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Procès du putsch : « Je l’ai frappé en âme et conscience, mais c’était involontaire », Caporal Saïdou Lankoandé

Le lundi 20 août 2018, le Caporal Saïdou Lankoandé était devant le Tribunal militaire de Ouagadougou pour répondre des faits de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, de complicité de meurtre de 13 personnes, coups et blessures sur 42 personnes et destruction de biens. L’accusé a réfuté les faits, cependant, il a reconnu avoir porté de coup à un manifestant.

Sur les faits de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, de complicité de meurtre de 13 personnes, coups et blessures sur 42 personnes et destruction de biens, le Caporal Saïdou Lankoandé, moniteur de sport à l’ex-RSP n’a pas reconnu sa culpabilité lors de sa comparution devant le Tribunal militaire de Ouagadougou. Appelé à s’expliquer à la barre, l’accusé a fait savoir que dans la soirée du 16 septembre 2015, il s’est rendu au camp Naaba koom II pour animer une séance de sport, sur place, on n’a sonné un regroupement pour les informer que le camp était consigné et il est resté dormir au camp. Le lendemain 17 septembre 2015, le Caporal Lankoandé a indiqué que le Sergent-chef, Zoubélé Jean Martial Ouédraogo est venu le prendre à moto pour une reconnaissance au niveau de la place de la Nation.

Sur les lieux, ils ont trouvé une foule de manifestants qui ont commencé à les lapider, en tournant vers l’OLAO en direction de l’espace course en direct de la LONAB (ex-économat), un manifestant continuait toujours à les lapider, c’est ainsi qu’il est descendu de la moto et l’intercepter et le fouetter avec sa cordelette. Après cela, ils sont retournés au camp. Dans la même journée, le Lieutenant Boureïma Zagré l’a embarqué pour une mission à Cinkassé à la frontière Burkina Faso-Togo. Quelle était la nature de cette mission ? a demandé le parquet militaire et à l’accusé de dire qu’il ignorait la nature de la mission et qu’il s’est contenté d’obéir aux ordres.

« Je me suis défendu »

Le fait marquant lors du passage du Caporal Lankoandé, est qu’il a passé tout son temps à implorer la clémence du Tribunal. Pourquoi avoir fouetté les manifestants ? demande une fois de plus le parquet militaire et à l’accusé de s’expliquer, « lorsque nous avons tourné vers l’OLAO, il a un qui nous poursuivait et nous lapidait, il fonçait sur nous, donc je me suis défendu. Je suis descendu de la moto et je l’ai intercepté, je l’ai mis à plat ventre et je l’ai fouetté avec ma cordelette », a expliqué l’accusé. « Pourquoi, les manifestants vous lapidaient-ils ?  C’est en votre âme et conscience que vous avez posé cet acte ? » – question du parquet militaire, « je ne sais pas. Mais je pense qu’il y avait un problème », répond l’accusé. « Et quel était ce problème ? », a poursuivi le parquet militaire, sur la question, le Caporal a indiqué qu’il ne connaissait pas la nature du problème, avant de se lancer dans une suite de regret qui parfois provoquait l’hilarité dans la salle.

« Aujourd’hui, je suis devant vous à la barre, c’est un problème. Je regrette ce que j’ai fait »

« Je l’ai frappé en âme et conscience, mais c’était involontaire », a souligné le Caporal. Hilarité dans la salle, rappel à l’ordre du président du Tribunal. Et au parquet militaire de demander à l’accusé de s’expliquer. « Quand je dis que c’est en âme et conscience, mais c’est involontaire, ça veut dire que je l’ai pas frappé en connaissance de cause. Et pour ça, je demande pardon au tribunal. Je suis allé à une mission avec Lieutenant Zagré, mais ce n’est pas une mission, car aujourd’hui je suis devant vous à la barre, c’est un problème. Je regrette ce que j’ai fait. Je suis fière de porter la tenue, mon père et ma mère sont fières quand je porte la tenue, comprenez –moi et pardonnez-moi  », a-t-il martelé avec le plus grand sérieux.

Après cela, l’accusé a continué en répétant qu’il demandait pardon à la victime, « si la personne que j’ai fouettée est dans cette salle ou ailleurs, qu’il me pardonne ». Ce repenti, n’a nullement ébranlé le parquet militaire, car la suite de l’interrogatoire va montrer que l’accusé n’est pas constant dans ses déclarations. En effet, à la barre, le Caporal Saïdou Lankoandé a réfuté ses déclarations lors de son audition à la gendarmerie et chez le juge d’instruction. Alors qu’il avait avoué avoir effectué des tirs de sommations, l’accusé a dit à la barre ne pas se reconnaitre dans ces déclarations. Tout compte fait, le parquet militaire a dit comprendre pourquoi l’accusé réfute ce passage et demande au Tribunal de ne tenir compte que de ses déclarations à la barre.

« C’est clair que c’est en connaissance de cause que l’accusé est allé à la place de la Nation pour réprimer et faire usage de son arme », Me Somé

Pour Me Séraphin Somé de la partie civile, l’accusé a fait montre d’une résistance à dire les choses clairement. « Quelles sont les missions d’un moniteur de sport ? » – a bien voulu savoir Me Somé. Réponse de l’accusé, « être moniteur de sport ne veut pas dire qu’on ne peut pas porter la tenue et faire des missions comme les autres éléments ». « C’est pour diriger le sport que vous étiez à la place de la Nation ? », continue Me Somé. « Là où j’étais ne veut pas dire qu’un moniteur de sport ne doit pas se trouver là-bas. », rétorque l’accusé. Pour Me Séraphin Somé, c’est clair que c’est en connaissance de cause que l’accusé est allé à la place de la Nation pour réprimer et faire usage de son arme de dotation et est allé à la frontière pour chercher du matériel de maintien de l’ordre. A en croire Me Somé, ces actes constituent des actes de complicité parce qu’il a aidé et assisté. A la suite cet échange, l’accusé a montré une certaine réticence à répondre aux questions de la partie civile déclarant vertement qu’il ne répondrait pas aux questions.

Quand le caporal déclare aimer l’armée

« J’aime l’armée aujourd’hui, demain et même dans une semaine encore, j’adore l’armée », telle a été une des déclarations que l’accusé a martelé à Me Guy Hervé Kam de la partie civile. Fort de ces déclarations, Me Kam demande donc à ce dernier pourquoi, il retire certaines de ses déclarations, s’il aime tant l’armée ? Silence de l’accusé. « Contestez-vous, les P-V ? » demande encore Me Kam. Par trois fois de suite, la question lui est adressée et par trois fois de suite, l’accusé réplique qu’il a déjà répondu à la question.

« Mon client n’a ni participer à une réunion et n’est ni passé à l’acte »

Pour l’avocat de la défense, Me Babou Bama, son client n’est pas de mauvaise foi et il a le droit de remettre en cause toutes les déclarations qui ont été faites lors des enquêtes préliminaires. Aussi, a-t-il demandé au Tribunal de ne retenir que les déclarations que son client fait à la barre. Selon lui, son client n’a ni participer à une réunion et n’est ni passé à l’acte, les deux choses qui constituent le complot. Il a donc invité le parquet militaire à apporter des preuves de la culpabilité de son client. Au terme de son audition, le Caporal Saïdou Lankoandé a exprimé une fois de plus ses regrets, il a souhaité prompt rétablissement aux blessés et souhaité que les âmes de ceux qui sont morts reposent en paix. « Un homme parfois quand il tombe dans des problèmes, il faut le conseiller, voilà pourquoi je suis devant vous pour être conseiller. J’ai beaucoup appris à la MACA et je regrette », a déclaré l’accusé en guise de dernier mot.

Maurice Belemnaba

Infowakat.net

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