En Afrique la politique se conjugue souvent au temps de l’ethnie et de la région. Certains pays sur le continent ont sont arrivés ainsi à acter une fracture qui prend plusieurs formes. Tantôt nord sud, tantôt est ouest, cette division socio ethnique se double parfois d’une frontière religieuse hermétique entre les habitants d’une même entité étatique.
L’échec de la construction d’un état nation solide et suffisamment résilient pour résister à toute sorte de tentations jusqu’auboutistes est malheureusement passé par là. Rendant ainsi précaires les équilibres régionaux hérités de la colonisation. Car constamment soumis à la pression de forces négatives qui les manipulent et les déstabilisent à dessein. Ainsi à l’approche des échéances électorales, le pire est toujours à craindre sur le continent africain. Les extrémismes de tout bord ayant la peau dure, le risque de basculement dans la violence ne devient que plus élevé.
Au Burkina Faso, la cohabitation harmonieuse et pacifique de la soixantaine d’ethnies qui existe officiellement dans le pays est une réalité. Régie par divers mécanismes institutionnels et socioculturels de régulation ou d’autorégulation, elle a, jusqu’ici, contribué à amortir avec plus ou moins de succès, le choc des extrêmes. Au nombre de ces mécanismes on peut citer la parenté à plaisanterie dont l’usage permet de recréer parfois le lien social entre les communautés
Toutefois l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Et pour cause cet équilibre à la burkinabè dont certains demeure fragile. Car bien souvent il masque les tensions qui existent à l’interne. Celles-ci sont volontairement tues au nom d’un certain conformisme ou d’un désir de ne pas jeter de l’huile sur le feu, afin de ne pas apparaitre aux yeux de l’opinion nationale et internationale comme le pyromane de service.
Prévenir et corriger
Les dérives langagières des leaders politiques et d’opinion enivrés par la conquête du pouvoir et par un instinct de conservatisme de mauvais aloi , les propos stigmatisants à l’encontre de certaines ethnies, leur rapport au pouvoir, le manque de tolérance au sein de la population elle-même et surtout les théories nauséabondes attribuées à tort ou à raison à certaines officines obscures prouvent la nécessité d’une vigilance de tous les instants. Mais aussi surtout cela montre l’urgence de les combattre et de les déconstruire.
La volonté affichée par les koglweogos, ces groupes d’autodéfense acceptés dans une partie du pays mais rejetés dans d’autres contrées du Burkina de s’installer de force dans l’Ouest du Burkina a fait ressurgir le spectre d’un clivage Centre-Ouest, sur fond de rivalités avec les chasseurs traditionnels Dozos. Et l’on imagine bien les conséquences désastreuses d’une telle situation sur la cohésion nationale.
En remontant dans l’histoire politique on pourrait noter qu’en 1987, à la veille du coup d’Etat qui a porté Blaise COMPAORE au pouvoir, la fibre ethnique avait déjà été brandie par des prêcheurs de haine particulièrement mal inspirés, en appui à leurs thèses du renversement de régime, comme le note un universitaire averti de la question. Et cela, alors-même que la configuration du quatuor révolutionnaire de l’époque, à savoir, SANKARA, LENGANI, ZONGO, COMPAORE, qui avait pris le pouvoir en 1983 ; était la traduction sans doute assez éloquente d’une volonté de rassemblement et d’unité. Plus de trois décennies après, le chantier reste un défi à relever.
Jules SIMON
infowakat.net
1 commentaire
L’ethnie en tant que telle n’est pas un probléme elle reflete notre diversité et surtout nos identités ,le hic c’est l’utilisation de l’ethnie en tant qu’instrument de mobilisation ,de conquête ,d’avénement et d’exercice du pouvoir qui cause probléme.