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Soldat So Placide : Son péché a été d’« aller causer » avec son frère

Le soldat de première classe So Placide était à la barre ce samedi 18 août 2018. Il est accusé d’attentat à la sureté de l’Etat, de meurtre, de coups et blessures volontaires et de dégradation volontaire de biens. L’accusé a plaidé non coupable des faits à lui reprochés. Les échanges à la barre laissent croire que le seul péché du soldat So était d’aller causer avec son frère So Léonce au palais dans la nuit du 16 au 17 septembre 2015.

Né en 1987, père d’un enfant, le soldat de première classe SO Placide a été décoré de la médaille commémorative avec agrafe Mali. L’accusé dans son récit à la barre a indiqué que le 16 septembre 2015, il est descendu d’une garde qu’il a monté du 14 au 15. C’est étant chez lui à la maison qu’il a été interpellé par son ami qui était conducteur d’un ministre, lui demandant à savoir ce qui se passait au palais. N’ayant aucune information, il a décidé de se renseigner avec ses frères d’armes. C’est en ce moment qu’il a reçu l’appel du sergent-chef Roger Koussoubé qui n’a pas apprécié le fait qu’il soit à la maison alors que « c’est chaud au camp ». Pour mieux s’imprégner de la situation qui prévalait en ce moment, So Placide a pris la résolution de se rendre au camp. A son arrivée au camp, le rassemblement était déjà terminé. Il reçut l’information que le quartier était consigné et que tout le monde devrait « rester sur place ». Ce même jour aux environs de 20h, il s’est rendu au palais où son frère So Léonce était de garde. « Je suis allé pour causer avec lui », a indiqué l’accusé. Il y est resté jusqu’à 6h du matin avant de se rendre au camp avant 7h pour participer au rassemblement.

« So Placide était en renfort chez son frère »

Pour le parquet militaire, la thèse de causerie est à écarter car tout porte à croire que le soldat So Placide était allé en renfort à son frère So Léonce qui avait la charge de garder les autorités de la Transition retenues à la présidence. « Est-il normal que le quartier soit consigné et que vous sortez du camp sans aviser vos chefs ? », questionne le parquet militaire. « J’ai jonglé pour y aller. Entre le camp et le palais, il y a seulement une voie qui les sépare. Comme on a dit que le quartier est consigné, les gens étaient couchés au camp. Certains jouaient au Ludo, au jeu de dame en attendant qu’on leur affecte une tâche. Il n’y avait pas de place. J’ai appelé mon frère et il m’a dit qu’il était de garde au palais. Je suis allé là-bas et j’étais assis sur le banc pour suivre la télé », a tenté d’expliquer l’accusé. « Etes-vous allé avec une arme ? », poursuit le parquet militaire. « J’avais mon arme de dotation », affirme le soldat So. Une réponse qui finit par convaincre le parquet que l’accusé était allé en renfort à son frère.

Le conseil de l’accusé, Me Rokia Ouattara, dans sa défense, a indiqué qu’il n’y a aucun élément dans le Procès-verbal de son client qui montre qu’il est auteur des faits à lui reprochés. « J’ai compulsé le dossier et je n’ai vu en aucun cas des faits de crime d’attentat, de meurtre, de coups et blessures volontaires et de dégradation de bien. Le PV d’instruction fait une page et demie et tout est basé sur des questions-réponses. Quand on lit le PV de comparution de So Léonce, il n’a jamais nié que son frère soit venu le voir. (…) L’un des aspects positifs du procès, c’est son but pédagogique. Il montre que lorsque le quartier est consigné, on ne peut pas sortir sans autorisation. On est d’accord sur ce fait. Mais je voudrais qu’on s’en tient aux faits  qui lui sont reprochés », a expliqué Me Ouattara.

L’accusé a également réfuté les faits de meurtre, de dégradation volontaire de biens et coups et blessures volontaires qui lui sont reprochés dans ce dossier. Il reconnait avoir monté la garde les 27 et 28 septembre avant de quitter la base (Charly Echo ou Conseil de l’Entente) le 29 septembre dans la matinée parce que le Conseil de l’Entente où il était de garde était encerclé par des hommes et que le chef de corps leur avait demandé de quitter les lieux. Il s’est de ce fait rendu au camp 11.78 (actuel camp Baba Sy) pour connaitre son lieu d’affectation.

Le parquet militaire a déduit que si l’accusé est resté au corps jusqu’au 29 septembre alors que la dissolution du RSP a été effective le 26 septembre, c’est parce qu’il voulait accompagner ceux qui ont fait le coup d’Etat. Il explique que si les faits de complicité d’attentat à la sureté de l’Etat arrive à être établi contre le soldat So, à la base de l’article 67 du code pénal, l’accusé sera aussi responsable des conséquences qui ont résulté de ces faits. Me Rokia Ouattara a donc rétorqué que le parquet militaire veut prêter des intentions à son client qui, pourtant, n’en a pas.

L’audience a été suspendue ce jour à 14h 10 et reprendra le lundi 20 aout à 9h.

Armand Kinda

Infowakat.net

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