Le général Gilbert Diendéré, présumé cerveau du putsch manqué de septembre 2015 a refusé l’avocat Me Mamadou Kéita qui lui a été commis d’office par le Bâtonnier après le déport de ses principaux conseils à l’audience du 9 mai dernier. Mais s’appuyant sur l’article 43 du règlement de l’UEMOA, le tribunal a estimé qu’il ne revient pas à l’accusé de dicter la démarche à suivre à son conseil qui lui a été commis par le bâtonnier. L’avocat sera maintenu jusqu’à ce que le bâtonnier statue.
L’audience sur le dossier du putsch manqué qui incrimine 84 personnes (militaires comme civiles) a repris ce vendredi 25 mai 2018. Par l’arrêté 004 en date du 14 mai 2018, le bâtonnier a fait des commissions d’avocats aux accusés qui se retrouvaient sans conseil après le déport de certains avocats de la défense à l’audience du 9 mai 2018. Six (6) avocats ont été commis à ces huit (8) accusés. Ainsi, Me Mamadou Kéita a appelé à défendre le Général Gilbert Diendéré. Me Timothé Zongo est commis pour défendre Ouékouri Kossé. Me Régis Bonkoungou devrait défendre d’Abdoul Karim dit Lota Baguian, Me Alexandre Sandwidi défendra Roger Joachim Damaga Koussoubé, Me Idrissa Badini défendra Lahoko Mohamed Zerbo et Minata Guélwaré et Me Jacques Soré pour la défense d’Abdoul Compaoré.
Le général Gilbert Diendéré a refusé l’avocat Me Mamadou Kéita qui n’entend pas non plus aller contre la volonté de son client pour défendre ses intérêts. « Je ne peux pas défendre quelqu’un qui n’est pas d’accord avec ma constitution », lance-t-il aux journalistes avant d’expliquer sa position : « Est-ce qu’un médecin peut soigner un malade contre la volonté du malade ? Cela défierait la médecine. Comme le médecin, l’avocat ne peut pas défendre quelqu’un sans son consentement. Si on n’est pas d’accord sur la stratégie ni sur la méthode, il va sans dire que je ne peux pas le défendre en toute loyauté, en toute dignité et en toute probité ». Etant toujours maintenant dans ce dossier par la force de l’article 43 du règlement de l’UEMOA, Me Mamadou Kéita entend saisir le bâtonnier à nouveau pour qu’il statue sur la conduite à suivre dans ce cas de figure.
Le tribunal, conformément à l’article 43 du règlement de l’UEMOA qui a été cité dans ce cas de figure, a estimé que Me Mamadou Kéita est et reste l’avocat du Gilbert Diendéré jusqu’à ce que le bâtonnier tranche sur la question.
A la suite de Me Mamoudou Kéita, Me Ibrahim Guintinga a demandé au tribunal de prendre acte de son déport de ce dossier parce que ses clients à savoir Relwendé Compaoré et Nobila Sawadogo auxquels il a été commis d’office pour défendre leur cause ont refusé de continuer la procédure avec lui et qu’ils réclameraient leurs anciens conseils qui se sont déportés, pour la suite de l’instruction. « Il n’appartient pas à l’accusé de vous dicter la conduite à suivre », renchérit le Procureur militaire. Cette position du procureur militaire ne conforte pas celle de Me Guintinga qui rappelle que « la commission d’office ne fera pas de l’avocat un prisonnier de la procédure ». Il dit ne pas pouvoir défendre un accusé contre sa volonté parce qu’il refuse d’être « figuratif » dans la procédure. « Je ne suis pas là pour faire trainer la procédure », précise-t-il avant d’indiquer que les conditions ne sont pas réunies aujourd’hui pour lui permettre de défendre le dossier en toute âme et conscience.
Le procureur militaire qui maintient sa position selon laquelle un accusé ne peut dicter une conduite à suivre à un avocat qui lui a été commis d’office a estimé, au regard de l’explication donnée par Me Guintinga, qu’ « il y a refus de se plier à la loi ». Et à Me Guintinga de rétorquer que « la commission d’office ne fait pas de l’avocat un objet de la procédure ». « On ne peut pas forcer un avocat d’assurer la défense d’un client si les conditions de cette défense ne sont pas réunies. Je ne veux pas figurer dans le dossier. En tant qu’avocat, je veux soigner l’intérêt de mon client et si les conditions ne sont pas réunies je ne pourrai pas poursuivre la procédure », explique-t-il.
Certains des conseils commis pour les 8 accusés ont demandé un délai supplémentaire d’au moins 3 semaines pour mieux connaitre le dossier. Le tribunal leur a accordé un délai de deux (2) semaines. L’audience a été suspendue et reprendra le mardi 12 juin 2018 avec l’interrogatoire des accusés.
L’accusé colonel Omer Bakyono se retrouvait sans conseil et le tribunal a promis de faire diligence pour qu’il soit assisté par un avocat avant la reprise de l’audience.
Armand Kinda
Infowakat.net