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Procès putsch manqué : « Ce n’était pas un honneur pour moi d’être de la garde rapprochée du Général », Sergent Nobila Sawadogo

Après le week-end, le procès du procès du putsch manqué de septembre 2015 a repris son droit, le lundi 23 juillet 2018. Appelés à la barre, le Sergent Sawadogo Nobila et Nébié Abdoul Nafion, ont tous rejeté les faits d’atteintes à la sureté de l’Etat, auteurs ou complices de meurtres de 13 personnes, coups et blessures sur 42 personnes et dégradation de biens, à eux reprochés.

Premier à être cité à comparaitre, le Sergent Sawadogo Nobila a donné sa version des faits tout en indiquant ne pas se reconnaitre dans ce qui lui est reproché. « Le jour du 16 septembre 2015, j’étais allé acheter les fournitures de mes enfants et ensuite je me suis retrouvé dans un maquis à Tampouy pour boire un coup, c’est là qu’un parent m’a appelé pour se renseigner sur les évènements. Je lui ai dit que je n’étais pas au courant de ce qu’il me racontait, mais que j’allais me renseigner », a d’abord relaté l’accusé. Après cela a-t-il poursuivi, il a appelé le Sergent Yonli G. Jean qui était au poste de garde pour se renseigner, ce dernier lui fera savoir que l’Adjudant-chef Major, Badiel a dit à tout le monde de revenir au Camp. A son retour au camp, il est allé se présenter au Major et demander ce qui se passait, comme réponse, le Major lui enjoint d’aller rejoindre d’autres éléments qui se trouvaient vers la résidence pour renforcer la garde.

«  Je n’avais pas de solution, j’étais paniqué »

Après cela, le Capitaine So Léonce et  Kafando Amado sont venus l’embarquer sur ordre du Major Badiel pour aller assurer la garde rapprochée du Général Diendéré. Déjà, à en croire celui-ci, il avait des appréhensions sur cette mission car, a-t-il confié, il a bénéficié d’un stage de perfectionnement sur la garde rapprochée, mais c’est une seule fois qu’on l’a affecté à ce service avec l’ancien président, Blaise Compaoré au Mali en 2014. Depuis ce temps, il n’a jamais assuré la sécurité rapprochée d’une personnalité. Donc lorsqu’on l’a affecté à la garde rapprochée du Général, il s’est dit que cela ne sentait pas bon et il a même dit à son collègue, l’Adjudant Kambou que le fait d’être dans la garde du Général, c’est qu’il y a quelque chose qui ne tournait pas rond et a demandé sa relève. Relève qui interviendra plus tard, le 21 septembre. Consigné après au camp, il s’est vu confier la garde des armes et c’est le 27 septembre qu’il a quitté le camp et est allé au Camp 11-78, (ndlr, Le Camp Général Baba Sy) le 29 septembre pour se faire enregistrer et recevoir sa réaffectation.

Le Sergent Nobila Sawadogo a-t-il effectué des missions dans la ville ? Question du Parquet militaire. Non, répond l’accusé. Pour ce dernier, il n’était pas au courant du putsch. « C’est après que j’ai entendu dire qu’il (ndlr, le Général Diéndéré) était le président, je ne pouvais pas accepter ça. Des parents m’ont même appelé pour me dire de quitter. Mais je n’avais pas de solution, j’étais paniqué, je ne savais pas quel sort on allait me réserver si je quittais. Ce n’était pas un honneur pour moi d’être de la garde rapprochée du Général », s’est justifié le Sergent Nobila Sawadogo. Pour le parquet militaire, les déclarations du Sergent sont concordantes avec celles qu’il avait données au juge d’instruction. Et à son conseil Me Toé de saisir la balle au rebond, les déclarations de son client sont claires et véridiques. Pour lui, son client n’a pas participer ni à aucune concertation, ni à l’arrestation du Président du Faso, du Premier ministre et les deux autres ministres. Par conséquent, il ne reconnaît pas les faits qui lui sont reprochés.

Nébié Abdoul Nafion, l’accusé amnésique

S’il y a une audition qui a plus ou moins agacée l’auditoire, c’est bel et bien celle de Nébié Abdoul Nafion. Déjà condamné à 10 ans ferme dans l’affaire de Yimdi, cet ex-sergent, radié des effectifs de l’armée burkinabè a nié son implication sur les chefs d’attentats à la sureté de l’Etat, auteurs ou complices de meurtres de 13 personnes, coups et blessures sur 42 personnes et dégradation de biens. « Je ne reconnais pas les faits qui me sont reprochés. Le 16 septembre, j’étais à mon poste de garde à la Radio nationale et après je suis rentré chez moi. C’est là-bas que le Major m’a appelé pour me demander de rejoindre le camp au Conseil de l’Entente et je suis arrivé au camp vers les 14-15 heures » a-t-il expliqué devant le tribunal militaire.

Lire aussi : Procès putsch manqué : Bouda Mahamado, « un bon chef de famille », selon le parquet

Avez-vous participé à une rencontre de concertation ou à un rassemblement au camp ? Lui a demandé le président du Tribunal. Négatif, répond-t-il. Pourtant,  l’accusé se souvient avoir pris part à deux rassemblements, une au camp Naaba Koom II et une autre à Ouaga 2000, avec le président Macky Sall. Toutefois, il a dit ne plus se souvenir ni des dates, ni de ce qui a été dit. « Je ne me souviens plus », a-t-il passé son temps à répéter Avez-vous appris au moins que le Président du Faso, le Premier ministre et deux autres ministres avaient été arrêtés ? Question du président. « C’est depuis mon poste de garde que j’ai appris que le Conseil des ministres a été arrêté », répond Nébié Abdoul Nafion. Sur la question de sa participation à l’expédition de Zorgho et du studio Abazon, l’accusé a affirmé qu’il n’a pas effectué une mission ni à Zorgho, ni au studio Abazon. Pourtant dans leurs déclarations de fonds au cabinet du juge d’instruction, Zerbo Mohamed et Sanou Ali (ndlr, deux compagnons d’armes avec qui ils étaient en fuite au Ghana et en Côte d’Ivoire) ont soutenu que l’accusé faisait partie de la mission.

Pour Nébié Abdoul Nafion, ce ne sont que des paroles contre sa parole. Mieux, l’accusé demande une confrontation avec Zerbo Mohamed et Ali Sanou. De plus, il reproche au parquet militaire de s’accrocher à ses déclarations du procès Yimdi, affaire dans laquelle, il a déjà été condamné. Son conseil, Me Alexandre Sandwidi estime alors que son client est cohérent dans ses propos et justement, c’est parce que le parquet n’a pas l’ombre d’une preuve qu’il est revenu sur la fuite de son client au Ghana. « Les déclarations de Sanou Ali et de Zerbo Mohamed ne peuvent pas constituer à elles seules les preuves de l’implication de mon client dans l’affaire. Le dossier est vide », a-t-il clamé.

Lorsque le procureur militaire a bien voulu savoir si l’accusé était au courant des exactions qui étaient perpétrées par ses compagnons d’armes en ville ? Nébié Abdoul Nafion répond par la négative. « Négatif, je n’étais pas au courant de ce qui se passait en ville. La seule fois que j’ai effectué une mission en ville, c’était la fois qu’on est allé donner le pain aux pèlerins. Et tout était tranquille comme d’habitude », a-t-il dit. Pour Me Alexandre Sandwidi et concernant les déclarations qui impliquent son client dans l’affaire,  peut-être que son client a été confondu à Rambo étant donné qu’ils portent le même patronyme. Il faut dire que l’audition de Nébié Abdoul Nafion, a laissé les uns et les autres sur leur soif, cela d’autant plus que l’on s’attendait à la confrontation tant voulu par l’accusé et une partie de la défense.

G. Maurice Belemnaba

infowakat.net

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