Le procès prévu le 31 janvier 2018 contre l’agent de santé Nonguébzanga Kaboré est « une atteinte grave aux libertés démocratiques et syndicales » selon le Syndicat National des Travailleurs de la Santé Humaine et Animale (SYNTSHA) qui pense que le Gouvernement veut leur « arracher » le droit de grève qui est par ailleurs un « droit fondamental ». En soutien à leur camarade et pour le respect du protocole d’accord signé le 13 mars 2017 entre le Gouvernement et le SYNTSHA, les travailleurs de la santé, au cours d’une conférence de presse organisée ce lundi 29 janvier 2018 à Ouagadougou, ont lancé une « grève d’avertissement » de 24 heures prévue pour le mercredi 31 janvier 2018 de 00heure à 24 heures.

Deux points ont marqué cette conférence de presse du SNYTSHA. Le procès pour faits de grève contre Nonguébzanga Kaboré et l’état de mise en œuvre du protocole d’accord gouvernement-SNYTSHA du 13 mars 2017. Ces deux points sont au centre du mot d’ordre de grève de 24 heures prévu pour le 31 janvier 2018 par le SNYTSHA sur toute l’étendue du territoire national.
En effet, sur le cas du procès contre Nonguébzanga Kaboré prévu le 31 janvier 2018, le SNTSHA dénonce une atteinte grave au droit de grève parce que, selon Pissyamba Ouédraogo, « quel que soit le verdict de ce procès, l’histoire retiendra qu’un agent de la santé humaine, militant syndicaliste en grève, donc absent du lieu de travail, avait été rendu responsable et jugé pour le décès d’un patient à la place de ses collègues briseurs de grève qui, pendant au moins 04 heures, étaient censés être compétents pour adopter une conduite à tenir appropriée face à la situation ».
Pour Hamadi Konfé, Secrétaire Administratif du SNYTSHA, ce procès est « purement et simplement politique » du moment où la famille de la défunte est « prête à oublier cette histoire » et mieux, n’a pas porté plainte contre l’agent en grève ce jour. Pourtant un ministre avait, lors de l’émission controverse sur le plateau de la télévision nationale, déclaré que c’est la famille qui avait porté plainte. « Cela montre qu’il y a le politique derrière cette histoire », martèle Hamadi Konfé qui croit dur comme fer que l’intention du gouvernement est de « museler le droit de grève ». Revenant sur l’affaire du décès de la femme en 2012 qui fait l’objet de cette grève, le Secrétaire administratif a fait savoir qu’ « il n’y a pas de grève sans conséquences, surtout pas à la santé » et à Pissyamba Ouédrogo d’ajouter que la « participation à un mot d’ordre de grève ne saurait être assimilée à un délit ».

Pour les conférenciers, ce procès participe de façon manifeste à l’acharnement du pouvoir contre leur syndicat dans le but de démobiliser les travailleurs de la santé humaine et animale.
Sur le second point qui concerne la mise en œuvre du protocole d’accord Gouvernement-SYNTSHA, les conférenciers ont révélé que ce point est en « souffrance ». « Cet état de fait vient corroborer les remises en cause programmées des acquis des travailleurs par le manque de volonté réelle du gouvernement à respecter ses engagements », regrette Pissyamba Ouédraogo.
Au regard de tous ces constats faits par les travailleurs de la santé, le SYNTSHA a déposé un préavis pour une grève d’avertissement de 24 heures pour le mercredi 31 janvier 2018 de 00heure à 24 heures afin d’exiger « l’arrêt des tracasseries diverses contre les travailleurs de la santé humaine et animale notamment pour leur appartenance syndicale ; l’annulation pure et simple du procès inique engagé pour fait de grève contre Kaboré Nonguébzanga ; le respect du libre exercice des libertés démocratiques et syndicales, le droit de grève en particulier ; le respect du protocole gouvernement-SYNTSHA du 13 mars 2017 ». Le SYNTSHA note que pour l’heure, la réaction du gouvernement reste en deçà de ses attentes. Ainsi, il exhorte les travailleurs de la santé humaine et animale à se mobiliser, à ne pas céder aux actes de provocation et d’intimidation pour faire de cette lutte un succès.
Armand Kinda
Infowakat.net