Sous le régime déchu, la collusion entre le pouvoir traditionnel et le pouvoir politique au Burkina Faso était devenu un fait banal. Deux ans après son arrivée aux affaires, le MPP, le parti au pouvoir, n’a pas tenu son pari d’une déconnexion totale entre les deux entités. La discorde autour du dossier brûlant de la réouverture de l’usine faso fani en est la preuve.
Ils crient quasiment à la trahison, les chefs traditionnels de la ville de Koudougou. Et ils en appellent ni plus ni moins qu’au respect de la parole donnée par le candidat Roch Marc Christian Kaboré lors de la présidentielle de 2015.
Ce dernier en voulant effectivement s’attirer les faveurs de la cité du cavalier rouge avait promis de tout mettre en œuvre pour que l’usine faso fani, jadis fleuron de l’industrie textile au Burkina, rouvre ses portes dans la même localité de Koudougou. En guise de quoi les chefs étaient descendus dans l’arène politique pour rabattre le bétail électoral.
Sauf que pour l’implantation de la nouvelle usine, c’est la ville de Ouagadougou qui a été finalement choisie au détriment de celle de Koudougou. D’où la colère des traditionnels qui craignent de perdre la face devant leurs sujets, si ce n’est déjà le cas. En plus, bien évidemment, des retombés économiques qui vont filer en direction de la capitale.
Pour les têtes couronnées, le Chef de l’Etat doit respecter ses engagements. Elles estiment avoir respecté leur part du contrat et refusent d’être les dindons de la farce.
Interrogés, certains burkinabè estiment qu’il s’agit d’un marché de dupes. D’autres n’hésitent pas à renvoyer les deux parties dos à dos.
Pour sa défense le gouvernement affirme que le site de la future usine relève d’un choix d’opportunité stratégique qui aurait été fait en toute indépendance par les investisseurs turcs. Un argument qui ne satisfait pas les coutumiers qui sont montés au créneau pour taper du poing sur la table.
Au Burkina Faso, la politisation de la chefferie traditionnelle reste toujours d’actualité. Aussi bien l’opposition que la majorité présidentielle, chaque camp s’emploie à faire la cour aux bonnets rouges afin de profiter de leur aura.
Dans la récente crise entre les syndicats de l’éducation et le gouvernement, c’est grâce à la médiation du Mogho naba et d’autres structures religieuses et associatives qu’un accord a finalement été trouvé entre les deux parties.
Jules Simon
infowakat.net