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Procès putsch : les gens se disent innocents mais veulent la réconciliation (Me Hervé Kam)

La journée du 12 mars 2019 marque le dernier passage du président Jean Baptiste Ouédraogo à la barre comme témoin dans le procès du putsch de septembre 2015. Elle aura été assez éreintante et irritante aussi bien pour le témoin que pour les différentes parties.

Toujours assis sur sa chaise, jambe croisées, Jean Baptiste Ouédraogo se prête aux questions. La partie civile poursuit au travers de Me PIERRE Yanogo son inquisition. Ce dernier fait remarquer qu’il est ressorti après le passage des membres de la CRADE, que ceux-ci « voulaient tous du bien du général et ont tout fait pour cantonner la situation à un énième mouvement d’humeur du RSP. Mais le général a refusé ». Maitre Yanogo ajoute que « le CMGA s’est même battu le 29 septembre pour qu’il n’y ait pas d’affrontement et que le général soit saint et sauf ».

La défense prenant la parole par Me Latif Dabo est revenue sur certaines déclarations faite par le témoin la veille. Me Dabo, emprunte le syllogisme qu’a utilisé le parquet. Et la logique du parquet voudrait que « comme le général Diendéré, est une personne ressource sollicitée par le RSP, donc il est l’instigateur de la crise. Et bien si on va dans le même sens, c’est que le président Jean Baptiste Ouédraogo, lui aussi personne ressource dans le cadre de la crise, en est instigateur ». Chose que ce dernier réfute: « moi en tant que médecin je n’ai rien n’à y avoir avec cela ».

Et maitre Dabo qui poursuit en disant qu’ « il n’appartient pas au témoin, de faire des analyses à la barre. Or c’est ce que le président, témoin ici a fait ». Il demande donc au tribunal de ne pas tenir compte de son témoignage.

Après lui, ce fut au tour de maitre Yelkouni Olivier de prendre le micro pour dénoncer le fait que le parquet veuille refuser aux accusés leur droit au silence, pourtant inscrit dans la déclaration des droits de l’homme. « Certains veulent que les témoins corroborent leurs thèses, et s’agacent quand ce n’est pas le cas » ajoute t-il. Et cela fait « six fois que je reviens sur les agissements du parquet. Le parquet n’est pas l’instituteur des avocats, il ne saurait donc nous donner des leçons sur la manière de défendre nos clients ».

Par rapport aux bombardements qui ont eu lieu le 29 septembre au camp Naaba Koom, maitre Yelkouni déclare à la fin de son argumentaire que « s’il y a eu zéro mort et blessé au camp, c’est qu’effectivement comme le dit le général, il n’y a pas eu de résistance ».

Atmosphère haute tension

Un autre avocat de la défense, Jean Dégli, pris la parole à la suite de Me Yelkouni pour féliciter la « sagesse » du témoin, le remercier d’avoir parlé de « réconciliation nationale, et demandé la « clémence du tribunal ». Selon lui en effet, « ce n’est pas parce que les gens crient vengeance qu’il faut le faire ». Il a demandé à ce que des pièces que portait sur lui le témoin soient ajoutées dans le dossier de la défense. Ces pièces au nombre de trois sont des rapports et des procès-verbaux de réunions en lien avec la charte de la transition et le RSP.

Le témoin entre temps « perturbé » par les questions « imprécises et redondantes » des avocats de la défense marque son mécontentement et demande à ce que ces derniers s’en tiennent aux déclarations qu’il a faites.

Puis c’est autour de la partie civile de prendre la parole, dans l’objectif d’opiner sur la question de l’ajout des pièces complémentaires détenues par le témoin.

Mais loin s’en faut, Me Prospère Farama très remonté par rapport aux propos tenues dans la matinée par Me Dégli, déclare : « quand on vient devant la justice, on ne parle pas de réconciliation. D’ailleurs l’humilité voudrait que le responsable de tout cela se manifeste et vienne demander pardon (…) si le général veut mettre fin à ma vie, qu’il le fasse, cela ne m’empêchera pas dire ce que je pense. Je suis Burkinabè et je le resterais jusqu’à la tombe ».

Maitre Hervé Kam lui aussi de la partie civile, appelle à la vigilance du tribunal. En effet « les gens disent qu’ils sont innocents mais ils veulent une réconciliation ». Par ailleurs « qui ne comprend pas que ce coup d’Etat a été planifié et exécuté par le général Diendéré et certaines personnes ici présentes ? » interroge t’il ? « Les gens vous demandent de prendre des décisions politiques au lieu d’appliquer le droit (…) faites ce que votre siège vous oblige à faire : être la bouche du droit ».

Cependant maitre Yelkouni riposte en ces termes : « nous ne comprenons pas pourquoi la partie civile réagit de la sorte. Il s’agissait d’opiner sur les pièces du témoin et non sur les déclarations de Me Dégli. D’ailleurs, personne ne dit que nous voulons des décisions politiques à ce procès ».

Le président Jean Baptiste Ouédraogo, était à la fin de son passage comme témoin, ce 12 mars 2019.

Ange L. Jordan MEDA

Infowakat.net

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