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Procès du putsch manqué de 2015 : 5 000 et 10 000 FCFA distribués aux manifestants pro-putsch

Le lundi 8 octobre 2018, Ousséni Faïsal Nanéma, était à la barre du Tribunal militaire de Ouagadougou dans le cadre du procès du putsch manqué de septembre 2015. Accusé de complicité de dégradation aggravée de biens et de recel, le jeune militant du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), n’a pas reconnu les faits.

Ousséni Faïsal Nanéma, est poursuivi pour complicité de dégradation aggravée de biens et de recel. Appelé à la barre pour s’expliquer, il a réfuté les faits. A l’entame de son audition, Ousséni Faïsal Nanéma à tout d’abord tenu à rendre un hommage à Salifou Diallo, défunt président de l’Assemblée nationale, dont il est accusé d’avoir saccagé le domicile. « Avant toute chose, j’aimerais avoir une pensée pour un homme, une icône politique, Salifou Diallo qui n’est plus de ce monde. Je lui rends hommage parce que je suis ici pour répondre des faits qui se sont déroulés à son domicile. Une icône ne meurt jamais, elle se repose », a-t-il déclaré.

« Je suis allé aux manifestation parce que je soutenais certains points défendus »

Le 16 septembre 2015, aux environs de 10 h, Ousséni Faïsal Nanéma a indiqué qu’il était à son bureau. Autour de 11 h 30, il s’est rendu dans une agence de voyage pour les différentes formalités pour un  voyage qu’il devait effectuer aux Etats unis. Après cela, il s’est rendu au siège du CDP, son parti, pour informer le président Eddie Komboïgo de son voyage afin d’avoir sa bénédiction dit-il. « J’ai tenu à l’informer parce que je ne voulais pas qu’il pense que j’ai décidé de m’en aller parce que sa candidature a été rejetée », a-t-il fait savoir. Du siège du CDP, il dit s’être rendu au jardin Yennenga, à 14 h 30. Et c’est là-bas qu’il a appris que le Conseil des ministres a été interrompu. A 16 h, il a indiqué qu’il  est revenu au siège de son parti pour « savoir s’il y a des orientations qui seront données ».

Pour la journée du 17 septembre, Ousséni Faïsal Nanéma a dit avoir appris, comme tous les Burkinabè,  le communiqué lu par le médecin-Lieutenant colonel Mamadou Bamba sur les antennes de la télévision nationale. Plus tard, il apprend sur les réseaux sociaux qu’une manifestation était prévue pour soutenir le CND au rond-point des martyrs. Il affirme qu’il s’y est rendu car, parce qu’il soutenait certains points défendus par les manifestants notamment le la tenue d’élections inclusives. C’est ainsi que Salifou Savadogo, ancien ministre de l’Environnement, est arrivé sur les lieux, mais n’a pas donné de mot d’ordre. Entre temps, la tension est montée et des jeunes qui étaient contre le CND ont été pris à partie et bastonnés.

« J’ai demandé au RSP de nous aider à éviter un affrontement chez Salifou Diallo

Vers 11 h,  Ousséni Faïsal Nanéma a affirmé avoir aperçu un groupe de jeunes qui se rendaient au domicile de feu Salifou Diallo. Une fois au domicile de l’ancien président de l’Assemblée nationale, ces jeunes ont été repoussés par les tirs de sommation effectués par les gardes qui assuraient la sécurité du domicile. Après, cela, l’accusé a fait savoir qu’il était avec des amis et a aperçu deux cargos du RSP en ville. C’est ainsi qu’il a fait arrêter le convoi et a demandé aux éléments du RSP d’intervenir au domicile de Salifou Diallo pour éviter un affrontement entre manifestants pro et anti-putschistes.

« J’ai demandé au RSP de nous aider à éviter un affrontement chez Salifou Diallo, mais également à éviter que l’on saccage son domicile. Ils m’ont demandé si je connais chez Salifou Diallo. J’ai dit oui. Et on s’y est rendu », précise-t-il. Une fois sur les lieux, les éléments du RSP ont dispersé la foule à coup de cordelettes. L’un des gardes du corps de Salifou Diallo s’est même fait tabasser par des éléments du RSP affirme-t-il et il fallu son l’intervention pour le tirer d’affaire. « Je leur ai demandé de ne pas le frapper parce que c’est un agent de sécurité de Salifou Diallo. Ils ont toutefois décidé de l’emmener au camp pour des vérifications », a-t-il relaté. C’est ainsi, que le domicile  de Salifou Diallo a été épargné une première fois.

Le 18 septembre 2015, A 17h, Ousséni Faïsal Nanéma s’est rendu à l’hôtel Libya pour la rencontre avec les chefs d’Etat de la CEDEAO. « Je suis monté dans la suite du président Yayi Boni. Son aide de camp m’a reconnu et nous nous sommes donné des accolades. Il m’a dit que Yayi Boni devait avoir une petite réunion avec le président Macky Sall. Donc, je suis allé au rond-point des martyrs », a-t-il raconté. Là, il a trouvé des vendeurs de matériels « France au-revoir ». Avec eux, il a acheté un fer à repasser, une statuette et un petit sac. Il était loin de s’imaginer que ces objets provenaient du domicile de Salifou Diallo qui avait été saccagé par des manifestants pro-putschistes. Après l’achat, il est retourné  à l’hôtel qui l’hébergeait au moment des faits. A l’hôtel, il a revendu le fer à repasser et le sac à deux agents de la réception.  Ensuite, il est reparti voir le président Yayi Boni avec qui il est resté jusqu’à 23 h 30.

Le 19 septembre, Ousséni Faïsal Nanéma, est retourné pour la troisième fois au rond-point des martyrs. Il a appris que le domicile de Salifou Diallo a été incendié et que des matériels ont été emportés. C’est alors qu’il a réalisé que les matériels qu’il a achetés proviennent du domicile de Salifou Diallo. Il a décidé alors de racheter les matériels qu’il comptait rapporter une fois la situation stabilisée. C’est finalement le 20 septembre 2015, qu’il a été interpellé par la gendarmerie. Avant cela déclare-t-il, sa chambre d’hôtel a été perquisitionnée par la gendarmerie. Lors de cette perquisition, l’accusé dit avoir perdu la somme de un million 800 mille francs CFA.

« Je ne connais pas chez Safiatou Lopez »

Est-ce que vous avez eu une conversation le 20 septembre 2015 avec le capitaine Dao, a demandé le président du Tribunal. Et à l’accusé de répondre par l’affirmative. Il précise qu’il l’a appelé pour lui demander d’envoyer des éléments à Laïco parce qu’il y avait risque d’affrontement entre pro et anti-putschiste.

« Si mon objectif était de saccager les domiciles, j’aurais saccagé les domiciles de Armand Béouindé et de Alpha Barry »

Fait-il partie de ceux qui ont saccagé le domicile de Safiatou Lopez, a poursuivi le président du Tribunal. « Je ne connais pas chez Safiatou Lopez », répond Ousséni Faïsal Nanéma. Et il fait remarquer que si son intention était de saccager des domiciles, le bilan serait plus lourd d’autant plus qu’aux encablures du rond-point des martyrs, se trouvaient plusieurs domiciles de personnalités hostiles au putsch.  « Le domicile du maire Armand Béouindé était à côté. Il y avait la maison de Alpha Barry  qui était derrière la Cour d’appel. Si mon objectif était de saccager les domiciles, j’aurais saccagé ces domiciles », s’est-il défendu. Est-ce Salifou Savadogo qui a ordonné aux jeunes de saccager des domiciles ? « Salifou Savadogo est un homme politique, mais c’est un peureux. Il ne peut pas demander aux gens de saccager des domiciles », répond-t-il. L’accusé s’est-il rendu au rond-point des martyrs de sa propre initiative ou a-t-il répondu à un mot d’ordre de son parti ? Sur ce point, il a été clair : « Chacun est allé au rond-point des martyrs de sa propre initiative ».

Répondant à une question du parquet militaire, Ousséni Faïsal Nanéma a insisté sur le fait qu’il a réalisé que les objets achetés appartenaient à Salifou Diallo quelques  seulement heures avant  son interpellation. Mais pourquoi n’avoir pas saisi la gendarmerie ou la police pour rendre le matériel volé ? a bien voulu savoir le parquet.    Et à l’accusé de faire savoir qu’il attendait que la situation se stabilise et même qu’il allait appeler Salifou Diallo pour lui remettre les matériels. « Pour moi, Salifou Diallo n’est pas mort, parce que je n’ai pas pu me recueillir sur sa tombe. Si je suis libéré, j’irai me recueillir sur sa tombe. Si je suis condamné également, j’irai le faire. Mais, je ne veux pas me recueillir sur la tombe de Salifou Diallo sans que la lumière n’ait été faite sur cette affaire », a-t-il promis.

Ousséni Faïsal Nanéma a clamé son innocence, son seul tort dit-il, c’est qu’il a approuvé le coup d’Etat parce qu’il voulait qu’on organise des élections inclusives où tous allaient participer. A en croire Ousséni Faïsal Nanéma, au terme de la manifestation de la journée du 17 septembre 2015, chaque manifestant aurait reçu 2 000 F CFA comme prix du carburant. Les manifestations se sont poursuivi les 18 et 19 septembre 2015, durant laquelle les manifestants ont perçu des sommes de 5 000 et 10 000 F CFA chacun, a indiqué Ousséni Faïsal Nanéma. Dans sa déclaration, il a fait savoir que durant les évènements, la femme de l’ancien ministre de la Sécurité, Jérôme Bougouma l’aurait contacté et lui a proposé 5 000 000 FCFA pour qu’il mobilise plus de manifestants, mais finalement c’est 500 000 F CFA qu’il a reçu le 19 septembre comme avance.

Conflit d’intérêt ?

Dans ce procès, Me Arno Sempébré, conseil de Ousséni Faïsal Nanéma défend également Dah Sami et lors de leur audition, les deux s’accusent mutuellement. Toute chose qui a provoqué une suspension de l’audience, Me Arno Sempébré a indiqué qu’il allait s’entretenir avec ses clients et se référer au Bâtonnier pour savoir s’il y a un conflit d’intérêt et s’il doit être déchargé de la défense.

G Maurice Belemnaba

infowakat.net

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