Ils sont 159, les Burkinabè qui ont décidé volontairement de rejoindre leur pays d’origine ce mardi 20 septembre 2016. Il était 16h 20 minutes quand Air GHADAMES atterrissait à l’aéroport international de Ouagadougou. Dans cet avion, il y avait des hommes, des femmes et des enfants. Chacun, avec un court sourire aux lèvres, descendait les marches de l’avion et se dirigeait dans le Bus qui les convoierait dans les locaux de l’aéroport.
Après avoir passé des années d’aventure en Libye, ces Burkinabè décident « volontairement » de rentrer au pays. L’Organisation internationale pour les Migrants (OIM) au Burkina Faso, à travers son programme d’Aide au retour volontaire et à la réintégration (AVRR) apporte, en appui au Gouvernement burkinabè, une assistance au retour volontaire et à la réintégration des migrants. L’objectifs du programme est d’ « offrir la possibilité d’un retour et d’une réintégration en bon ordre et dans les conditions respectueuses de la dignité humaine à des migrants qui ne peuvent ou ne veulent plus rester dans le pays d’accueil et souhaitent retourner volontairement chez eux ». Le cas de ces migrants n’est pas en contradiction avec les principes de l’OIM. C’est ainsi que, Ousseni Zampalègré, qui avait quitté le Burkina pour la Lybie il y a maintenant 2 ans, a laissé entendre qu’il a décidé volontairement de retourner chez lui. Ça été le cas aussi pour Abdoul Karim Zampalègré, qui lui, n’a fait qu’une année et demie en Lybie. « Je suis très heureux d’être revenu au pays. Nous sommes allés en Lybie dans l’intention de gagner de l’argent pour soutenir nos parents qui sont restés au pays ». Mais à l’entendre, le climat délétère de Lybie leur a extirpé toute chance de rentrer avec de l’argent au pays. « On travail là-bas et on ne nous paye pas. Les banques sont fermées ; On dit qu’il n’y a pas d’argent. Je faisais toute sorte de travail, je ne gagnais rien et j’étais très mal traité. J’ai fait plusieurs fois la prison. Et, là-bas, ce n’est pas un voleur ou un délinquant qui est emprisonné. Quand tu es Africain et qu’on te prend, tu es directement conduit en prison. Les Arabes ne sont pas comme nous les Africains. Quand tu arrives là-bas, tu es obligé de travailler avec quelqu’un et on te maltraite comme on veut», a-t-il raconté.
Arouna Kanboné, révèle être en Libye depuis 2009. A l’en croire, la vie en Lybie n’est plus un Eldorado. Le climat est invivable selon lui. « Je puis vous assurer que ces dernier temps, si vous avez un proche en Lybie, c’est la souffrance seulement. On n’avait pas à manger. Même un peu d’argent pour s’acheter un sachet d’eau, il n’y en avait pas. Ils (Ndlr : les Libyens) ont fermé les banques et disent qu’il n’y a pas d’argent. Nous travaillons gratuitement et on nous frappait régulièrement. C’est ainsi que nous avons compris que l’on n’est mieux traité que chez soi. Je vais maintenant rester chez moi au pays. », a-t-il confié, avec l’air toujours choqué.
Du soutien de ces retournés volontaires
Ce sont des Burkinabè qui vivaient en Lybie et qui étaient en situation de vulnérabilité, qui ont décidé volontairement de retourner au Burkina Faso. Selon Abdel Rahmane Diop, chef de bureau de l’OIM, l’opération se passe de concert avec l’ambassadeur du Burkina Faso à Tripoli. L’on procède d’abord au recensement et après à la confirmation de cette volonté du migrant à rentrer. Pour ce qui est du soutien apporté à ces migrants, il a confié qu’avec l’appui de l’Union européenne, le montant de réintégration est de 1000 Euro par bénéficiaire, soit environ 650.000F CFA, et que cette somme vise à soutenir le Gouvernement dans ses efforts de réinsertion durable des migrants de retour au pays.
Il faut aussi rappeler qu’à la suite de l’accueil à l’aéroport, les migrants seront conduits sur le site d’hébergement du Centre d’Accueil d’Urgence de Somgandé (ex AEMO) où ils seront pris en charge avant de recevoir le lendemain les frais de subside d’un montant de 100 Euro par personne qui permettront à chacun de rejoindre sa localité d’origine et subvenir aux besoins élémentaires.
Armand Kinda
Infowakat.net