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Procès du putsch manqué de 2015 : « je n’ai jamais décidé de moi-même d’aller en mission », Capitaine Seydou Gaston Ouédraogo

Instruit par le Colonel-major Boureima Kéré d’aller chercher du matériel de maintien de l’Ordre à Niangoloko lors du putsch de septembre 2015. Le Capitaine Seydou Gaston Ouédraogo, intendant au niveau du chef d’Etat-major particulier de la présidence  était devant le Tribunal militaire de Ouagadougou pour répondre de faits de complicité d’attentat à la sureté de l’Etat, de meurtres de 13 personnes et de coups et blessures sur 42 personnes. A la barre l’accusé n’a pas reconnu les faits. Son audition qui a débuté le vendredi 14 septembre dernier s’est poursuivie le lundi 17 septembre 2018.

A la barre Le Capitaine Seydou Gaston Ouédraogo, accusé de complicité d’attentat à la sureté de l’Etat, de meurtres de 13 personnes et de coups et blessures sur 42 personnes a réfuté les faits qui lui sont reprochés et a donné sa version des faits devant le Tribunal militaire. Selon lui, c’est aux environs de 23 heures, le 18 septembre 2015 que le Colonel-major Boureima Kéré l’a appelé pour lui dire de se préparer pour une mission le lendemain 19 septembre pour récupérer du matériel et il précise qu’il ne connaissait pas la nature de ce matériel et ne savait même pas que c’était hors de Ouagadougou. C’est ainsi que le lendemain, toujours instruit par le Colonel-major Kéré, il s’est rendu à la base aérienne, où dit-on un hélicoptère l’attendait pour la mission.

Une mission coordonnée par la hiérarchie militaire ?

Sur place, il est étonné car personne n’est pas au courant de sa mission, il rappelle le Colonel-major Kéré pour lui faire part de la situation. Finalement tout rentre dans l’ordre après interventions téléphoniques entre ses supérieurs et il embarque avec deux pilotes et un mécanicien sans connaitre la destination de sa mission. L’hélicoptère fait une escale à Bobo-Dioulasso pour se ravitailler, alors direction frontière Côte d’Ivoire, car entre temps, on lui a indiqué le lieu de l’atterrissage.

Sur les lieux, il remarque des éléments de la gendarmerie nationale venus sécuriser les lieux et un Lieutenant Ivoirien du nom de Touré, lui remet le matériel et une valise scellée qui se trouvaient dans un véhicule 4X4 immatriculé Côte d’Ivoire. Grâce à une caisse qui était cassée, le capitaine s’aperçoit qu’il s’agissait de gaz lacrymogène. Le matériel remis, le Colonel Touré avec qui il avait traité appelle pour confirmer que le matériel a été remis. Le Capitaine Ouédraogo lui demande avec qui il était en communication, le Lieutenant lui répond qu’il s’agissait du Colonel Sheriff. De retour à Ouagadougou, malgré le fait que le pilote informe que l’appareil n’était pas en bonne état, l’ordre lui est donné de se poser à la présidence pour raison de discrétion.

L’hélico se pose donc à la présidence et des pick-up embarquent le matériel. La valise scellé est remis à un homme en civile du cortège du Général Diendéré. Fin de la mission. Cependant pour le parquet militaire, cela n’est ni plus ni moins qu’un acte de complicité d’attentat à la sureté de l’Etat, car le matériel qui se trouvait être du matériel de maintien de l’ordre devrait servir pour asseoir le putsch.

« Ce qui me gêne, c’est que tous les exécutants de cette mission ne soient pas inquiétés »

Pour l’accusé, il a exécuté une mission de son chef sans pour autant savoir de quoi il en retournait. Mieux, indique-t-il la mission a été coordonnée par l’Etat-major général des armée, l’état-major de la base aérienne et l’état-major particulier de la présidence. D’ailleurs souligne-t-il, des éléments de la gendarmerie nationale ont été également envoyés pour sécuriser les lieux où il devait recevoir le matériel. Et il s’étonne de voir que toutes ces personnes n’ont pas été inquiétées. « J’étais dans mon bureau et je n’ai jamais décidé de moi-même d’aller en mission. Ce qui m’énerve, c’est que l’hélicoptère était en panne et on nous a laissé décoller au péril de nos vies », crie-t-il avec colère. Et de conclure que certaines personnes ne s’assument pas.

Selon lui, si tant  est qu’il inculpé de complicité d’attentat à la sureté de l’Etat, de meurtres et de coups et blessures, il aurait souhaité également voir être inculpés, l’équipage de l’hélicoptère, les gendarmes qui ont sécurisé les lieux, qui comme lui, ont exécuté des ordres dans le cadre de la même mission. Aussi, les chefs militaires qui ont coordonnés la mission devraient être également dans le box des accusés. A la question du parquet de savoir si c’est parce que le Général Diendéré a dit qu’il avait le soutien de l’armée qu’il a exécuté la mission ? Le Capitaine répond par la négative et de relever que ce n’est pas le Général qui l’a envoyé en mission mais, plus tôt le Colonel-major Kéré. « Ce qui me gêne, c’est que tous les exécutants de cette mission ne soient pas inquiétés », dit-il.

126 millions dans le véhicule du Capitaine

Après son arrestation, la perquisition du véhicule du Capitaine a permis de mettre la main sur la somme de 126 millions de FCFA. Pourquoi l’accusé n’a-t-il pas déclaré cette somme lors de son arrestation ? Pour le parquet l’accusé voulait subtiliser la somme. Faux, rétorque le Capitaine qui explique qu’il voulait mettre cet argent en lieu sûr, mais n’a pas eu le temps. Selon lui, au moment des faits, le RSP était dissout et en qualité de chef comptable, il voulait mettre à jour la comptabilité pour la passation de consignes. Il indique qu’il y avait également dans le véhicule, un sac de 100 kilogrammes contenant des pièces comptables qu’il gardait pour la mise à jour de la comptabilité. Il affirme que ce n’était pas dans ses intentions de subtiliser la somme. « Je n’ai pas besoin de voler de l’argent. Je veux affirmer mes compétences au sein de l’armée. D’ailleurs, sur la question, j’ai été entendu par l’ASCE. Je pense savoir que ces n’est pas pour des faits de détournements que je suis poursuivi », a-t-il déclaré. Il indique que lui et certains officiers ont fait l’objet de menaces car, ils étaient vus comme des traîtres par certains soldats « récalcitrants ».

Revenant à la charge, le parquet conclu que l’accusé savait qu’il avait affaires à des ivoiriens lorsqu’il est allé recevoir le matériel et qu’il savait également qu’il s’agissait de matériel de maintien de l’ordre qui sera utilisé pour asseoir le pouvoir du CND, par conséquent, il est coupable des faits qui lui sont reprochés.

« C’est le juge d’instruction qui avait raison »

Le conseil de l’accusé, Me Bali Bazémo ne l’entend pas de cette oreille et explique que son client n’était pas au courant de l’objet de sa mission. Il a souligné la cohérence des dépositions de son client que ce soit lors de son interrogatoire chez le juge d’instruction ou à la barre. Il précise que l’hélicoptère et son équipage n’appartiennent pas au Capitaine et le lieu d’atterrissage a été sécurisé par des éléments qui ont agi sur ordre du Capitaine. Et il cite un témoin en la personne de Hubert Somda qui était de la mission qui, lors de sa déposition a dit que le capitaine, lors d’un entretien téléphonique avec le Colonel-major Kéré a marqué son étonnement sur la destination de la mission. De plus, Me Bazémo relève que le matériel ramené par le Capitaine n’a pas été utilisé car il a été dispatché entre la gendarmerie et la police. Pour finir, Me Bazémo a fait savoir que le juge d’instruction avait raison quand il a ordonné l’arrêt des poursuites vis-à-vis de son client. Pourtant la chambre de contrôle n’a pas suivi l’avis du juge.

G Maurice Belemnaba

Infowakat.net

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