Le vote des burkinabè de l’extérieur. Parlons-en. Car le sujet passionne et divise en même temps. En recevant séparément le Chef de file de l’opposition et les partis membres de la majorité présidentielle pour en discuter, le Chef de l’Etat burkinabè, Roch Marc Christian KABORE, qui s’était en gagé comme bien d’autres avant lui à régler la question, ne semble plus aussi sûr qu’il paraissait l’être il y a encore quelques années de cela.
Car pour 2020, forces est de reconnaître que rien n’est moins certain pour le moment. Pendant ce temps, les intéressés, eux, s’impatientent de plus en plus. Ils voudraient bien qu’on leur permette cette fois-ci d’être au rendez-vous des urnes.
Apres 2010 et 2015 ils espèrent que la troisième tentative sera la bonne. Du reste Ils ne comprennent pas pourquoi d’autres pays du continent africain et de la sous-région parviennent à prendre en compte leur diaspora en âge de voter dans leurs différents processus électoraux, alors qu’eux, sont obligés de rester en marge d’un processus électoral dont les résultats les concernent et vont sans doute influer sur leur quotidien.
Equation à X inconnues
La diaspora burkinabè, à la différence de celle des autres pays, a toujours eu une relation difficile avec la mère patrie : Les vicissitudes d’une histoire tourmentée par les flux et les reflux des ‘’politiques migratoires’’ souvent mal ajustées et aux conséquences souvent désastreuses, l’incompréhension face à des politiques d’intégration décriées, la méfiance des politiques, ont tôt fait de mettre une barrière entre les différents acteurs.
Résultat, en 2018, aucune statistique fiable ne permet de déterminer avec précision le nombre exact de burkinabè qui vivent à l’étranger : 4 millions en Côte d’Ivoire ? 5 millions au Ghana ? 1 million au Soudan ? Bref rien que des spéculations. Du reste comment pouvait-il en être autrement quand au plan interne les politiques publiques ont du mal à ajuster et à actualiser les propres données statistiques nationales ?
Le prochain recensement général de la population et de l’habitat, le RGPH, est prévu officiellement pour 2019. Et rien ne dit que le mécanisme va s’élargir aux burkinabè de l’étranger.
En somme il ne s’agit pas simplement d’acter un vote dont la mise en œuvre elle-même n’ira pas sans poser de problème logistiques et organisationnel au regard de la pratique courante. Mais aussi surtout d’arriver à faire participer cette partie de la population burkinabè restée hors des frontières, à la gouvernance dans son ensemble. Et non pas de la limiter simplement à des questions électoralistes qui, à écouter certains imprécateurs politiques, donne l’impression que les burkinabè de l’étranger sont plus considérés comme du bétail électoral bon marché que comme des citoyens véritablement intéressés par l’avenir de leur pays.
En outre au sein de la société et même dans une partie de la classe politique, certains observateurs estiment qu’il est urgent de trouver un mécanisme qui permettrait éventuellement, selon eux, d’éviter que les élections à venir ne soient soumises au rapport de force numérique qu’imposerait la prise en compte des électeurs et électrices qui résident hors du pays.
Jules SIMON
infowakat.net