du franc CFA à l’Eco, ce n’est que de la démagogie pur et simple >>.

Hamidou Zongo pour sa part insiste sur le fait qu’on ne doit pas parler de passage, mais de changement de nom opéré pour << calmer les ardeurs de la population qui veut un vrai changement sur la monnaie >>.

Il déplore le fait que les chefs d’Etat ne soient sur la même longueur d’ondes. Il en veut pour preuve le fait que << le président du Faso lors de son passage à l’occasion de la fête de l’indépendance a dit que l’Eco va se reposer sur plusieurs monnaies et ce qu’on constate actuellement, c’est que l’éco reste toujours liée à l’Euro. On devait faire des référendum dans les pays pour demander à la population sur le nom et une vrai identité de la monnaie >>.

Une avancée tout de même…

D’autres par contre pensent que l’Eco est un processus vers le vrai changement. Ainsi, Issouf Ouédraogo estime que c’est un changement positif en ce sens que cela va permettre aux Etats de la CEDEAO de contrôler leur économie.

<< Ce changement montre que l’Afrique est en train d’aller vers une liberté vrai parce qu’il y a longtemps la France contrôlait l’économie africaine plus précisément les pays de la CEDEAO. Je pense que cette action montre que les pays sont en train d’aller vers une autonomie totale >> pense Issouf Ouédraogo.

D’après les chefs d’Etat de la zone économique concernée, la parité de l’Eco avec l’euro est maintenue, c’est-à-dire que 1 euro serait égal à 655,96 Eco (selon le cours du jour).

<< C’est là où nous ne sommes pas totalement satisfait mais je pense que le travail va continuer>>, clame Issouf Ouédraogo.

Denis Lompo, commerçant, se veut assez réaliste. << On ne peut pas se débarrasser totalement du FCFA mais c’est un processus engagé et par la suite, il y aura un changement >>.

Nafisiatou Vebama
Infowakat.net