Donner la vie, sans perdre la sienne ! Accouchement à moindre risque ! Ce sont là quelques slogans qui continuent à se présenter comme des idéaux pour les pays en développement tel que le Burkina Faso. Pourtant cela devrait être un droit naturel pour toutes les femmes. Au Burkina, elles sont plus de 2000 par an qui perdent la vie en voulant donner la vie. Quelle est la situation au niveau national ? Quelles peuvent en être les causes ? ifaso.net attire l’attention de l’opinion sur ces décès que l’on peut éviter.
Dans le monde, les statistiques estiment à plus de 500 000 le nombre de femmes qui meurent chaque année de suite de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement. Plus de la moitié de ces décès ont lieu en Afrique. Au Burkina Faso, ce sont environ 4 000 femmes qui décèdent tous les ans dans les mêmes conditions selon les Nations Unies. En 2007, le Ministère de la santé du Burkina Faso avait estimé à 2 000, le nombre de femmes qui décèdent chaque année de suite de complications liées à la grossesse. Or selon les spécialistes, la quasi-totalité de ces décès maternels aurait pu être évitée si toutes ces femmes avaient accès à des services de santé à temps et à des soins de qualité.
Dans notre pays et surtout en milieu rural, la vie des femmes et des jeunes filles est majoritairement caractérisée par: un statut social inférieur, un taux de scolarisation inférieur, une absence de pouvoir de décision même pour ce qui concerne la grossesse, une discriminantion, des violences de tous ordres, une soumission à la famille et au mari, une gestion des tâches ménagères, des pratiques sociales néfastes telles que l’excision, l’accès insufisant aux soins, aux services et à l’informations en matière de santé maternelle.
Dans l’ensemble de la société burkinabè, le système de valeurs qui dicte les normes de conduite est un système patriarcal perpétuant des stéréotypes sexistes au détriment des filles et des femmes. L’ampleur du phénomène et la perception de la violence à l’égard des femmes et des filles au niveau national peuvent s’expliquer par le statut imposé à la femme dans nos sociétés.
La population en général et en particulier les femmes elles-mêmes ignorent bien souvent leurs droits. Compte tenu du fort taux d’analphabétisme de la population dont les femmes forment la majorité, l’accès à l’information constitue un facteur limitant pour l’effectivité des droits. Le refus de reconnaître à la femme la liberté de prendre les décisions qui la concernent est bien réel. Dans ce cas de figure, la femme ne peut sans autorisation de son conjoint ou sans avoir informé celui-ci, prendre des décisions importantes qui la concernent même sur le plan sanitaire.
La situation qui prévaut au Burkina Faso résulte de plusieurs maux dont les difficultés d’accès aux soins de santé maternelle dû aux barrières géographiques et financières, ainsi que les violations systématiques des droits sexuels et reproductifs des femmes et des jeunes filles. L’Etat burkinabé avec l’appui de ses partenaires techniques et financiers tels que UNFPA a fait des efforts ces dernières années en vue de réduire le taux de mortalité maternelle, mais le système de santé est toujours marqué par des insuffisances au niveau des infrastructures et du personnel qualifié, et les coûts des soins de santé maternelle demeurent très élevés pour la plupart des ménages.
Audrey B. ZOURE
Ifaso.net