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Procès du putsch de 2015 : « Il y a des moments où il faut vivre pour la patrie et des moments pour mourir pour la patrie », Lieutenant-colonel Bamba

A la suite du Colonel Omer Bationo, le Médecin Lieutenant-colonel Mamadou Bamba, celui-là même qui a lu le communiqué du CND et qui a annoncé le coup d’Etat de septembre 2015 à la télévision nationale était à la barre devant le Tribunal militaire de Ouagadougou. Complicité d’attentat à la sureté de l’Etat, meurtres de 13 personnes, coups et blessures sur 42 personnes, tels sont les faits reprochés au Lieutenant-colonel Bamba. Devant le Tribunal le Médecin Lieutenant-colonel de 56 ans a reconnu partiellement les faits.

« Je reconnais avoir lu le communiqué du CND, mais je ne pouvais pas prévoir les conséquences ». C’est en ces termes que le Médecin Lieutenant-colonel Mamadou Bamba s’est exprimé à la barre du Tribunal militaire de Ouagadougou où il devait répondre des faits de Complicité d’attentat à la sureté de l’Etat, meurtres de 13 personnes, coups et blessures sur 42 personnes.

Comment le Lieutenant-colonel Bamba a lu le communiqué

Il explique que dans l’après-midi du 16 septembre, il était au bureau du Colonel-major Moussa Tapsoba au ministère de la Défense, lorsqu’il a été informé par un ami comme quoi, le Conseil des ministres a été pris en otage. Pour lui, cela n’était pas un évènement nouveau car ça se passait à chaque fois. Vers 4 heures du matin dans la nuit du 16 au 17 septembre, il reçoit un appel du Capitaine Dao qui l’informe qu’il y a un coup d’Etat et qu’il devait lire un communiqué à la télévision nationale le lendemain.  Le Lieutenant-colonel indique qu’il a été choqué par la nouvelle et entrevoyait déjà les problèmes. A ce moment précis, il était dans un dilemme fallait-il  accepter de lire le communiqué ou refuser.

Face à cela, il a accepté d’y aller et préserver la sécurité de sa famille. C’est sur ce, que le Capitaine Dao l’appelle une deuxième fois pour lui dire de se mettre en tenue terre du Burkina et se rendre à la télévision nationale. Arrivée sur place, le Capitaine Dao qui l’attendait lui remet un cartable contenant le communiqué. Après la lecture du premier communiqué, ils sont restés à la télévision où, il « pleuvait » maintenant les communiqués. Le Lieutenant-colonel Bamba assure au Tribunal qu’il ne sait même pas combien de communiqué il a lu dans la journée du 17 septembre. Après cela, il est reparti avec le Capitaine Dao au niveau du Conseil, vers 17 heures, ils se sont rendus à la présidence où il a rencontré le Général Diendéré qui était dans une salle avec des officiers. Par la suite, il est allé patienter dans une salle quelque temps après, il est sorti trouver que tout le monde était parti. Toutefois, on l’informe que le Général était à Laïco hôtel et il embarque pour l’hôtel. Sur place, il trouve que le Général et les officiers étaient en réunion avec les ambassadeurs des Etats Unis et celui de la France et les représentants de l’Union européenne, de la CEDEAO et des Nations unies. Après la réunion, il assure avoir demandé à l’ambassadeur des Etats Unis d’user de toute son influence pour que les choses se calment.

Les 5 millions de Fatou Diendéré

C’est ainsi, dit-il qu’il a expliqué à l’ambassadeur comment il a été embarqué dans les évènements et ils sont restés en contact. Après la réunion, le Lieutenant-colonel affirme qu’il est reparti au niveau du camp Naaba Koom II et y est resté car, il avait peur pour sa sécurité étant donné qu’il avait assisté à des réunions et qu’il avait à sa possession certaines informations. C’est la nouvelle de l’arrivée des garnisons des provinces qui le poussera à quitter le camp et aller dit-il se cacher. Après ces évènements, le Colonel Salfo Kaboré l’a conseillé de se rendre. Conseil qu’il a suivi, car il a appelé le Colonel Sana du camp 11-78, de même que le chef d’état-major de la gendarmerie pour lui leur signifie sa volonté de se rendre. C’est ainsi, que le chef d’état-major de la gendarmerie a envoyé des éléments dans une voiture banalisée pour le chercher. Il déclare qu’à l’occasion de la Tabaski, Fatou Diendéré l’a remis la somme de 10 millions de FCFA pour le Colonel Karim Traoré et lui et ils se sont partagés 5 millions de FCFA chacun.

« J’aurais préféré ne pas connaitre le Capitaine Dao »

A l’audition du Capitaine Dao, ce dernier avait indiqué que c’est le Lieutenant-colonel qui avait manifesté  sa volonté de lire le communiqué, a relevé le parquet militaire. A ce sujet, Lieutenant-colonel explique qu’il a pleuré le jour où le Capitaine Dao a fait cette déclaration. «  Le jour de l’accouchement, il n’y a pas de honte. Je ne comprends pas comment quelqu’un t’appelles, te dit d’aller lire un communiqué et venir devant le Tribunal dire que c’est moi qui a dit que je voulais lire le communiqué. Je ne peux pas comprendre cette situation. Je ne suis pas du RSP. J’ai quoi à avoir dans affaire du RSP ? », s’est-il indigné. « Au moment où nous sommes, j’aurais préféré ne pas connaitre cette personne (ndlr, le Capitaine Dao). Je ne sais pas pourquoi, il m’a appelé ».

Et au parquet militaire de demander à l’accusé pourquoi, le Capitaine Dao l’appelle lui, Lieutenant-colonel pour lui dire qu’il devait lire un communiqué et il accepte ? Après avoir donné la définition d’un putsch, Lieutenant-colonel résume en disant que c’est une situation d’exception.

 « Ce n’est plus une histoire de grades. Je croyais que c’était lui l’auteur du coup d’Etat », répond l’accusé. Article 30 stipule qu’un militaire ne doit pas exécuter un ordre qui porte à la sureté de l’Etat, pourquoi a-t-il obéît, charge à nouveau le parquet militaire. « Il y a des moments où il faut vivre pour la patrie et des moments pour mourir pour la patrie et parfois, la situation commande la manœuvre », répond énigmatiquement le Lieutenant-colonel. Avait-il donc plus peur du Capitaine Dao que de la constitution du Burkina Faso ? demande le parquet. « La Constitution de ce pays ne va pas me tuer. En management, on nous a appris qu’il faut dans des situations pareilles évaluer les forces, les faiblesses, l’opportunité et la menace. Moi, après évaluation, j’ai trouvé que tous ces cadrans étaient au rouge. On n’a vu dans ce pays des capitaines qui ont fait des coups d’Etat et des colonels ont suivi », se justifie le Lieutenant-colonel. C’est sur ces entrefaits que l’audition a été suspendue pour reprendre le vendredi 28 septembre.

Belemnaba Maurice

infowakat.net

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