Les fidèles chrétiens ont entamé le mercredi 26 février 2020 la montée vers pâques. Ce temps, dit de pénitence a débuté par l’imposition des cendres que les fidèles ont reçu à travers une célébration eucharistique. C’est ainsi parti pour 40 jours de prière, de partage et de pénitence. Pour comprendre tout le sens que renferme ce temps pour les chrétiens et savoir quel comportement adopter, infowakat.net s’est entretenu avec le père Laurent Ouédraogo, supérieur camillien, et formateur au scolasticat, Saint Camille.
IW : Qu’est-ce que le mercredi des cendres, et à quand remonte l’origine des cendres ?
PLO : La célébration du mercredi des cendres marque le début du carême. C’est un jour particulièrement pénitentiel, dans lequel le fidèle manifeste son désir personnel de conversion à Dieu. En effet en recevant l’imposition des cendres dans les églises, on exprime avec humilité et sincérité de cœur que nous voulons nous convertir et croire vraiment à l’évangile.
Les cendres elles-mêmes proviennent des rameaux consumés et bénis le dimanche des rameaux de l’année précédente, une tradition remontant au XIIème siècle. Quant à l’origine de l’imposition des cendres, elle appartient à la structure de la pénitence canonique. Elle commence à être obligatoire pour toute la communauté chrétienne à partir du Xème siècle. La liturgie concerne en elle les éléments traditionnels que sont l’imposition des cendres et le jeune rigoureux. Cette imposition représente un symbole, d’abord la condition de faiblesse et de vanité de l’homme qui avance vers la mort ; ensuite c’est la condition pécheresse de l’homme constitué de prières ardentes pour que Dieu lui vienne en aide, enfin, la résurrection : tout homme participe au mystère de la résurrection du Christ.
IW: Partant des définitions ainsi données, qu’est-ce que le carême, et depuis quand le vit-on ?
PLO : Le carême c’est la période de 40 jours réservée à la préparation de pâques. Elle est marquée par la préparation des catéchumènes qui doivent recevoir le baptême à la veillée pascale. Le carême chrétien a commencé à être constitué comme temps de pénitence et de renouvellement pour toute l’église, incluant la pratique du jeûne et de l’abstinence depuis le IVème siècle. La pratique pénitentielle a conservé sa vigueur dans les églises d’Orient et s’est par contre assouplie en occident, mais l’esprit de pénitence et de conversion est toujours observé.
IW : Quel est donc l’esprit du carême ?
PLO : c’est l’esprit de pénitence et de conversion. Le carême, c’est comme une retraite collective de quarante jours pendant lesquels l’Église propose à ses fidèles l’exemple du Christ pendant sa période au désert, se prépare à la célébration des solennités pascales, dans la purification du cœur, la pratique parfaite de la vie chrétienne.
IW : La pénitence étant une attitude à adopter durant le temps de carême, quel est son sens et ses manifestations ?
PLO : la pénitence signifie en elle-même « conversion », c’est-à-dire, le changement d’esprit du pécheur. Elle désigne aussi tout un ensemble d’actes intérieurs et extérieurs en vue de la réparation du péché commis, et l’état de fait qui en résulte pour le pécheur. C’est l’acte par lequel le pécheur revient à Dieu après s’être éloigné de lui, ou de l’incroyant qui reçoit la foi.
La pénitence se manifeste surtout sous trois formes : le jeûne, la prière et l’aumône, qui exprime la conversion par rapport à soi-même, par rapport à Dieu et par rapport aux autres. Il y a aussi en plus du baptême qui purifie radicalement du péché, les efforts accomplis pour se réconcilier avec son prochain, les larmes de pénitence, le souci du salut du prochain, l’intercession des saints, la pratique de la charité.
IW : Le fidèle catholique a-t-il obligation de faire pénitence ?
PLO : tous les fidèles, chacun à sa manière, sont obligés par la loi divine à faire pénitence ; cependant afin que tout le peuple s’unisse à une pratique commune de pénitence, il y a des jours pendant lesquels les fidèles se dédient de manière particulière à la prière, réalisant des œuvres de piété et de charité, et s’oubliant soi-même en accomplissant ses propres obligations avec la plus grande fidélité et, surtout, en observant le jeûne et l’abstinence ont été fixés. Il s’agit des vendredis qui sont des jours et des temps de pénitence dans l’Église universelle.
Pour le cas du jeûne, il est dit que tous ceux qui ont l’âge majeur (18 ans et va jusqu’à 59 ans) sont obligés de faire le jeûne, sauf cas de maladie et pour ceux qui pour d’une manière ou une autre ne sont pas en mesure de s’abstenir de nourriture.
IW : Y a-t-il une quelconque conséquence à ne pas observer le carême ?
PLO : on ne peut pas vraiment parler de conséquence comme si cela allait mener à la commettre un péché, ou aller en enfer ! Le temps de carême c’est le moment favorable, c’est le temps de grâce. Et donc le chrétien qui n’arrive pas ou qui ne veut pas entrer dans ce moment de grâce, celui-ci perd beaucoup de grâce. Ce temps nous permet de nous rapprocher plus de Dieu.
IW : Quelles sont les obligations d’un catholique pendant le carême ?
PLO : Le chrétien doit accomplir le précepte du jeûne le mercredi des cendres et le vendredi Saint et celui de l’abstinence chaque vendredi, ainsi que la confession et la communion.
Le jeûne consiste à faire un seul repas pendant la journée, avec une alimentation frugale le matin et le soir. On ne doit rien manger entre les repas, sauf cas de maladie.
IW : Nous avons remarqué qu’à partir du mercredi des cendres, il y’a des chemins de croix les vendredis. Quel est donc le sens du chemin de croix ?
PLO : faire le chemin de croix est une cérémonie qui nous fait revivre les événements de la passion de Jésus et nous fait réfléchir à la signification de ces événements. On pense aux souffrances du Christ et on fait l’expérience de l’amour que révèle son attitude. Cette méditation éveille en nous un sentiment de compassion et de gratitude envers le Seigneur qui nous a aimé jusqu’au bout.
Cette cérémonie nous fait vivre avec amour notre propre croix. « Celui qui veut marcher derrière moi, qu’il se renonce lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive », nous a dit Jésus. Nous trouvons dans l’exemple du Christ, l’attitude que nous sommes invités à vivre à notre tour. C’est ainsi que nous participons à la croix du Christ. Le chemin de croix est une dévotion catholique. Il ne fait pas partie de la liturgie de l’Église, mais c’est une dévotion très recommandée par les papes.
IW : Au terme de nos échanges, quelles idée d’efforts de carême pouvez-vous donner ?
PLO : En ce 21e siècle, quels efforts peut-on faire ? N’essayons pas de les multiplier, mais soignons en quelques-unes en veillant à nous mettre en présence de Dieu par la foi, l’espérance et la charité.
Comme acte de prières, nous pouvons faire un chemin de croix, et méditer la Passion du Christ chaque vendredi de carême ; aller adorer le Christ Eucharistie pendant une heure chaque jeudi de carême ; faire un examen de conscience détaillé chaque soir avant de se coucher, pour vérifier si nos efforts sont bien suivis, et prier Dieu de nous persévérer !
Comme acte de Jeûne, nous pouvons par exemple arrêter le chocolat, le café, ne pas boire d’alcool ou arrêter de fumer, pour donner plus de sens à ce sacrifice.
De nos jours, nous sommes tous en proie à la technologie. Nous pouvons aussi désactiver notre Facebook ou notre WhatsApp ou ne pas écouter de la musique à longueur de journée. C’est là une façon de faire silence et de se mettre dans l’esprit de retraite du carême, et trouver plus de temps pour prier.
Comme effort de partage, nous pouvons nous engager avec le secours catholique dans nos paroisses, pour la soupe populaire ou le soutien scolaire. Nous pouvons prendre le temps de parler chaque jour avec une personne isolée, sans abri ou en difficulté que l’on croise en chemin ou en famille. Participer à la préparation des célébrations de la semaine sainte avec sa paroisse.
Enfin la dernière résolution, et la belle, c’est celle que Dieu suscite au fond de nos cœurs.
Entretien réalisé par Alex SOME (Stagiaire)
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