Ceci est une déclaration émanant du Forum Electoral des Médias d’Afrique (FOREM) portant sur les élections présidentielles au Mali, qui ont connu la victoire du candidat sortant, Ibrahim Boubacar Keita avec 67,2% des suffrages contre 32,3% pour son challenger, le chef de l’opposition, Soumaila CISSE. Le FORUM considère que « ces élections ne devraient en aucun cas nous satisfaire ». Lisez plutôt :
Le 12 août 2018, les résultats officiels du second tour de l’élection présidentielle malienne ont été livrés. Ils donnent le président sortant, Ibrahim Boubacar KEITA vainqueur avec un score de 67,2% contre 32,3% à son challenger, le chef de l’opposition, Soumaila CISSE.
Le Forum Electoral des Médias d’Afrique, FOREM, prend acte de ces résultats qui traduisent à n’en point douter une volonté exprimée de la part des différents acteurs concernés (pouvoir comme opposition, société civile, communauté africaine et internationale, médias) de ne pas prendre le risque d’un vide juridique, en n’organisant pas lesdites élections au terme du mandat de l’actuel Chef de l’Etat élu, en 2013.
Dans le contexte malien marqué par une instabilité consécutive aux violences exercées principalement sur la partie nord du pays par les groupes armés et terroristes depuis 2011 avec la chute du régime libyen de Mouammar Kadhafi, du fait de la guerre qui lui avait été déclarée quelques mois auparavant par une coalition occidentale conduite par la France et la Grande Bretagne, aurait sans doute été problématique.
Toutefois, le FOREM, ne saurait se satisfaire de l’organisation de ces élections qui ont montré de nombreuses et graves failles, tant du point de vue de la forme que du fond.
En effet, le taux de participation de 34,54% (moins de 4 maliens sur 10) ne devrait en aucun cas être une source de satisfaction pour tout démocrate digne de ce nom. Bien au contraire cela constitue un motif d’inquiétude.
A quoi sert-il donc d’organiser des élections à grands frais si c’est pour se retrouver in fine avec trois quarts de la population qui s’en désintéresse dangereusement ? La justification d’une faible culture électorale devrait-elle suffire à masquer les insuffisances constatées, et qui, à n’en point douter, impacteront forcément la gestion du pays dans les mois et dans les années à venir ?
En tout état de cause, il est grand temps de sortir de cette logique contre-productive pour aborder le problème qui se pose avec toute la lucidité requise et chercher des réponses appropriées, afin de ne pas se retrouver au pied de la montagne, comme dans le mythe de Sisyphe.
En outre, les graves soupçons d’irrégularités qui pèsent sur l’organisation matérielle de ces élections, à savoir, violences physiques, assassinats de personnel de bureau de vote, saccages, pillage de matériel électoral… Doivent pousser toutes les parties à faire profil bas. En particulier, le camp qui serait éventuellement déclaré gagnant du scrutin par la Cour Constitutionnelle malienne après la validation définitive des résultats.
En tant qu’africains, ces élections ne devraient en aucun cas nous satisfaire. Car elles portent en elles les germes de la contestation (ce qui est le cas présentement) et ne rassurent pas.
Après bientôt trois décennies d’ouverture et de pratique démocratique sur le continent africain, le constat est qu’il subsiste une difficile appropriation de la gouvernance électorale dans nos pays. Celle-ci a du mal à être acceptée par toutes les parties concernées.
Au regard du cycle électoral qui s’annonce en Afrique de l’ouest (Mali en 2018, Sénégal en 2019, Burkina Faso-Côte d’ivoire en 2020…) le FOREM invite plus que jamais les autres pays concernés par l’organisation d’élections à venir, à commencer dès maintenant, à tirer les leçons du cas malien, afin de donner au monde entier la preuve de leur maturité démocratique et éviter à leurs populations respectives ainsi qu’au reste du monde, le triste et désolant spectacle d’élections contestées et source constante de discorde.
Fait à Ouagadougou le 19 août 2018
Pour le Forum électoral des médias d’Afrique (FOREM)
La Coordination
1 commentaire
Vous avez tout dit. S il y a vraiment des vrais juges à cette cour constitutionnelle, les résultats de cette élection devraient être purement et simplement annulés au motif de non représentation du Mali. Quand la coalition de l observation citoyenne note que dans 12 129 bureaux de vote sur 24 041 le président sortant arrive à 90%, soit plus de 53% de bureaux.
Il est aussi inquiétant, lorsque la cheffe de la délégation union européenne, pour avoir couvert 440 bureaux de vote sur 23 041, conclut de la transparence et régularité, soit 1, 9% de bureaux. Et elle dit qu’ il
N y a que de manquements de procédure, qui n entachent pas le scrutin, je tombe de nu.