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Putsch manqué : L’adjudant-chef Dibloni Gbondjaté plaide non-coupable

L’adjudant-chef Dibloni Gbondjaté est le second accusé à comparaitre à la barre ce vendredi 27 juillet 2018 dans le cadre du procès du putsch manqué de septembre 2015. Il est accusé d’attentat à la sureté de l’Etat, de meurtres, de coups et blessures volontaires. L’accusé plaide non-coupable et explique les circonstances qui lui ont valu ces accusations.

Agé de 50 ans, l’adjudant-chef Dibloni Gbondjaté est marié et père de 4 enfants dont deux militaires. Il a été décoré des médailles militaire et commémorative avec agrafe Soudan. Il n’avait jamais été condamné. Aussitôt appelé à la barre, l’accusé a demandé à poser des questions au parquet militaire avant de commencer son exposé des faits. Une demande qui a été rejeté par le président du tribunal. « On commence par vous d’abord », a répondu Seydou Ouédraogo, ajoutant que dans la suite de l’interrogatoire, l’accusé aura la latitude de poser toutes les questions qu’il veut.

Du 11 au 18 septembre 2015, il était de semaine. Le 16 septembre, jour de sport dans l’armée, il était dans son non-loti au quartier Zongo de Ouagadougou d’où il a été informé par son ami journaliste de la situation qui prévalait à la présidence. Il s’est donc rendu au camp pour mieux comprendre les faits. Aux environs de l’hotêl Laïco, il a été intercepté  par un frère d’arme qu’il lui a confié que leurs « voisins ont arrêté les gars de la Transition ». Arrivé au camp le quartier était consigné. Il explique qu’ « au RSP même si un poste de police est attaqué dans le nord, il y a quartier consigné ». Leurs voisins étaient les éléments du GUS (Groupement d’Unités Spéciales) alors que lui et ses hommes étaient du GUI (Groupement d’Unité d’Intervention).

Le 17 septembre 2015, le rassemblement a été fait à 7h au vu de la situation qui prévalait. A ce rassemblement il y avait plus de 400 hommes, a révélé l’accusé. Le 17 septembre à 17h, il y a également eu un rassemblement. A ce rassemblement, le commandant Korogo lui aurait dit de dire aux hommes qui sont en ville de rentrer car « le bilan est déjà alarmant, on dénombre des morts ». « Quand il a dit ça j’avais des frissons parce que je suis Lobi et chez nous il n’y a pas de mort naturelle », témoigne l’accusé.

Lire aussi : Procès du putsch : Un mécanicien poursuivi pour meurtres

Pendant les évènements, il était chargé d’assurer la sécurité de l’aéroport  et de l’hôtel Laïco. Pendant sa mission il a dû faire face à des manifestants mais il a appris à ses hommes à ne pas se montrer menaçants face à ces manifestants. Il avait 20 hommes au jalonnement pour la sécurisation des lieux et a contribué à faciliter la circulation des chefs d’Etat de la CEDEAO, (Macky Sall et Yayi Boni). Mais sur le banc des accusés il n’y a aucun élément ayant effectué le jalonnement ce jour.

L’accusé révèle qu’il y a des jeunes qui ont été embarqués dans l’affaire sans savoir ce qu’ils font. Selon son explication, des jeunes de sa compagnie avaient été envoyés en corvée dans l’espace vide du SIAO par un sergent. Il est allé les faire ramener au camp. « Si j’étais là le 16 septembre (2015, ndlr) soir, ces jeunes ne seraient pas là-bas. Ils ne comprennent rien, ils ne savent pas pourquoi on leur a mis là-bas. Ils ont vu que c’est un chef et ils ont embarqué comme ça », explique l’adjudant-chef Dibloni.

Y a-t-il des raisons pour que certains accusés chargent l’adjudant-chef Dibloni ?

En rappel, l’accusé a rejeté toutes les accusations qui ont été faites sur sa personne par ses subordonnés, en l’occurrence le sergent Guiré. Il explique qu’il y a bel et bien des raisons pour que le soldat Compaoré Abdou et le sergent Guiré Yahaya le chargent dans ce dossier. La raison, selon son récit à la barre, est que c’est lui qui les a appelé à aller faire le dépannage en ville, chose qui serait la source de leur malheur. Pour son conseil Me Isaac N’Dorimana, ces accusés ont chargé son client parce qu’ils l’ « en veulent à mort ». « N’eut été ces trois déclarations calomnieuses, il (son client) aurait bénéficié d’un non-lieu dans ce dossier comme pour certaines personnes. La place de mon client n’est pas à la barre », soutient-il.

Le RSA est enseigné dans l’armée

Même si certains accusés disent n’avoir jamais reçu des formations sur le Règlement Service des Armées (RSA), l’adjudant-chef Dibloni persiste et signe que « sans le RSA on ne peut pas être militaire ». Il précise qu’à un certain grade dans l’armée, le RSA n’est plus enseigné. Pendant longtemps la loi était claire : « un ordre militaire s’exécute sans murmurer ». Mais avec la nouvelle règlementation, l’ordre doit être discuté et celui qui le donne et l’exécutant en sont tous responsables des conséquences qui en découleront. « Quand j’ai vu ça, j’ai dit que l’armée burkinabè est devenue dangereuse », a-t-il réagi, ajoutant que dans ce sens, un subordonné peut refuser d’exécuter un ordre de son supérieur qu’il jugera lui-même illégal.

Me N’Dorimana dit être convaincu que justice sera faite parce que « nulle part » son client a exécuté des actes matériels d’attentat. Et citant une jurisprudence, il a soutenu que « les accusations des co-accusés n’ont aucune valeur probante ».

L’accusé a été félicité par le parquet militaire qui indique qu’il n’y a pas de grande discordance dans son récit à la barre et sa déclaration consignée dans les PV.

Le président du tribunal, Seydou Ouédraogo a autorisé l’accusé à poser ses questions au parquet. Lesquelles questions sont les suivantes : « Est-ce que le parquet peut confirmer que les chefs d’Etat de la CEDEAO sont venus au Burkina Faso ? Est- ce qu’ils sont venus pour consolider le coup d’Etat ? Est-ce qu’ils ont prévu une sécurité côté burkinabè ? ».

Armand Kinda

Infowakat.net

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