L’argent, le nerf de la guerre a-t-on l’habitude de dire. Mais s’acquitter de ses impôts ou le recouvrer peut s’apparenter des fois à la guerre des nerfs au Burkina. Dans le but de comprendre les causes de l’incivisme fiscale au Burkina, une étude a été menée dans cinq (05) villes du pays, concerné trois cent seize (316) personnes de diverses catégories, le tout sur une durée de 30 jour. L’étude a été réalisée par le centre d’Information, de Formation et d’Études sur le Budget (CIFOEB).
Le taux de pression fiscal au Burkina est en baisse. Il est ausssi l’un des plus bas dans l’espace UEMOA selon le CIFOEB. En 2017, il était de 17,2% mais est passé à 16,9 en 2018. Ce qui veut dire que les recettes fiscales ne sont pas au mieux de leur forme. Cette situation peut globalement se justifier par le fait qu’il y a l’insécurité, ce qui ralenti l’activité de recouvrement.
Il y a aussi la sous fiscalisation de certaines zones en proie au terrorisme, et de certains secteurs d’activité comme l’informel et l’agriculture. Mais au-delà de ces aspects, il y a surtout l’incivisme fiscal qui empêche la mobilisation des ressources domestiques.
Pourquoi les Burkinabè ne paient pas leurs impôts ?
Selon les résultats de l’étude, la première raison tient dans le fait que « 64% des contribuables » n’ont pas confiance au système. Cette méfiance est due au fait que les crimes économiques pendant dans le circuit judiciaire n’ont toujours pas de suite. « Les gens ont donc l’impression de contribuer au bien être d’une catégorie de princes » explique Tidiane KABORE, inspecteur des impôts.
Outre cette méfiance il y a la perception que les impôts et taxes payés ne participent pas à l’amélioration des conditions de vie des citoyens. L’enquête a aussi révélé que les contribuables ne se sentent pas redevables parce que la gouvernance actuelle ne favorise pas la participation au débat public sur la fiscalité.
Toutefois, tous ces facteurs expliquant l’incivisme fiscale ont un relent sociologique. En effet, l’impôt, de l’entendement d’une catégorie socio-économique bien donnée est le prolongement de l’impôt colonial.
Comment l’incivisme fiscale se manifeste ?
L’incivisme fiscal au Burkina se manifeste de diverses manières. Il y a entre :
- L’usage de faux documents ;
- Le refus de souscription aux déclarations, et quand bien même elles sont faites ne sont pas réglées ;
- La dissimulation de chiffre d’affaire;
- L’abus du régime dérogatoire;
- La manipulation des chiffres de transferts pour faire croire à une insuffisance de marge, etc.
Il est donc plus qu’urgent au vu des résultats de cette étude de repenser la communication autour de l’importance que revêt l’impôt et la taxe pour le fonctionnement de l’Etat, mais aussi de rendre plus crédible le système. Et cela passe par l’apurement des crimes économiques dénoncés par les institutions dont la mission est clairement la lutte contre la fraude et la corruption.
Ange L. Jordan MEDA
Infowakat.net
