Les victimes du putsch de septembre 2015 délient leurs langues. Trois cent au départ, ce sont soixante neufs qui ont été autorisés à témoigner après concertation avec les avocats de la partie civile. Mais à l’audience du 10 avril, plus d’une dizaine étaient absents. Toute fois cela n’a en rien enlevé à la volonté des présents de déballer leurs sacs.
Parmi les victimes présentes, il y a Nicolas Kaboré, ex body Gard principal et « neveu » de l’actuel président du Faso Roch Kaboré. Dans son récit, Nicolas Kaboré raconte que le jour de la réunion à l’hôtel Laïco avec les chefs d’Etats de la CEDEAO, après avoir pénétré dans l’hôtel, s’est vu stoppé lui et son « patron » par des éléments du RSP. Après avoir tenté d’expliquer la raison de leur présence à ces derniers, et faute de consensus, « Lota et d’autres gars du RSP ont commencé à me bastonner. J’ai donc fait reculer le patron et j’ai pris les coups à sa place. Ils m’ont cogné à la tête violement et tout était devenu noir. Quand ils ont fini, eux-mêmes ils ne savaient pas pourquoi ils mont bastonné et ils m’ont donné un cachet qui a fait baissé ma douleur quelques minutes après ». Mais jusqu’à ce jour, Nicolas garde des séquelles dans le dos, aux reins et aux genoux à tel point qu’il ne peut « plus faire aucun travail ». Appelé à la barre pour confrontation, Abdoul Karim Baguian dit Lota reconnait les faits et affirme avoir « honte » de ce qu’il a fait et « ne peut expliquer la vrai raison qui a conduit à cet acte ». Et Nicolas Kaboré visiblement pas rancunier accepte ses excuses tout en demandant la paix et la réconciliation.
Les exploits néfastes du RSP ont aussi été contés par Ousmane Paré, sapeur-pompier. Ce dernier a été touché par une balle alors qu’il se rendait à la place de la nation le 16 septembre 2015 pour porter secours à un Burkinabè. « Arrivé vers le pont Kadiogo, il y avait une barricade. Un élément du RSP l’a dégagé lorsque nous sommes arrivés à son niveau. Une fois la barrière passée, à environ 100 m, le RSP a ouvert sur nous. La balle a traversé le parebrise arrière et s’est logé dans mon épaule. Elle y est toujours d’ailleurs jusqu’aujourd’hui ». Le chauffeur de l’ambulance ayant constaté la situation, changea de priorité et porta son collègue à l’hôpital Yalgado Ouédraogo où il fit deux jours de coma avant d’être transféré à l’infirmerie principale du corps pour une autre prise en charge.
Cependant au cours de l’audience le droit de témoigner a été refusé à Michel Bagbila. Elève et né en juin 1999, celui-ci aurait pu en effet se constituer de la partie civile et témoigner à la barre seulement en présence de l’un de ses parents. Le tribunal a donc décider de ne pas le laisser témoigner.
Ange L. Jordan MEDA
Infowakat.net