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 Sika Kaboré : Le cœur sous le parapluie

Dans l’univers des premières dames africaines, Sika Kaboré, l’épouse du chef de l’Etat burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré, a pris sa part d’engagement citoyen, depuis plus d’une décennie. En s’investissant notamment dans la recherche de solutions  aux problématiques liées à la santé et au bien-être des femmes et des enfants. En hommage sans doute à des parents qui se sont très tôt investis dans ce domaine : son père fut médecin hospitalo-universitaire, et sa mère, sage-femme et enseignante. Si le premier, Mawupé Valentin Vovor, se distingua par son altruisme autant que par sa vision très avant-gardiste  du rôle et de la place de l’éducation en général et de celui de la femme en particulier dans la société moderne, sa femme, Emilia Moreira, restera elle aussi, comme un modèle d’humanisme, qui ne pouvait qu’inspirer leur progéniture, dont leur seconde fille, Adjoavi Sika. Portrait d’une première dame discrète mais engagée.

Nous sommes en 2005, à Ouagadougou. A l’issue d’une cérémonie publique qu’elle préside, Sika Kaboré, dont l’époux est en ce moment-là, le président de l’Assemblée nationale, s’avance vers des journalistes qui souhaitent l’interviewer. Mais face aux objectifs des caméras, elle se laisse quelque peu intimider. Elle s’y reprendra par deux fois, avant de se satisfaire elle-même du résultat final.

15 ans plus tard, la voilà propulsée au premier rang, sur le devant de la scène médiatique nationale. Contrainte aussi et surtout de dominer un tempérament  naturellement porté sur la réserve. Mais que l’on ne s’y trompe pas. Elle a été doublement bercée par l’éducation et par la politique, qui n’ont jamais quitté le cocon familial, depuis son Togo natal, jusqu’au Burkina Faso, en passant par la France, où son père, le Professeur Valentin Vovor, fut l’un des grands noms de la médecine moderne. Ironie de l’histoire, Roch Marc Christian Kaboré, est lui aussi le fils d’un homme politique, convaincu également de l’importance de l’école dans la formation des élites dirigeantes.

Bref,  l’alliance des Vovor et des Kaboré,  c’est le couple idéal, marqué par presque quarante ans de vie commune.  En effet, c’est  en 1982 que les deux tourtereaux convolent en justes noces. 1982, c’est aussi l’année où la juriste achève son cursus diplômant, avec l’obtention de son diplôme d’études supérieures spécialisées-certificat d’aptitude à l’administration des entreprises, au sein de la prestigieuse école de management de son université.

Son union avec le fils de Charles Bila Kaboré est  un mariage  « doré »,  de l’avis de certains proches. Du reste, Sika ne signifie-t-il pas or en langué éwé,  une ethnie parlée dans le sud-ouest du Togo ? De toute évidence, la mayonnaise de Dijon a fait son effet.

                                   Savoir et savoir se comprendre                                       

Grand nom de la chirurgie moderne, le professeur Mawupé Valentin Vovor,  attache du prix à l’éducation et à la formation. En particulier à celle des filles et des siennes tout spécialement. C’est donc tout naturellement que lorsque sa seconde fille, Adjoavi Sika, après avoir achevé sa maitrise à l’université du Bénin en 1980, opte de poursuivre ses études de troisième cycle en France,  son pater n’y trouve rien à redire.

La  jeune togolaise en profitera  tout naturellement pour  renforcer ses acquis. Elle peut aujourd’hui se prévaloir d’une belle expérience professionnelle au sein de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso, à divers niveaux de responsabilité.  Et prouver par la même occasion qu’une femme peut aisément combiner vie professionnelle et vie de foyer.

A bientôt 60 ans, elle les aura le 20 octobre prochain, l’ancienne pensionnaire de l’université de Bourgogne,  mère de trois enfants et plusieurs fois grand-mère, est une militante associative active. A l’image de certaines premières dames sur le continent africain, elle dirige une association, Kimi, fondée en 2006.

Oui, mais certains autour d’elle rappellent volontiers que la création de l’association Kimi, qui signifie parapluie, en langue nationale locale dioula, est antérieure à l’accession de son mari à la magistrature suprême. Kimi œuvre ainsi dans le domaine de l’information et de la sensibilisation,  au sujet de pathologies comme le cancer du col de l’utérus chez la femme, la drépanocytose et d’autres affections chez les enfants.

« Cette association, c’est  en quelque sorte le 4e enfant du couple Kaboré et en particulier celui de la première dame », affirme non sans humour, un observateur de la scène politique au Burkina Faso. C’est, ajoute-t-il,  probablement le côté qui  met  le mieux en scène, la séquence compassion  et humanisme, au sein du couple présidentiel burkinabè.

Du reste, nombreux sont ceux qui ont vu dans les mesures de gratuité des soins chez les femmes enceintes et les enfants de 0 à 5 ans, décrétées en début de mandature par Roch Marc Christian Kaboré, la fine et affective touche de sa tendre moitié. Sans toutefois chercher à interférer directement dans la gestion des affaires politiques du pays que dirige son mari, elle se contente de marquer sa présence sur la scène publique, à l’occasion de manifestations ou d’événements thématiques et en dehors, « quand il le faut, et sans trop en faire », commente un journaliste.

A l’heure où Roch Marc Christian Kaboré se prépare à redescendre dans l’arène politique pour tenter de décrocher un second bail à la Présidence du Faso, que fera son épouse, si ce n’est  d’être à ses côtés pour le soutenir.

« Elle n’a pas le choix », ajoute une  autre source.  Qui affirme, « en politique, les choses sont ainsi faites : il n’y a qu’un seul fauteuil présidentiel à briguer, mais les candidats auront forcément besoin  d’un supplément de motivation, pour aller à la bataille électorale. Et ce supplément de motivation vient en partie de l’autre moitié du ciel. Certes, dans de nombreuses constitutions du monde et pas seulement au Burkina Faso, il n’est pas prévu explicitement de dispositions spécifiques pour la première dame ou pour le premier homme. Mais dans les faits, ces derniers ont aussi leur part  de pouvoir à prendre. Ce qui les oblige d’une manière ou d ‘une autre à s’assumer et à être de la partie, le moment venu ».

Pour le reste, l’épouse du chef de l’Etat burkinabè sait qu’elle doit aussi compter sans cesse avec l’adversité et tenter de s’y adapter.  C’est le cas dans le milieu des affaires  où certains acteurs du domaine, à l’image de ce cet entrepreneur rencontré à Ouagadougou, ne sont pas du tout tendres avec « mme Roch », comme ils l’appellent.

Cet opérateur économique estime en effet, que derrière le sourire officiel,  se cacherait en réalité, selon lui, une redoutable et intraitable négociatrice en affaires. Qui sait aussi marquer très fermement son territoire et protéger ses propres intérêts, lorsque ceux-ci sont menacés. Au point d’être crainte ? Sans doute oui. En tout état de cause,  une sagesse africaine enseigne  qu’il vaut mieux travailler à rester en de bons termes avec  la femme du chef qu’à l’affronter, pour ne pas avoir à se mettre le chef en personne sur le dos.

Une chose est certaine: de Lomé à Ouagadougou, l’ambiance parfois électrique des chaumières politiques est une école dans laquelle l’on apprend forcément à recevoir mais aussi à donner des coups. Toute chose qui met de temps à autre les nerfs à rude épreuve.

Jules Simon

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