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Visite  d’Etat du Président Kaboré en chine : Le Burkina Faso n’avait pas d’autre choix…

Quatre mois après avoir renoué avec la Chine populaire au détriment de la Chine Taiwan, Roch Marc Christian Kaboré est donc en visite officielle à Pékin. Le service politique et diplomatie d’infowakat.net en partenariat avec le Club panafricain de la presse diplomatique et internationale, CPPDI,  répond à quelques questions que vous vous posez au sujet de ce rapprochement sino-burkinabè.

Le Burkina Faso a-t-il été contraint par des pressions en vue de renouer avec la Chine Pékin ?

infowaket.net/CPPDI : Oui, cela est indéniable. Le Burkina Faso était récemment encore, avec le Swaziland, les deux seuls pays qui, en Afrique faisaient de résistance dans leur volonté de reconnaissance de la Chine Taiwan.

Alors même que le reste de l’Afrique comme le souligne d’ailleurs le sinologue Adama Gueye, est quasiment aux pieds de la Chine de Xi Jinping, qui avec plus de 50 représentations diplomatiques établies  sur le continent africain, des projets importants ( la construction du siège de l’Union Africaine en Ethiopie pour plus de 200 millions de dollars), la mise en œuvre de projets structurants de construction d’infrastructures routières de barrages, entre autres se positionne aujourd’hui comme l’un des leaders du partenariat avec l’Afrique.

La Chine aurait sans doute pu s’arrêter-là et considérer que l’essentiel est fait pour elle. Autrement dit qu’elle bénéficie d’une reconnaissance à nulle autre pareille en Afrique et qui en plus, la hisse rang de grande puissance diplomatique mondiale.

Cependant, on peut tout aussi bien considérer que le cas du Burkina Faso qu’elle connait bien, puisqu’ elle a été lâchée en 1994 pour la petite Chine,  et qui lui échappait encore jusqu’à une date récente, avait comme un goût d’inachevé dans sa stratégie de reconquête et d’isolement de Taiwan.

Par conséquent, elle a tout mis en œuvre pour parvenir à ses fins et répondre à ce qu’il semblait être un défi lancé par Taïwan qu’elle considère toujours comme étant une partie de son territoire.  Vous connaissez bien la culture millénaire asiatique avec son sens de l’honneur et de l’engagement au combat et face à l’adversité…C’est tout dire.

D’où ces pressions sont-elles venues ?

A la fois de l’intérieur du système politique burkinabè dont certains cadres et ténors de l’actuelle majorité, par raison ou par calcul, ne cachaient pas leur désir ardent de renouer avec la Chine continentale, mais aussi et surtout au niveau sous régional où si vous permettez l’expression, l’entêtement du Burkina Faso à maintenir la coopération bilatérale avec Taipeh, mettait le pays dans une position d’isolement plus ou moins total, en le faisant apparaitre comme le mouton noir, et à tort ou à raison comme le responsable  du blocage des projets financés par l’Empire du milieu sur le continent africain.

 

 

Bien entendu, l’on peut également mentionner la douce mais très efficace pression exercée de l’extérieur, c’est-à dire par la Chine elle-même qui, il faut bien le rappeler, est  aussi membre du Conseil de sécurité des Nations unies au même titre que les USA, l’Angleterre la Russie et la France. De ce point de vue, elle est montée en gamme ces dix voire ces vingt dernières années et très vite assimilée  de sa propre expérience.

Est-ce que le Burkina pouvait refuser de renouer avec la Chine populaire ?

Oui. Bien entendu. Le Burkina Faso est un pays souverain qui fait ses choix en fonction de ses intérêts et pour lesquels il faut bien le savoir, dans le domaine de la diplomatie, les Etats n’ont pas d’amis. Cependant, la question est de savoir, est-ce que le Burkina Faso, pouvait résister et jusqu’à quand ? En tout état de cause, vous avez la réponse depuis quatre mois maintenant. En plus, avec cette visite d’Etat qu’effectue le Chef de l’Etat burkinabè en Chine depuis quelques jours. Une visite qui se tient à la veille d’un sommet sino-africain, au même titre que les sommets France-Afrique ou USA-Afrique. Vous aurez compris le parallèle…

Quatre mois après avoir renoué avec la Chine populaire, Roch Marc Christian Kaboré est en visite officielle à Pékin

Que pourrait apporter au Burkina Faso, ce nouveau rapprochement avec la Chine Pékin ?

Sur le plan diplomatique, une forme de cohérence, en tenant compte du fait que la Chine, en termes de comparaison avec Taiwan, dispose de plus d’atouts. C’est un grand pays, qui plus est, une grande puissance technologique, militaire et économique… Par conséquent cela peut être d’un atout certain si nous savons prendre cela en compte dans nos projets de développement sur le long terme et éviter de ne voir que les retombées faciles et immédiates comme l’aide publique au développement.

Cela peut aussi être intéressant dans la mesure où le modèle chinois est sans conteste un modèle de réussite, qui est parti d’assez loin pour se hisser aujourd’hui au rang de superpuissance respectable et respectée à travers le monde et qui traite quasiment d’égale à égale avec l’ensemble des autres puissances autour de la planète. Par conséquent cela peut nous apporter un plus  en termes de vision stratégique.

Mais n’y a-t-il pas un risque ou des désavantages dans ce rapprochement sino-burkinabè ?

Bien entendu, il y a des risques. Prétendre le contraire ne serait pas sérieux. Il y a des risques évidents comme dans toute collaboration, comme dans tout partenariat pour lequel chaque acteur manœuvre pour se préserver la meilleure part.

D’abord du point de vue de la forme. Il est évident que la Chine d’aujourd’hui, première puissance démographique mondiale, 2e puissance économique et le Burkina Faso qui se débat dans les profondeurs du classement mondial de l’indice de développement humain ne boxent pas dans la même catégorie.

Par conséquent, il y a un gros risque que le futur partenariat qui se dessine soit effectivement déséquilibré. C’est même le contraire qui aurait été surprenant compte tenu de l’état des forces qui sont mises dans la balance.

Dès lors, Il appartient au burkinabè de savoir négocier et obtenir des concessions qui le désavantagent le moins possible. Et éviter ainsi de tomber dans le piège que certains pays africain se sont se sont eux-mêmes tendus, en signant des accords qui compromettent dangereusement l’avenir de leur propre populations.

Jules Simon

Infowakat.net

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