La Coalition pour la Protection du Patrimoine Génétique Africain (COPAGEN), a organisée une conférence publique ce vendredi 27 octobre 2017 à Ouagadougou en vue de partager les résultats des recherches qu’elle a effectuées sur la production du coton BT au Burkina Faso. Le projet de cherche paysanne sur l’impact socio-économique du coton Bt au Burkina Faso a été lancé en 2013 par la COPAGEN. Cette recherche, piloté au niveau local par Inades-Formation Burkina, a duré trois campagnes cotonnières et la conférence publique de ce jour avait pour but de partager avec les producteurs et le grand public, les résultats de cette recherche qui indique clairement que les producteurs du coton BT veulent revenir au coton conventionnel.
Selon Francis NGANG, Secrétaire Général (SG) d’Inades-formation, « le but (de cette rencontre) était d’amener le paysan à prendre la parole pour parler de ce qu’il vit à travers la production du coton BT ». Ils sont environ 3 millions de personnes à produire le coton au Burkina Faso. Cette conférence publique permettra aux producteurs de comprendre ce qui se passe afin d’en parler ou d’expliquer à d’autres personnes. « Il y a toujours des recherches sur les organismes génétiquement modifiés concernant le sorgho et le niébé », a-t-il confié.
De l’observation des producteurs
Sama Elisée, est un producteur agricole de la région de la Boucle du Mouhoun. Pour lui, les promesses annoncées par Monsanto (entreprise spécialisée dans les biotechnologies agricoles) ont été un mirage et pire, un cauchemar pour les agriculteurs qui s’étaient donné corps et âmes dans la production des semences améliorées à base d’organisme génétiquement modifié (OGM). Le constat reste amer dans la production du coton BT qui est temporairement suspendue par l’Etat burkinabè. « L’étude est parti du constat que les jeunes travaillent mais n’arrivent pas à subvenir à leur besoin », dit-il avant de faire cas de la cherté des semences améliorées ; l’utilisation excessive des pesticides dans la production du coton BT ; l’augmentation des charges des producteurs. De ce constat, les meneurs de la recherche ont conclu que la production du coton BT ne profite à rien. Cependant, Elisée SAMA pense qu’il appartient aux producteurs burkinabè d’ouvrir l’œil et de faire la comparaison entre la production du coton BT et du coton conventionnel en tenant compte des charges auxquelles ils sont confrontés dans leur production afin de faire le bon choix.
Selon lui, la meilleure solution pour les producteurs burkinabè est de travailler de sorte à avoir des semences adaptées qui seront profitables à l’ensemble des Burkinabè. Il demande à ceux qui décideront du retour ou pas à la production BT, de tenir compte de l’ensemble des résultats auxquels leur recherche a abouti afin de prendre des décisions qui permettront aux producteurs d’avoir des avantages dans l’activité qu’ils mènent. « S’il faut produire à perte, je me demande d’ici 15 à 20 ans que deviendra le producteur burkinabè », s’est-il indigné.
Ousmane TIENDREBEOGO, SG du Syndicat de l’Agropastoral (SYNTAP), pense le paysan a aussi ses droits. « Nous avons le droit à un environnement sain, le droit à la santé. La recherche a aussi le droit d’être libre et de mener librement ses actions », a-t-il dit. Il a indiqué que MOSANTO a fait des dégâts énormes au Burkina Faso comme dans le monde entier. « C’est une entreprise qui détruit l’écosystème », ajoute-il.
Heureux du fait que l’Etat ait suspendu la production du coton BT au Burkina Faso, Ousmane TIENDREBEOGO appelle à l’abandon total de cette semence à OGM. « On ne peut pas revenir à cette production. Aujourd’hui on parle seulement du coton en faisant fi de l’élevage. Combien d’éleveurs ont perdu tout un troupeau à cause de cette production ? Si on parle de revenir avec le coton, c’est parce que le Gouvernement ne nous respecte pas en tant que êtres humains. On traite les paysans comme des animaux », soutient-il avant de demander à l’Etat d’accorder une place de choix aux producteurs qui couvrent environ 90% de la population burkinabè.
« Il y a une dictature au Burkina Faso »
Ousmane TIENDREBEOGO pense qu’il y a un groupe de paysans qui sont instrumentalisés. De son avis, dans le milieu paysans, « l’Etat conserve toujours une sorte de RSP (Régiment de sécurité présidentielle) qui amène les paysans qui ont perdu pas mal de bêtes à dire qu’ils n’ont rien perdu ». Les paysans victimes de ces pertes n’acceptent jamais en parler parce que selon lui, ils sont bâillonnés par certaines personnes occupant de hautes fonctions dans le Gouvernement. « Quand vous leur demandez, ils vous diront simplement qu’ils préféreront rester dans les limites de cette perte plutôt que de parler et d’avoir après des problèmes », révèle Ousmane TIENDREBEOGO avant d’indiquer qu’ « il y a une dictature au Burkina Faso ». Le SG du SYNTAP est allé plus loin pour exprimer la déception du monde paysan face au mépris qui existe dans le traitement de leurs « problèmes ». Dans ce sens, il a révélé que le SYNTAP a fait flèche de tout bois, depuis maintenant 6 mois pour rencontrer le président du Faso. Mais, jusqu’à présent « aucune nouvelle ». « C’est parce que nous sommes une organisation paysanne et que les problèmes que nous voulons évoquer ne les intéressent pas », s’est-il offusqué.
Armand Kinda
Infowakat.net
