International Crisis Group a présenté son rapport Afrique N°254 ce jeudi 12 octobre 2017 à Ouagadougou. La présentation de ce rapport s’est faite en présence des représentants des populations vivant dans la région du Sahel. L’occasion faisant le larron, plusieurs personnes ont fait des propositions au cours de ce séminaire, lesquelles propositions avaient pour but d’apporter leur contribution à la lutte contre cette guerre asymétrique qui ne cesse de terroriser les populations burkinabè, surtout celle de la zone septentrionale.
« Nord du Burkina Faso : Ce que cache le Jihad », c’est l’intitulé du rapport qui a été présenté dans la matinée de ce jeudi 12 octobre 2017 à Ouagadougou. Ce rapport de 29 pages comporte six (6) parties dont la synthèse du document et également six (6) annexes. Ce rapport fait la caricature des différents dissidents sécuritaires qu’a connus le Burkina Faso depuis la chute de Blaise Compaoré avec la monté en puissance du groupe armé « Ansarul Islam », créé par le « terroriste » le plus recherché par l’armée burkinabè, Malam Ibrahim Dicko. En faisant une approche comparative entre la crise que vit le Burkina Faso et celle du Mali qui, semble-t-il, a par moment impacté ou est même source de la crise que vivent les Burkinabè, les séminaristes ont précisé que la « crise au Nord du Burkina est beaucoup plus que le simple miroir de la situation au centre du mali ». Reconnaissant de ce fait que le Mali « sert de base arrière à Ansarul Islam », les séminaristes n’ont pas nié toute similarité dans leurs actes mais ils pensent que la « poussée de la violence qui se revendique du jihad conduit à négliger la dimension sociale et extrêmement locale des conflits et la capacité des groupes armées à exploiter les clivages qui traversent certaines sociétés ». Ainsi, selon les séminaristes, l’insécurité au nord du Burkina ne résulte pas uniquement d’un déficit de développement, d’une incompréhension entre un Etat central et un territoire lointain ou de l’influence négative d’un voisin de guerre. Ce que démontre le rapport, cette insécurité est surtout le résultat d’une crise profonde qui agite les groupes humains qui habitent les terroirs du Nord. C’est sur ces fractures, semble-t-il, que Malam Dicko a bâti sa popularité.
Dans ce rapport, il est consigné la chronologie des incidents sécuritaires au Burkina Faso depuis 2015 jusqu’à octobre 2017. En somme, depuis le 4 avril 2015 au 4 octobre 2017, soit deux ans et demi, le Burkina Faso a connu 40 incidents qui se sont soldés par des attaques armées le plus souvent meurtrières et des enlèvements.
Pour venir à bout de ces actes « terroristes », des propositions ont été faites aussi bien dans le rapport que par les participants à ce séminaire. Selon les organisateurs de ce séminaire, l’Etat burkinabè doit développer des dimensions sociales et locales de la crise ; réduire le fossé entre, d’une part, les forces de sécurité et les autorités étatiques et, d’autre part, la population ; Mettre d’avantage l’accent, dans le programme d’urgence pour la région du Sahel, sur la promotion de l’élevage, l’amélioration de justice et la lutte contre la corruption. Mais aussi, l’Etat doit œuvrer, à long terme, au renforcement de la coopération judiciaire et policière entre le Mali et le Burkina Faso.
Du côté des participants, certains estiment que l’armé burkinabè doit être une armée nationale incluant de ce fait toutes les communautés. Ces personnes pensent aussi que le dialogue est la voie à suivre pour lutter contre le phénomène du terrorisme. Pour elles, l’Etat doit investir dans les zones qui se radicalisent pour leur développement afin, disent-il, de « couper l’herbe » sous les pieds des terroristes. Le sous-développement est selon eux, la cause profonde de l’émergence des actes terroristes. D’autres par contre prônent une intervention militaire dans la zone car pour eux, la loi du Talion doit prévaloir.
Amand Kinda
Infowakat.net