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Procès du putsch manqué de 2015 : « Dans l’armée mieux vaut garder pour soi, les opinions personnelles », Lieutenant Gorgo

Dans le cadre du procès du putsch manqué de 2015, le Lieutenant Aliou Ghislain Honoré Gorgo était devant le Tribunal militaire de Ouagadougou pour répondre de faits d’attentat à la sureté de l’Etat, meurtres de 13 personnes et coups et blessures sur 42 personnes. A la barre, le jeune officier de 31 ans a réfuté les faits.

Rarement depuis, l’ouverture du procès sur le coup d’Etat manqué de septembre 2015, l’assistance n’a eu droit à une déposition aussi cohérent qu’explicite. Le Lieutenant Aliou Ghislain Honoré Gorgo, accusé de faits d’attentat à la sureté de l’Etat, meurtres de 13 personnes et coups et blessures sur 42 personnes devant le Tribunal militaire de Ouagadougou n’a pas reconnu les faits.

« Dans l’armée mieux vaut garder pour soi, les opinions personnelles »

Mieux. Dans sa déclaration, le jeune officier a fait savoir qu’il ne cautionnait pas le putsch, mais dit-il, « Dans l’armée mieux vaut garder pour soi, les opinions personnelles ». Dans sa déposition devant le Tribunal militaire, le Lieutenant Aliou Ghislain Honoré Gorgo a indiqué qu’il était à son bureau sis au camp Naaba Koom II, lorsqu’il a reçu un appel de son chef, le Commandant Aziz Korogho, chef de corps par intérim qui voulait savoir ce qui se passait au camp, n’ayant aucune idée sur la question, il fait comprendre à son chef qu’il allait se renseigner et lui revenir. C’est alors qu’il est sorti de son bureau pour voir ce qui se passait. Pour lui, tout semblait normal, mais lorsqu’il a voulu regagner son bureau, il a vu le Sergent-chef Mohamed Zerbo surgir d’un véhicule avec un pistolet automatique en main, il a alors demandé à ce dernier ce qui se passait, mais celui-ci s’est contenté de lui jeter qu’il n’y avait rien et qu’il sera informé plus tard. Sur ce, il a rappelé son chef pour lui rendre compte et se plaindre de l’attitude du Sergent-chef à son égard. Alors, son chef l’a instruit de rassembler les éléments et qu’il était en route.

Peu de temps après, effectivement, le Commandant Korogho est arrivé, puis le Général Diendéré est venu et les ont regroupés au bureau du chef de corps pour leur informer que le Conseil de ministres a été interrompu et que les autorités de la Transition, à savoir le Président Kafando, le Premier ministre Zida et deux ministres avaient été arrêtées. De plus, il leur a indiqué qu’il devait aller au ministère de la Défense pour une réunion avec les sages et qu’après cela il donnera la conduite à tenir. Est-ce qu’il y a eu réaction après le discours du Général ? – a demandé le président du Tribunal, Négatif a répondu l’accusé, avant d’ajouter que personne ne pouvait piper mot. Et pourquoi ? rétorque toujours le président du Tribunal, «  Mais, c’est parce que c’est le Général », indique le Lieutenant.

« J’ai reçu l’ordre de faire réintégrer les éléments qui patrouillaient en ville »

Le 17 septembre, à son réveil, puisqu’il a dormi dans son bureau, il a mis la télé et « c’est là- a-t-il, « que j’ai vu un Lieutenant-colonel faire une déclaration ». Sur le champ, il est allé chez son chef, le commandant Korogho pour se renseigner, une fois de plus, ce dernier lui donne l’ordre de rassembler les éléments au carré d’armes, là, il leur informe qu’il y a d’autres éléments qui sont déjà en ville en train de tirer et fouetter les gens. Et a donné l’ordre de les faire rentrer et rester en caserne. C’est à cet ordre, confie le Lieutenant Gorgo qu’il s’est évertué à exécuter et selon lui, beaucoup d’éléments sont rentrés par la suite.

Le 18 septembre, il a, sur ordre de son chef, le Commandant Korogho, instruit le Lieutenant Koné d’assurer la mission de l’aéroport pour sécuriser l’arrivée des présidents Macky Sall et Yayi Boni. Le 20 septembre, l’accusé affirme que sur ordre de son chef, qui avait l’information selon laquelle, il y a un risque d’affrontements entre OSC, il a instruit le Lieutenant Zagré d’aller occuper la place de la Nation. Le 21 septembre, déclare-t-il, il a poursuivi sa mission de faire réintégrer les éléments en caserne. Le 22, son chef a reçu une alerte faisant état d’éléments du RSP attaqués à la soute de Yimdi et l’a instruit d’envoyer des éléments, c’est ainsi qu’il a ordonné le Lieutenant Zagré d’aller voir. Celui-ci sur place, lui rend compte de la mort d’un élément et l’autre en piteux état, sur ce, il demande au Lieutenant Zagré de rester sur place en position défensive. Le 22 septembre toujours, il a procédé au cantonnement et au désarmement des éléments, mais il y avait des protestations.

« Nous avons été taxés de traitres »

Lui et ses camarades jeunes officiers ont même été taxés de traitres. Avez-vous été menacé ? demande alors le président du Tribunal ? Pas directement répond le Lieutenant Gorgo et il explique qu’une nuit, son conducteur est venu l’extirper de son bureau et ils sont allés se mettre à couvert, car selon son conducteur, tous les jeunes officiers étaient suivis par des binômes qui avaient reçus l’ordre de les abattre, si toutefois, ils essayaient de quitter le camp.

Une autre fois, il a reçu à son bureau une dizaine d’éléments armés jusqu’aux dents qui lui ont indiqué qu’ils allaient attaquer la gendarmerie, car les pandores les harcelaient et procédaient à leurs arrestations. Il lui a fallu beaucoup de tact pour les convaincre de remettre l’armement, là également certains voulaient en découdre avec lui, foi du Lieutenant.

Au terme de sa déposition, le Lieutenant Gorgo a fait savoir que c’est finalement le 28 septembre qu’il a pu finalement quitter le camp Naaba Koom II pour rejoindre le camp 11-78, où il a reçu son ordre de mission pour le 23e RIC. Le Lieutenant Gorgo a-t-il ordonné des patrouilles en ville, a bien voulu savoir le président du Tribunal, « Négatif », répond l’accusé. Au contraire, dit-il, il s’est efforcé à faire réintégrer le camp ceux qui patrouillaient en ville. Est-ce une mission militaire de sécuriser la place de la Nation ? « Oui étant donné que c’est un ordre de mon chef militaire. Du reste, j’ai déjà effectué une mission du genre, où je suis allé sécuriser le rond-point des martyrs, pour éviter un regroupement de taximen qui voulaient grever ».

Pourquoi n’avez-vous pas quitté le camp, lorsque que vous avez su qu’il s’agissait d’un coup d’Etat ? a demandé le parquet militaire et à l’accusé de répondre qu’il s’est inquiété sur la question, mais son chef, l’a dit de continuer à exécuter les missions qui leurs sont dévolues et que c’était une histoire politique et que le Général Diendéré allait s’occuper de ça.

« Personnellement, j’étais sceptique quant à l’aboutissement d’un tel projet »

A la question du parquet militaire de savoir à qui, il impute la responsabilité du putsch, le Lieutenant Gorgo sans ambages indique « C’est le Général Diendéré et un groupuscule de réfractaires ». Et qui étaient ses réfractaires ?, poursuit le parquet militaires, l’accusé nomme le Major Badiel, le Sergent-chef Mohamed Zerbo, Moussa Nébié, Roger Koussoubé et Zouré. Etait-il personnellement opposé à ce coup d’Etat ? Le Lieutenant Gorgo répond par l’affirmative. Et Pourquoi ? « Parce que, personnellement, j’étais sceptique quant à l’aboutissement d’un tel projet. Déjà, les officiers étaient mis à l’écart. Ce n’est quand même pas des sous-officiers qui vont venir nous commander. En plus, l’ouverture de la campagne électorale était prévue pour le 20 septembre et on s’attelait déjà à cela », s’explique-t-il. En outre, il confie au parquet militaire, que quand le Général Diendéré a annoncé l’arrestation des autorités de la Transition, tous les jeunes officiers étaient effarés. Sur la question des coups et des blessures, le Lieutenant a juré n’avoir jamais donné de telle ordre. Du reste, a-t-il estimé, « un chef militaire ne peut pas donner l’ordre d’aller fouetter des gens ». A la confrontation de la déposition de l’accusé devant le Tribunal et ses déclarations sur le fond chez le juge d’instruction et la Chambre de contrôle, l’accusé a reconnu les mêmes propos et a dit les maintenir et les assumer. Relevant la régularité des propos du Lieutenant, le parquet militaire, l’a salué pour sa cohérence.

G Maurice Belemnaba

Infowakat.net

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