Actualité Articles Burkina Dossier Procès Putsch

Procès du putsch : « Ma souffrance est intérieure », confesse Soulama Seydou

Le procès du putsch manqué suit son cours. Appelé à la barre dans l’après-midi de ce mardi 17 juillet 2018 dans le cadre de ce dossier, le soldat de deuxième classe Soulama Seydou qui ne cumule pas totalement un an de service au sein du RSP, né le 15 avril 1992 et célibataire père de deux enfants, a accusé l’armée dans ce qui s’est passé pendant les évènements de septembre 2015. Il dit souffrir au plus profond de lui parce que sa jeunesse est foutue. « Ma souffrance est intérieure », confesse-t-il à la barre.

Le soldat de deuxième classe Soulama Seydou, après avoir écopé 10 ans dans le dossier de l’attaque de la poudrière de Yimdi, est accusé dans ce dossier-ci d’attentat à la sureté de l’Etat, meurtres, coups et blessures volontaires, dégradation volontaire aggravée de biens. Il a nié tous les faits à lui reprochés allant jusqu’à nier tout ce qui est consigné dans son procès-verbal d’audition devant le juge parce qu’il estime que l’audition ne s’est pas faite dans les règles de l’art.

Avant de s’expliquer sur les faits à lui reprochés, il a tenu à préciser les conditions dans lesquelles il a été auditionné par le juge d’instruction. « J’ai été menotté en culotte et conduit devant le juge. On m’a dit que si je veux vivre il faut que je coopère. Le juge m’a dit que si je veux de ne rien dire, mais que lui il sait déjà ce que j’ai fait. Quand le juge me pose une question et que je dis que ce n’est pas ça, il s’énerve et il sort. Il m’a dit qu’il veut m’aider. J’ai dit OK. Comme c’est pour m’aider il n’y a pas de problème. Tout le monde a besoin d’aide. Mais quand je veux nier un fait il s’énerve et il me dit que je n’ai pas l’âge de son fils et qu’il peut être mon papa. Mais comme il dit qu’il va m’aider je répondais dans le sens qu’il voulait. (…) A la chambre correctionnelle, le commandant voulait me taper. Il a même dit que si je fais il allait me faire sortir pour un duel avant d’aller m’enfermer à la MACA », a expliqué le soldat de 2e classe Soulama Seydou.

Lire aussi : Procès putsch : Adama Diallo demande pardon au peuple burkinabè

Revenant aux faits, il a indiqué à la barre qu’il a été contacté au téléphone par le sergent-chef Roger Koussoubé alias le Touareg le 16 septembre 2015 aux environs de 17h, lui demandant de rejoindre immédiatement le camp Naba Koom II. Arrivé au camp, il s’est rendu compte que c’est son binôme qui cherchait à le voir parce qu’il y avait un rassemblement où toute sa classe était là alors que lui il prenait toujours le thé devant sa cours avec des amis. C’est arrivé au camp qu’il était sous le commandement du sergent-chef Zerbo Lahoko Mohamed, premier accusé à comparaitre dans ce dossier.

Durant tous les évènements il affirme n’avoir « jamais eu la chance » de participer à une réunion avec des officiers. « Je ne me rappelle pas avoir eu une réunion avec un président », a-t-il répondu au parquet militaire qui demandait à savoir s’il avait pris part à la rencontre avec le président sénégalais Macky Sall. Son grade ne lui permettait pas de prendre part à ces réunions.

« Je n’ai pas tiré de roquette »

L’accusé a déclaré à la barre n’avoir jamais tiré de roquette sur le studio Abazon de Smokey. Pourtant dans son PV d’audition, il est ressorti qu’il a reçu l’ordre du sergent-chef Zerbo de tirer la roquette sur le studio. L’accusé aurait même décrit sa position de tir dans le PV. Mais à la barre, c’est le contraire qui est dit. « Je demande à être jugé sur mes propres paroles, pas sur les écrits sur papier », a dit le soldat de 2e classe, insistant sur le fait que le tribunal doit tenir plutôt compte de ses propres propos à la barre. « Je n’ai pas tiré de roquette. Si je l’avais fait j’allais le dire. Ça ne va rien me faire. Je n’ai pas d’argent pour me payer une roquette et je ne peux pas démarrer ma moto de moi-même pour aller tirer une roquette. Je n’ai jamais tiré de roquette sur où que ce soit », a expliqué l’accusé.

« Je n’ai jamais été jugé sur mes propres propos »

Tout au long de son interrogatoire à la barre qui n’a duré que quelque deux heures de temps, l’accusé a demandé que l’on considère plus les propos qu’il tient aujourd’hui à la barre en balayant du revers de la main tout ce qui est consigné dans son procès-verbal. « Je n’ai jamais été jugé sur mes propres propos. Ce sont sur des propos des gens qu’on m’a envoyé devant le juge », a-t-il dit, affirmant qu’il n’a jamais eu la chance d’avoir une confrontation pendant les auditions. « Je ne sais pas si c’est parce que je n’avais pas d’avocat que je n’ai pas bénéficié de confrontation. Ce que vous dites, c’est leur parole contre ma parole », a confié l’accusé.

« Ma souffrance est intérieure »

Le jeune soldat de 26 ans a affirmé être venu dans l’armée parce qu’il aimait le corps. Aussi, a-t-il confié que sa famille était dans des difficultés pour joindre les deux bouts comme on le dit le plus souvent, raison pour laquelle il s’est « cherché » et a pu intégrer l’armée en 2012. Il a été intégré au RSP en juin 2014 et a été radié en octobre 2015 après les évènements. « Il n’y a pas quelqu’un qui a plus mal que moi. J’accuse l’armée. Je suis jeune et ma jeunesse est en train d’être foutue. Ma souffrance est intérieure », a confié l’accusé à la barre.

L’audience a été suspendue à 17h et son audition se poursuivra demain mercredi 18 juillet à partir de 9h.

Armand Kinda

Infowakat.net

ARTICLES SIMILAIRES

Ouagadougou : Désencombrement du domaine public

INFOWAKAT

« Le destin commun de l’Europe se joue en Afrique » (général François Lecointre)

INFOWAKAT

Crise énergétique au Mali : le Niger prêt à livrer 150 millions de litres de gasoil pour pallier la situation

INFOWAKAT

Alliance des États du Sahel : La force conjointe neutralise de nombreux terroristes

INFOWAKAT

TOENI : DES GENDARMES REPARENT UN MOULIN EN PANNE DEPUIS DES MOIS

INFOWAKAT

Attaque de l’Iran contre Israël : le Dôme de fer, cette précieuse arme de défense de l’État hébreu

INFOWAKAT

Laisser un Commentaire

Infowakat

GRATUIT
VOIR