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Procès du putsch manqué de 2015 : « Dans quel coup d’Etat, on voit le CEMGA négocier ? », Lt Abdoul Kadri Dianda

A la suite de sa déposition le mercredi 12 septembre 2018, se prêtant aux questions du président du Tribunal, du parquet militaire et de la partie civile, le Lieutenant Abdoul KadriDiandaen a voulu à la haute hiérarchie militaire qui, selon lui, n’a pas pris des dispositions pour faire échec au coup d’Etat. Evoquant son amour pour l’armée, le Lieutenant a fondu en larmes.

« Dans quel coup d’Etat, on voit le chef d’état-major général des armées (CEMGA) négocier avec les putschistes ? Soit on est d’accord, soit on les mate ». Cette phrase du jeune Lieutenant de 32 ans, Abdoul KadriDianda, commandant du groupe d’intervention anti-terroristes et de sécurité rapprochée de la présidence du Faso et responsable de la cellule d’information du RSP traduit toute sa frustration vis-à-vis de l’attitude adoptée par le CEMGA lors des différentes crises qui ont secoué le régiment de sécurité présidentielle (ex-RSP) ayant abouti du coup d’Etat de septembre 2015.  D’abord mis hors de cause par le juge d’instruction, le Lieutenant Abdoul KadriDianda s’est vu par la suite, inculpé de faitsd’attentat à la sureté de l’Etat, meurtres de 13 personnes, incitations à des actes contraires à la discipline militaire et enlèvement et séquestration par la Chambre de contrôle et de mise en accusation du Tribunal militaire de Ouagadougou. Niant les faits à lui reprochés, le Lieutenant Dianda s’est prêté aux questionsdu parquet militaire et de la partie civile.

« Ils menaçaient même de nous tirer dessus »

A la question du président du Tribunal à savoir si le Lieutenant a participé au désarmement, l’accusé a répondu par l’affirmative, avant d’expliquer que le chef de corps par intérim Abdoul Aziz Korogho avait expliqué aux éléments qu’ils doivent déposer les armes, accepter le cantonnement et le désarmement. Etant des commandants de compagnies, leurs tâches étaient de faire respecter cette consigne. Cependant, le Lieutenant Dianda a avoué que cela n’a pas été facile, car déjà les 25, 26 et 27 septembre, des éléments étaient opposés au désarmement. « Ils menaçaient même de nous tirer dessus ». Qui étaient ces éléments ? a demandé le juge. Sans ambages, le Lieutenant cite entre autres, le Sergent-chef Roger Koussoubé, Ali Sanou, Nébié Abdoul Nafion, BoureimaZouré.

Avez-vous ordonné une patrouille au carrefour de Palace Hôtel ? demande le juge. « Non, j’ai demandé à ce que personne ne quitte le camp sans ordre ». Mais dans la soirée, il a vu certains de ses hommes en train de débarquer au niveau du camp dans le groupe, il a reconnu l’Adjudant SiétyYéet il leur a demandé d’où ils venaient et ils ont répondu qu’ils étaient allés dégager le carrefour qui était bloqué. Sur ce, il les a rappelé à l’ordre. Pendant les évènements, le Lieutenant a-t-il ordonné des patrouilles en ville a voulu savoir le parquet militaire, selon le Lieutenant Dianda hormis, le circuit habituel, il n’a jamais ordonné des patrouilles.

Et au parquet militaire de relever qu’un des éléments du Lieutenant, en l’occurrence l’Adjudant Jean Florent Nion effectuait des patrouilles. De qui recevait-il les ordres ? « Je ne sais pas » répond le jeune officier avant d’ajouter que durant tout le temps des évènements, il n’a même pas aperçuJean Florent Nion.

« Nous avons été embarqués dans une aventure donc l’issue était incertaine »

Dans ses explications, le Lieutenant Dianda a fait savoir qu’il a été embarqués dans une aventure dont l’issue était inconnue. « Je suis officier au RSP mais, sincèrement, je ne sais comment tout cela a commencé », s’est-il défendu. Décline-t-il toute responsabilité de ce qui s’est passé ? a demandé le parquet. « Pour assumer la responsabilité d’une chose, il faut que délibérément on choisit de le faire. Nous étions au camp et le problème est venu nous trouver. Durant toute la période des évènements, je me suis toujours posé la question, qu’est-ce qu’on fait ? ».

Et au parquet de poursuivre pour savoir si le Lieutenant n’a-t-il pas entendu le communiqué du CEMGA ? « Non, Sincèrement, j’ai pas eu connaissance du communiqué », avoue-t-il. Il a confié ensuite que le 23 septembre, le CEMGA l’a appelé et lui-même l’a dit qu’au niveau du camp, les hommes se sentaient loin du commandement. Il l’a même suggéré de passer ne serait-ce qu’un message à la télé, car cela pouvait calmer les hommes.

Des actes d’accusations inexistantes

Pour son conseil, Me Bali Bazemo, les déclarations de son client, de façon globale ne diffère pas de sa déposition devant le juge d’instruction. Mieux, celui-ci a apporté des précisions sur certains faits et a collaboré avec le CEMGA. Me Bali Bazemo a indiqué avoir cherché en vain les actes de complicité d’attentats à la sureté de l’Etatde meurtres de 13 personnes, d’incitations à des actes contraires à la discipline militaire et d’enlèvement et de séquestration mais, il n’en trouve pas, raison pour laquelle dit-il que le juge d’instruction avait ordonné l’arrêt des poursuites. La partie civile par la voix de Me Séraphin Somé a félicité l’accusé pour sa constance. Cependant, demande-t-il, l’accusé a-t-il des griefs contre la procédure ? Non, répond celui-ci.

Pourquoi étant commandant du groupe anti-terroriste dont la mission, entre autres consiste à libérer des otages, il n’a pas exécuté sa mission ? Cette question aura eu le mérite de pousser le Lieutenant dans ses derniers retranchements, car elle a littéralement poussé le lieutenant a exposé le fond de sa pensée sur l’ensemble des évènements qui se sont succédés au sein de l’ex-RSP.

« Le haut commandement n’a pas pris les mesures idoines. Lorsque ceux qu’on dit indiscipliné et incontrôlables agissait, on a laissé faire »

« Ce sont des choses qui se sont installées de force. Comment voulez-vous que réagissent, si le haut commandement ne prend pas les dispositions qui s’imposent. Dans mon for intérieur sans savoir qu’il s’agissait d’un coup d’Etat, j’étais déçu. Depuis mon arrivée à l’ex-RSP en 2011, jusqu’en 2015, je n’ai jamais vu cela. Les hommes qu’on dit aujourd’hui incontrôlables étaient disciplinés. Mais lorsque la crise de Juillet et de décembre a éclaté au sein du RSP contre le Général Zida, le haut commandement n’a pas pris les mesures idoines. Lorsque ceux qu’on dit indiscipliné et incontrôlables agissait, on a laissé faire. On n’a pas pris les mesures soit pour accéder à leurs revendications soit pour les sanctionner. Quand il y a un problème au RSP, il faut le régler et on n’en serait pas là. Il y a trois valeurs dans la vie d’un officier et s’il perd ces trois valeurs une fois, il les perd pour toujours, il s’agit de l’honneur, la dignité et la foi. Moi j’ai foi en l’armée. Oui, j’aime l’armée, c’est pourquoi je me suis engagé, j’aime les corps d’élites et je me suis perfectionné dans ça. Depuis quand un CEMGA négocie avec des putschistes ? Soit on est d’accord, soit on les mate » a-t-il terminé en fondant en larmes. Ces propos du Lieutenant jeta la chair de poule dans l’auditoire et pour peu qu’il soit applaudi, n’eût été fait que l’on était dans un Tribunal.

G Maurice Belemnaba

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