Actualité Articles Brèves Burkina Dossier Politique Procès Putsch

Procès du putsch manqué de 2015 : « des éléments venaient nous narguer en mode en mode film américain »

A la suite du Capitaine Seydou Gaston Ouédraogo, c’était au tour du Capitaine Oussène Zoumbri de passer à la barre du Tribunal militaire de Ouagadougou, le lundi 17 septembre 2018. Accusé de complicité d’attentat à la sureté de l’Etat, meurtres de 13 personnes, coups et blessures sur 42 personnes et incitations à des actes contraires à la discipline militaire, le Capitaine n’a pas reconnu les faits. Il s’est expliqué devant le Tribunal.

Dans la journée du 15 septembre 2015, le Capitaine Oussène Zoumbri était en formation sur la sécurisation des élections présidentielles au Royal Beach hôtel à Ouagadougou. Après la session, il est rentré à domicile au niveau du Conseil de l’Entente aux environs de 14 h 30. Entre temps, il reçoit un appel du Sergent Sidibé qui l’informe que des rumeurs sur l’arrestation des autorités de la Transition circulent, mais le Capitaine ne le croit pas. Peu de temps, l’Adjudant-chef Abdoulaye Ouédraogo l’appelle pour faire également cas des mêmes rumeurs, une fois de plus, le Capitaine ne juge pas sérieux ces rumeurs. Cependant, il regagne un de ses bureaux au Conseil et active, selon ses propos son propre service de renseignements pour en savoir davantage. Sur ce, il reçoit un appel de l’Adjudant Yaro qui lui demande une DCA pour accompagner le Général Diendéré de son domicile à la présidence. Il n’accède pas à la demande de l’Adjudant. Après, il reçoit encore un appel de Théophile Nikièma qui lui dit que le chef de corps par intérim, en l’occurrence le Commandant Aziz Korogho a demandé à tout le monde à être au niveau du camp Naaba Koom II. Il part donc au camp et arrive vers les 17 heures 30 – 18 heures.

« J’ai compris que le rubicond a été franchi »

Là, il trouve que le Général Diendéré était déjà en réunion avec les officiers. Il explique que le Général s’est excusé de ne leur avoir pas informé et de les prendre de court et leur a demandé de le soutenir en encadrant les hommes et qu’il a une réunion avec la haute hiérarchie et qu’après la réunion, il viendra leur indiquer la conduite à tenir. Le capitaine indique que dans la journée du 16 septembre, il a participé à la réunion avec les sages venus négocier. Il dit avoir même pris la parole pour demander au Monseigneur Paul Ouédraogo, si la situation avait un lien avec le rapport qu’il devait déposer.

Il assure qu’après cela, il a vu certaines personnes arpenter les arcanes du palais. Et il cite entre autres, Karim Traoré de perfectum, Adama Ouédraogo, dit Damiss et l’ancien bâtonnier Mamadou Traoré. Il affirme avoir même vu la déclaration du CND dans le bureau du chef de corps par intérim. Le 17 septembre, la déclaration du putsch tombe finalement, à ce moment précis, dit le Capitaine, il a compris que le rubicond avait été franchi.

Par la suite, il se rend à un rassemblement où le chef de corps par intérim les instruisent de rester au camp, tout faire pour maintenir également les hommes au camp et qu’il ne veut pas voir ni un élément, ni du matériel dehors, car soutient-il, il y avait déjà des éléments en ville et qu’il fallait tout faire pour les faire rentrer et réintégrer le matériels. Après cela, il a ordonné au Lieutenant Relwindé Compaoré d’aller à la place de la Nation voir s’il n’y avait pas des éléments du RSP. Le 19 septembre, il a ordonné le lieutenant Gorgo de mettre en place le dispositif de sécurité pour l’arrivée du président Macky Sall et sur instruction du chef de corps par intérim est allé chercher le Capitaine Gaston Ouédraogo à la présidence, où celui-ci rentrait d’une mission. Le 20 septembre, il est instruit toujours par le chef de corps par intérim à se rendre à l’hôtel Laïco, car il y avait un problème et que la sécurité avait du mal pour faire sortir le président Macky Sall. Il envoi le Major Koumbia Moutouan sur les lieux car effectivement les pro et anti-putsch voulait s’affronter. Par la suite, il se déporte sur les lieux, il instruit Bouda d’aller parler aux manifestants pour que ces derniers libèrent l’entrée de l’hôtel pour que le président Macky Sall puisse sortir. Chose que les manifestants ont fait.

« Beaucoup étaient d’accord pour le désarmement, sauf quelques éléments qui roulaient hors des pistes »

Le 23 septembre, il participe à une réunion avec la délégation de la CEDEAO, où le processus de désarmement, démobilisation et réinsertion est discuté, puis il fait le point à la troupe. Sur la question, rappelle-t-il, « beaucoup étaient d’accord, sauf quelques éléments qui roulaient hors des pistes ».

Le 24 septembre, le capitaine confie avoir fait le point du matériels et a recommandé au chef d’état-major général des armées (CEMGA) de faire le désarmement sur un planning progressif au regard du non seulement du volume du matériel mais, aussi au regard des menaces qui pesaient sur eux et certains mêmes les qualifiaient de traitres. Toutefois, le CEMGA a opposé une fin de non-recevoir.  Et pour montrer l’ampleur de la difficulté du désarmement, le capitaine indique  que la salle d’audience, à elle seule ne peut pas contenir tout le matériel du RSP.

« Ces éléments venaient nous narguer en mode en mode film américain »

Qui étaient ceux qui s’opposaient au désarmement demande le président du Tribunal et au capitaine de citer entre autres, Abdoul Nafion, feu le Sergent Djerma, Ollo Poda et Zerbo. « Ces éléments venaient nous narguer en mode en mode film américain », explique le Capitaine les larmes aux yeux.  Le 26 septembre a-t-il repris, ils ont essayé de poursuivre le désarmement et alors qu’il était en réunion avec le CEMGA, on leur signale un problème au camp où des éléments s’opposent une fois de plus à l’enlèvement du matériel sous prétexte qu’ils n’étaient pas au courant. « Mais qui êtes-vous pour qu’on vous informe », s’insurge le capitaine.

Il a fallu négocier et parler aux hommes pour pouvoir faire sortir les véhicules, foi du Capitaine. Après cela, le capitaine a dit être rentré chez lui au Conseil de l’Entente. Pendant qu’il était chez lui, il a entendu des bruits de moto, sorti se renseigner, il apprend qu’il s’agit du Sergent Zerbo avec des éléments qui faisait le tour des postes de gardes pour dire aux hommes de ne pas remettre les armes. Dans la nuit du 27 septembre, le Capitaine raconte au Tribunal que les éléments récalcitrants ont organisé un rassemblement et ont demandé au Général Diendéré de venir leur parler.

« Le Général leur a dit que tout était fini »

Chose que le Général a fait et les ont expliqué que tout était fini et qu’ils devaient accepter les choses. Cependant, il précise qu’aucun des officiers n’a participé à ce rassemblement, car ce ne sont pas des sous-officiers qui convoquent les officiers aux rassemblements. Pour prouver sa bonne foi, le Capitaine Zoumbri a confié avoir fait sortir deux véhicules blindés qu’il a envoyé au ministère de la Défense. Le 29 septembre, poursuit le capitaine, il était à la maison, lorsque le chef de corps par intérim l’a appelé pour lui dire que le Conseil était encerclé par des éléments armés, sur le coup, il sort pour voir et constate qu’il s’agissait des éléments de l’armée. Inquiets, ses hommes lui demandent la conduite à tenir. Il donne simplement la consigne de rentrer chez eux et a été arrêté par la gendarmerie. Le parquet a voulu savoir pourquoi, le Général leur a dit de rester le soutenir et quel était le sens du soutien ? Et au capitaine de répondre qu’il s’agissait d’empêcher les éléments de faire des bêtises vu que certains d’entre eux s’adonnaient déjà à des exactions. Pour Me Adrien Nion, son client a été assez précis dans sa déposition et a réellement œuvrer pour que le désarmement soit effectif. Par conséquent, il n’est pas coupable des faits qui lui sont reprochés. Il a également réfuté l’expertise du portable de son client, notamment les SMS et a même souligné qu’ils ont demandé une expertise.

G Maurice Belemnaba

Infowakat.net

ARTICLES SIMILAIRES

Soutien aux personnes vivant avec un handicap : des motocyclettes et un forage pour la Coordination des associations de la province du Nahouri

INFOWAKAT

Ouagadougou : Désencombrement du domaine public

INFOWAKAT

« Le destin commun de l’Europe se joue en Afrique » (général François Lecointre)

INFOWAKAT

Crise énergétique au Mali : le Niger prêt à livrer 150 millions de litres de gasoil pour pallier la situation

INFOWAKAT

Alliance des États du Sahel : La force conjointe neutralise de nombreux terroristes

INFOWAKAT

TOENI : DES GENDARMES REPARENT UN MOULIN EN PANNE DEPUIS DES MOIS

INFOWAKAT

Laisser un Commentaire

Infowakat

GRATUIT
VOIR